Bardé de récompenses à travers le monde, notamment en tant que meilleur film, meilleur réalisateur, scénario et interprète principale, "States of Grace" choisit d'ancrer son récit au coeur même d'un foyer pour adolescents, illustrant le quotidien de ces jeunes meurtris par la vie et de l'équipe chargée de leur bien-être.
Pour diverses raisons, "States of Grace", petit film indépendant que je n'attendais absolument pas, m'a profondément ému et touché, peut-être pour sa relative résonance avec ma vie affective et professionnelle. Mais même sans ce lien, le long-métrage de Destin Daniel Cretton reste une véritable petite merveille d'émotion.
D'un sujet difficile et casse-gueule, où le mélo n'est jamais bien loin, le cinéaste se tire avec une remarquable agilité, abordant son histoire avec toute la pudeur, la sincérité et la grâce requise. Tout en montrant toute la détresse des ses personnages, ainsi que la lutte quotidienne de ces institutions tentant de réparer les pots cassés (à savoir la vie d'êtres humains), Destin Daniel Cretton donne lieu à une oeuvre lumineuse et aérienne, pleine de tendresse et d'espoir.
Parfaitement interprété par une équipe de jeunes comédiens criants de vérité et menée par une Brie Larson trouvant ici son plus beau rôle à ce jour, celui d'une éducatrice au passé trouble, "States of Grace" passe du rire aux larmes avec la même intensité, ne tombant à aucun moment dans le démonstratif ou la facilité.
D'une simplicité désarmante d'un point de vue narratif comme formel, "States of Grace" est un bol d'air frais dans un monde de noirceur, le parcours émouvant et poignant d'êtres cassés sur le difficile chemin de la reconstruction, qui devrait parler sans problème à chacun d'entre nous.