Lorsqu'on vient me parler de donjon, je suis particulièrement pointilleux : je les aime sombres, macabres, truffés de pièges et de créatures immondes. Ou du moins, c'est ce que je croyais avant de découvrir Crypt of the NecroDancer. Il semblerait que groovy soit désormais un qualificatif tout aussi approprié.
Crypt of the NecroDancer, sorti le 24 Avril 2015, est un Roguelike biclassé Jeu de Rythme, dans lequel vous incarnez Cadence, une jeune fille maudite par le NecroDancer, un détestable mort-vivant doté d'excellents goûts musicaux. Son cœur bat désormais au rythme d'une musique infernale, venant des tréfonds du repaire du mécréant susnommé.
Armée de sa pelle et d'un sens du rythme à toute épreuve, Cadence va donc devoir s'enfoncer loin sous la terre et braver les plus grands dangers pour découvrir le fin mot de l'histoire.
Comme je l'ai dit, Crypt of the NecroDancer est un Roguelike / Jeu de rythme. Et là où il fait fort, c'est qu'il est très efficace dans chacune de ses parties prises séparément, tout en parvenant à les combiner en un tout qui possède un charme assez dingue.
Toi qui entre ici...
La partie roguelike d'abord : c'est très classique. Vous jouez un aventurier, vous devez aller à la fin du donjon, vous tuez des monstres, gagnez de l'or, achetez des objets, et mourrez définitivement une fois votre dernier point de vie perdu.
Tout se fait via les touches directionnelles : allez dans une direction, s'il y a un monstre, vous le taperez, s'il y a un objet, vous le ramasserez. Simple.
Mais même comme simple Roguelike, Crypt of the NecroDancer se place dans le haut du panier. Pourquoi ? Ses possibilités :
- chaque arme modifie votre portée et les cases sur lesquelles vous
pouvez attaquer,
- chaque monstre possède un comportement qui lui est particulier
(mouvement, attaque spéciale : les monstres de la première zone sont
déjà bluffants),
- les boss fights, plutôt rares dans les Roguelike, font l'objet de phases complétement réfléchies et à part,
- vous pouvez également creuser dans les murs, lancer des sorts, poser
des bombes...
Mais je vais pas tout vous dire non plus. Il est possible de jouer à Crypt of the NecroDancer comme un Roguelike classique, mais ce serait commettre une erreur.
... abandonne-toi au rythme !
Voilà. On touche à ce qui fait le génie de ce jeu : la partie jeu de rythme. Le concept est le même que pour n'importe quel jeu du genre, vous devez appuyer sur une touche en rythme avec la musique. Rien de plus.
Un changement qui n'a l'air de rien, mais qui, en jeu, va avoir des effets diaboliques :
- Que vous soyez prêt ou pas, tous vos ennemis se déplacent en rythme. Un battement, un tour.
- On ne peut pas en dire autant de vous : si vous ratez votre coup, vous ne bougerez pas.
- En revanche, si vous parvenez à rester en rythme, l'or que vous récoltez est multiplié.
Ce qui signifie aussi, que contrairement à un Roguelike classique, vous n'avez que très peu de temps pour calculer votre prochain coup : une seconde, une demi-seconde, mais pas plus, au risque de perdre le rythme.
Le jeu ne pardonne déjà pas sans ça, mais avec, ça devient une danse infernale dont le moindre pas peut vous être fatal. Autre conséquence rigolote : la difficulté est double, puisque les monstres sont de plus en plus coriaces, et le rythme à suivre de plus en plus effréné.
Par contre, j'ai rarement vu quelque chose de plus addictif que d'arriver à battre un boss en restant complétement en rythme avec la musique.
Funkiest Dungeon
Crypt of the NecroDancer ne s'arrête pas là. Du point de vue de la direction artistique, on a affaire à une petite gemme. La base de ce jeu, le thème commun qui va lier tout ensemble, c'est la musique.
Du coup, obligé, la bande-son déboîte. Elle est composée par le décidément très fort Danny Baranowsky (Super Meat Boy, Binding of Isaac & Canabalt), avec l'appui de JulesFamily7x, un métalleux bien connu des fans de jeux vidéos pour ses reprises à la guitare électrique survoltées (sérieusement, allez checker ses reprises de l'OST de VVVVVV). L'OST de Crypt of the NecroDancer, c'est :
- chiptune, à l'ambiance héroïque et un peu spooky : c'est de la disco médiévale, du funk des catacombes, oooh oui, vous êtes bien chez le NecroDancer ;
- rythme survolté, il en faut beaucoup pour faire danser les morts ;
- influences multiples, qui viennent ajouter une identité supplémentaire à chaque étage de la crypte : métal, conga, trip hop, funk, classique, tribal...
Chaque niveau a sa propre musique, elles se suivent et ne se ressemblent pas. Si on excepte le fait qu'elles sont toutes géniales. Sérieusement, vous n'allez pas avoir grand mal à vous laisser entraîner par le rythme.
A partir de là, tout le jeu devient une gigantesque fiesta : les monstres se trémoussent en rythme avec la musique (il faut voir le dragon bouger sa petite tête), le marchand s'amuse à chanter de l'opéra quand vous vous approchez de lui, et les boss sont tous liés à un genre musical.
Spéciale dédicace au kappa et sa bande de zombies qui dansent la conga. C'est complétement débile.
Les graphismes sont typiques de ce qui se fait dans la plupart des jeux indépendants maintenant : du pixel art tout mignon. L'ambiance un peu cartoon, très colorée colle parfaitement au thème. Le bestiaire est classique, mais très riche et adapté à l'univers (le minotaure a une harpe entre les cornes).
Prenez garde au Groove !
Vous l'aurez sans doute compris, je suis complétement sous le charme. Néanmoins, il y a quand même quelques petits trucs à reprocher à ce Crypt of the NecroDancer.
- Si vous n'aimez pas les jeux de rythme, vous allez avoir beaucoup de mal. Soyons honnête, même s'il est possible de jouer au jeu comme un roguelike traditionnel avec des graphismes plus qu'honnêtes et une musique d'enfer, c'est la fusion des genres qui lui donne son intérêt.
- La difficulté ne pardonne pas. De ce point de vue, le jeu est victime de son concept : les monstres ont tous des comportements différents, et il est difficile de les étudier quand vous n'avez qu'une seconde pour réfléchir à l'endroit où vous allez bouger. Les dévs ont certes prévus des mini-entraînements pour étudier chaque monstre, mais le fait est qu'il faut néanmoins y accéder en dehors du jeu.
Une partie ne dure qu'une heure grand max : les niveaux sont de toute façon limités par la durée des chansons.
Comme tout Roguelike qui se respecte, la rejouabilité est très bonne : divers personnages modifient complétement la manière de jouer. L'une est pacifiste, l'autre meurt directement si elle perd le rythme, et bien d'autres surprises. Autant dire que vous n'êtes pas prêt de voir le bout de cette Crypte.
A retenir
- Ambiance ++++ : Un univers d'heroic-fantasy cartoon pris par la
fièvre du samedi soir, soutenu par une musique épique. Je dis OUI.
- Difficulté ++++ : J'espère que vous aimerez la musique du premier
étage, parce que vous risquez de l'entendre souvent.
- Gameplay ++++ : Une synergie quasi-parfaite entre deux genres qui
n'avaient a priori rien en commun : le meilleur des deux mondes.
- Graphismes ++ : du pixel-art comme on l'aime, mignon et avec un bon
design. Ça n'est pas spécialement ébouriffant, mais ça pique pas les
yeux non plus.
- Scénario ++ : du porte-monstres-trésor, comme tout Roguelike qui se
respecte. Réserve quand même quelques petites surprises.
- Rejouabilité ++++ : déjà complétement rejouable en normal, l'ajout de
speedrun et de divers personnages démultiplient les possibilités.