Il y a de nombreux genres de jeux que je n'apprécie pas tant que ça, les run & gun, mais surtout les shoot'em up en font partie. Je n'aime pas non plus les titres orientés boss rush, où s'en apparentant. Enfin, je suis très tatillon sur la difficulté ; si un jeu attends beaucoup de moi, alors j'en attends beaucoup de lui en retour (aucun bogue, commandes qui répondent au doigt et à l'œil) ; il est hors de question que j'apprécie un jeu qui me prend pour plus bête que je ne le suis déjà, tel un XCom 2 ou un Darkest Dungeon.
Si je dis ça, c'est parce que j'avais de grandes craintes envers Cuphead. À vrai dire, je m'attendais plus à ne l'apprécier que l'inverse.
Ai-je eu tort ? Bien sûr que oui !
Bien évidemment, ce n’est pas au niveau graphique que le titre risquait de me décevoir. Étant fan du style cartoon des années 30, il a suffi à Cuphead de seulement 5 secondes d'apparition lors de la conférence Microsoft de l'e3 2014 pour qu'il me fasse de l'œil. La raison est simple, et on va commencer par évoquer la plus grosse qualité de l’œuvre, et en même temps celle qui se révèle être la plus évidente : la direction artistique ! Parce qu'avec Cuphead, les développeurs n'ont pas fait que singer grossièrement l’apparence des dessins animés des années 30, non ! Ils l'ont complétement épousé. En effet, contrairement à de nombreux autres jeux vidéo où tout est fait sur ordinateur, ici, les personnages, objets et divers sprites ont été dessinés à l'aide des mêmes procédés qu'employés qu’à l’époque ; les arrière-plans ayant par exemple été peints à la main à l'aquarelle.
On ressent d’ailleurs un véritable amour pour le style rubber hose (style dans lequel les membres des protagonistes n'ont aucune articulation) ainsi que sur les procédés techniques utilisés. Par exemple, deux des boss reprennent la technique du tabletop process, technique consistant à incruster des personnages animés sur des décors placés en arrière-plan, donnant un effet 3D à l'ensemble.
Bien sûr, il y a aussi de multiples références, plus ou moins explicites, à d'anciens cartoons. Les plus évidentes étant Betty Boop, Popeye ou encore les Silly Symphonies : certains boss faisant directement penser à des personnages issus de ces dessins animés.
Bref, au niveau de l'animation, on s’approche de la perfection.
Et cela va sans dire que c'est tout aussi parfait au niveau des compositions, Kristofer Maddigan ayant, lui aussi, cherché à s'approcher du style des années 30. La bande-son est tellement qualitative qu'elle peut sans aucun souci s'écouter à part, comme n'importe quel album orienté jazz.
Heureusement, le gameplay n'est pas en reste. Déjà, Cuphead est maniable, les commandes répondent au doigt et à l'œil. Ensuite, la difficulté est extrêmement bien dosée. Le titre s'avère certes ardu par moment, mais il sait surtout se montrer juste : à aucun moment je n'ai eu l'impression que les développeurs trichaient en me mettant face à un pic de difficulté ridicule. En fait, ce serait même plutôt l'inverse. Les hitboxes sont généreuses, m’étant très souvent arrivé de toucher un boss sans prendre de dégâts pour autant, et au pire, il y a des options afin de rendre le jeu plus accessible, notamment en s'équipant de certaines compétences nous donnant des cœurs supplémentaires ou en facilitant l'esquive.
D'ailleurs, le design soigné n'impacte pas négativement le gameplay. Par là, je veux dire que l'on sait systématiquement où taper et que, mis à part à une ou deux reprises, on se repère facilement dans le cadre. Par contre, n'ayant pas joué au titre en mode deux joueurs, je ne peux dire ce qu'il en est de ce côté-là, et pour le coup, ça ne m'étonnerait pas que ce soit très souvent confus.
Pour un premier jeu vidéo, on ne peut que saluer le travail fourni et l'état du jeu livré. Les frères Moldenhauer ont vraiment fait un travail formidable. En fait, les quelques défauts du jeu sont principalement dus à des erreurs de débutants. Il n'y a par exemple pas de classements (le sadique que je suis aurait aimé pouvoir humilier certains de ses amis), le mapping de base n'est pas des plus logiques (fort heureusement, il est possible de modifier l'attribution de toutes les touches), mais surtout, il n'y a pas de mode daltonien. Pour le coup, le jeu ayant un système de parade centré autour de la couleur rose, je me suis fait avoir à plusieurs reprises à ce niveau-là, tentant de faire des parades sur des projectifs/objets ne pouvant pas en subir une et inversement. Je tiens d'ailleurs à préciser que même si ça peut être frustrant par moment, on arrive quand même à s'y accommoder (et puis au pire il est toujours possible d'aller sur YouTube afin de voir quels projectifs les autres joueurs paradent-ils ou non).
Bref, pas de gros défauts non plus dans l'ensemble. Encore une fois, il s'agit plus d'erreurs de débutants, de défauts mineurs, qui auraient pour être à la limite corrigés via différentes mises à jour. Pour le coup, dommage que ça n'ait pas été le cas.
Cuphead se révèle donc être un indispensable ainsi que l'un des meilleurs titres indés publié en 2017 (voir l'un des meilleurs titres tout court). J'ai mis environ 25 heures afin de terminer le jeu deux fois (en difficulté normale puis expert), compléter l'intégralité des niveaux avec la note A+ puis débloquer les succès restants… et je ne me suis même pas ennuyé une seule seconde.
Tous les boss sont réussis, certains plus que d'autres bien évidement, mais tous ont leur petit truc qui fait que l'on prend énormément de plaisir à les battre. Hâte de voir ce que Studio MDHR arrivera à nous concocter par la suite, et surtout hâte de voir ce que vaudra l’extension The Delicious Last Course, que l’on attend déjà depuis un petit moment.
Magistral !