Un Biopic réalisé par Marc Dorcel

La vie -et l'après-vie- du général George Armstrong Custer est vraiment passionnante. C'était un militaire ambitieux et compétent, loué pour son sens tactique, qui a très vite gravi tous les échelons, et sa seule erreur de jugement fut en fait celle qui lui sera fatale. Après sa mort, il sera d'abord élevé au rang de héros, pour finalement être aujourd'hui considéré comme un homme ignoble, à la fois violent, raciste, et violeur à ses heures perdues. Il paraît même qu'il mangeait cru des bébés…

Toutefois, nombre de témoignages d'indiens, qu'ils soient sioux, apaches, comanches ou autre, de Sitting Bull à Lame White Man en passant par Red Star (l'arikara, pas le club de foot), louaient ses qualités de meneur d'hommes et son intérêt pour leurs coutumes ancestrales ; pourtant, il est toujours considéré de nos jours comme le parangon de l'immoralité et du racisme anti-Indien… On lui attribue même la célèbre phrase "un bon Indien est un Indien mort", qui aurait en fait été prononcée par son supérieur hiérarchique… En bref, il est tout à fait possible de faire un jeu passionnant sur la vie de Custer, un filon que Mystique a parfaitement compris et…ah ben non en fait, ils nous ont pondu un jeu pornographique…

Attention, cette critique pourra heurter la sensibilité de certaines personnes, car je vais (tenter de) démonter la plupart des arguments généralement admis par tous, qui mènent à la conclusion que Custer's Revenge est l'un des pires jeux de l'Histoire du média, raciste et faisant l'apologie du viol, ce qu'il n'est pas, ou, plus exactement, rien ne peut le prouver avec certitude.

Les âmes sensibles ont quitté la page ? Ok, alors c'est parti.

Tout d'abord, je ne conteste évidemment pas la nature pornographique de Custer's Revenge, ce qui serait complètement idiot. Car ce qu'on voit à l'écran n'est rien d'autre que deux personnages nus qui finissent par avoir un rapport sexuel…

Mais donc, la plupart des gens y voient un viol ? Moi, tout ce que je vois, c'est un perso masculin visiblement très motivé à s'accoupler (et aussi atteint de priapisme aigu) et un perso féminin qui n'a pas l'air d'être totalement contre. "Mais elle est attachée à un poteau!" Ah ? Vous voyez des liens vous ? Des chaînes ? Des cordes ? Moi, je la vois juste ADOSSÉE à un poteau. "Mais c'est évident qu'elle est prise contre son gré !" Ah ? Je ne la vois pourtant pas montrer de signes d'hostilité, pas de phylactère "HELP!" comme une certaine Pauline du haut de son immeuble, manifestant la peur d'un danger imminent…

"Mais, mais…en tout cas, Custer's Revenge est un jeu raciste envers les amérindiens !" Ah ? À quoi vous voyez cela ? Au fait qu'un méchant visage pâle fasse touche-pipi avec une gentille Peau-rouge ? C'est du racisme ? Moi, j'y vois un "échange interculturel", rien de plus. Je vais vous dire ce que je vois quand je joue au jeu : je vois deux êtres amoureux, mais qui ne peuvent vivre leur amour au grand jour, car Custer n'est pas lui-même un Peau-rouge (c'est qui le raciste maintenant?). Ils se sont donnés RDV en secret dans le désert, et c'est pour cela qu'ils sont nus : dans le désert, il fait chaud (si ça c'est pas de l'argument en béton armé).

Les Indiens l'ont appris et accueillent donc le pauvre Custer avec un mur de flèches (quasi) infranchissable. Mais Custer, porté par son amour pour sa belle (et aussi par la boisson énergétique que lui a fait boire un ami indien d'une autre tribu, un certain Red Bull) esquive un à un les mortels projectiles et rejoint finalement sa promise…puis ils copulent, enfin réunis. Ce sont de bon gros exhibitionnistes, mais ils sont heureux, et c'est le plus important, non ?

À ce stade, certains auront peut-être conclu que je suis un gros "bâtard" qui minimise les violences faites aux femmes ou un truc dans le genre… Soit, ça m'en bouge une sans toucher l'autre (pour rester dans le thème).

Évidemment que je sais que Custer's Revenge est un titre polémique. D'ailleurs, on connaît le jeu sous le nom de Custer's Revenge, mais sachez que le titre complet est en fait "Swedish Erotica – Custer's Revenge" et qu'il fait partie d'une trilogie abjecte, qui comporte entre autre un rip-off de Kaboom ! absolument dégueulasse (qui ne mérite pas qu'on prononce son nom), bien pire à mes yeux que ce Custer's Revenge.

Custer's Revenge est un soft de mauvais goût, mais reste "divertissant", au grand dam de ses détracteurs. Cela tient pour beaucoup dans la dégaine improbable du protagoniste et dans la musique rigolote accompagnant notre méfait (qui nous décroche un rire, certes honteux, mais difficile à réprimer). Les graphismes sont "chatoyants", les sprites sont de grandes taille et leur animation tout à fait honnête, et le gameplay est plus technique qu'on pourrait ne le penser de prime abord. Les flèches ennemies tombent toujours en biais du coin supérieur droit de l'écran, par salves aléatoires de une, deux ou trois, tandis que chaque euh… coup atteignant sa cible ("Droit au but" diraient les marseillais) rapporte des points. Tout les cinquante points, on gagne une vie, redémarre au point de départ et recommence, tandis que les flèches voient leur célérité augmenter…

Mais le problème principal au final, ce n'est pas Custer's Revenge, mais Atari. Atari était peu regardant sur la qualité des softs qui sortaient sur sa machine. Après avoir perdu son procès intenté contre Activision, lequel avait osé développer un jeu sur leur 2600 sans l'en avertir (faisant de lui le premier éditeur tiers!), Atari n'a imposé aucune espèce de contrôle qualité sur les jeux third party, se contentant de toucher les royalties, et c'est logiquement parti en roue libre…

Sega et Nintendo ne feront pas la même erreur, Nintendo allant même dans la direction totalement opposée, en imposant aux éditeurs tiers des conditions très strictes qui seraient très certainement jugées aujourd'hui inacceptables. Citons entre autres choses des royalties particulièrement élevées par cartouches vendues, ou encore la limite imposée de cinq jeux maximum par an. Oui, Ubisoft serait bien emmerdé aujourd'hui…

Quant à Custer's Revenge…ben, en fait, je le considère simplement comme une blague potache de bien mauvais goût, mais rien de plus. Je comprends qu'on puisse être choqué, et encore plus qu'on ait pu être choqué à l'époque de sa sortie. Aujourd'hui, on a un certain recul, et ses graphismes rudimentaires atténuent sensiblement la violence du propos. Et puis on ne considère plus le JV comme un loisir exclusivement enfantin. Maintenant, imaginez-le sortant en 2016 sur nos bécanes actuelles, armées d'une infinité de bits, avec résolution HD et minutie du petit détail (et bien sûr en 60 fps constants, sinon je connais encore certains pc-istes qui vont chialer)… Pas sûr que j'aurais pu prendre sa défense, ou même tout simplement que j'aurais eu envie de le faire…