Dangerous Driving
4.9
Dangerous Driving

jeu vidéo de Three Fields Entertainment (2019PC)

Une fois n'est pas coutume, je me devais d'exprimer par une critique (ma première !) mes rêves et espoirs brisés par Dangerous Driving !
L'annonce d'un digne successeur de Burnout par les anciens de Criterion Games avait de quoi faire frémir le moteur rouillé des fans de la série, en manque de tôle froissée et de pneus crevés (comme mon coeur).
Les premières vidéos n'étaient guère encourageantes, mais les attentes étaient trop grandes, et c'est en niant cet état de fait que nous nous lançons.


Bref, on lance le soft et nous voilà dans le menu sur fond de rock US qui sent bon Burnout 3 Takedown ! Profitez-en, car c'est la seule piste audio du jeu. Hein ? Ben ouais, faute de moyens, les développeurs ont eu la bonne idée de nous proposer un jeu sans OST, MAIS associable à votre compte Spotify (ceux comme moi qui n'utilisent pas le service, je vous salue !). Discutable.


On navigue donc dans les menus, rassurez-vous c'est vite fait : un mode carrière, un mode multijoueur et les paramètres. Le mode multi n'ayant pas été testé (car multi implique plusieurs joueurs, et c'est là que ça se corse), passons au mode carrière : six coupes composées chacune d'une bonne dizaine de courses diverses pour un total de 69 d'épreuves (et pas une de plus, les développeurs ont de l'humour).
Chaque coupe est dédiée à une catégorie de véhicules, dans l'ordre : Sedan, SUV, Coupe, Supercar, Hypercar et Formule 1.
Les épreuves constituant les coupes sont très classiques : course classique, duel, survie, contre-la-montre, et obtenir les meilleures médailles vous permettront de débloquer de nouveaux véhicules.


Bon, on la lance cette course ?
Nous voilà sur l'asphalte, qui est plutôt joli en fait ! L'Unreal Engine 4 fait bien son job, les véhicules rendent bien, la route et les décors sont propres, de jolis reflets de pluie au sol, des effets de lumière sympa, c'est engageant !
C'est donc le coeur plein d'espoirs que la voiture démarre, précédée d'une demi-douzaine de concurrents prêts à en découdre. La route est large et déserte (campagnarde, comme l'intégralité des circuits du jeu), la vitesse modérée, l'OST qui crache- ah bah non, on conduit sur le fond sonore d'un cimetière, et les vieilles habitudes reprennent : on se met en contre-sens et les drifts sortent au premier virage. Notre but ? Le boost !
Tout amateur de Burnout jubilera à l'idée de voir sa petite barre enflammée se remplir avant de lâcher la sauce sur bruit assourdissant de combustion : et ça décoiffe ! L'allure jusqu'à présent de voiture sans-permis est troquée par une impression de vitesse assez saisissante, combiné à la beauté des décors, on a là un résultat visuel très satisfaisant pour un jeu indépendant. D'autant que le jeu, pas si gourmand que ça en ressources, atteint un petit 60 fps hélas parfois saccadé.


A toute berzingue, on se rapproche de notre premier concurrent. Notre second but ? Lui faire bouffer la rambarde ! On tente un petit slam made in Burnout, et... bam ? A peine effleuré, le malheureux s'envole sur le côté sans aucune résistance avant de s'encastrer sur le bas-côté de la route, un petit plan de caméra en slow-mo (accompagné du fameux effet sonore " TIN ! ", l'exact même de Burnout 3) venant attester de l'accident, la voiture à peine démolie. Peu convaincant.
La barre de nitro triplée et gonflée à bloc, on enchaine un second adversaire avec un shunt, par derrière comme un goujat ! Toujours sans impact (et parfois sans effet sonore de tôle cabossée, oui oui), le savon qui lui sert de voiture dérive directement sur un côté aléatoire (sans avoir été latéralement touchée) avant de s'écraser plus loin. Mouais.
Vous l'aurez compris, si la maniabilité de la voiture est assez agréable, dès qu'il s'agit de collision, on nage en plein délire : que ce soit nos ennemis comme nous-même, la voiture prenant des angles improbables quand elle vient toucher la barrière sur le côté lors d'une trajectoire de drift loupée, à moins qu'elle ne se crashe pour une petite caresse. Une physique très perfectible, trop légère, peu percutante.
Par ailleurs, la barre de boost, elle ne diminue pas tant que vous restez en contre-sens. Une aberration, tant la gestion du boost dans Burnout était primordiale et poussait à la prise de risque. Car ici, être en contre-sens n'est pas une prise de risque, lisez-donc la suite.


Il ne faudra pas attendre plus longtemps avant de rencontrer notre premier véhicule civil. Ils sont tellement peu nombreux que vous pouvez même vous amuser à les compter histoire de vous tenir éveiller malgré vos 250 km/h, car peu importe la vitesse on s'ennuie sévère sur une route vide.
Les concurrents sont distancés de plusieurs secondes et le drame arrive : on se crashe ! Sans saveur, notre voiture s'effrite en slow-mo de façon peu impressionnante, et il est possible d'orienter notre carcasse vers les autres pilotes façon Aftertouch (tous les termes de Burnout ont été repris), encore faut-il qu'il y ait quelqu'un à moins de 2km de nous.
On réapparait, et les adversaires encore à des années-lumières derrière nous, nous relèguent à la dernière place. Ah. Bon. On rattrape sans mal notre retard, et la course s'achève.
Et rebelote sur une petite dizaine d'heures.


Le jeu est mauvais, c'est dit. DD (dédé pour les intimes) est la preuve tangible que ressortir du placard les cadavres maquillés de licences de course cultes (Moto Racer 4, Grip, Micromachines World Series, vous êtes visés) ne suffit pas à faire un bon jeu.
En cruel manque de Burnout ces dernières années, je ne pourrais pas nier un semblant illusoire de plaisir coupable à jouer à DD, mais l'absence du génie de game design qu'est Burnout 3 Takedown me ramène à la réalité et me rappelle qu'à l'instar du héros de Simetierre, il y a des choses pires que la mort. Laissons donc Burnout 3 reposer en paix et chérissons sa mémoire.

DorianRay-
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le 23 sept. 2019

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Dorian Ray

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