La mort de l'étranger apportera de l'honneur à ma famille!
Un First Person Action décomplexé, décérébré et délicieusement bourrin si vous souhaitez reposer votre cerveau quelques heures. Le jeu propose bien une personnalisation orientée infiltration mais ce dernier système se révèle peu convaincant en comparaison de la jouissance instantanée de ces combats. Et heureusement, car sans ces affrontements sanguinaires, cette millième aventure d'Heroic Fantasy n'aurait en 2014 plus grand intérêt. Si le classicisme de l'univers est globalement compensé par sa solide direction artistique, le scénario est d'une platitude si affligeante qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Fort heureusement, en dépit de la linéarité du level design, l'intrigue n'est pas trop envahissante en dehors de l'insupportable voix off accompagnant nos aventures, sorte de caricature de séductrice doucereuse qu'on croirait sorti d'un mauvais porno de M6.
Si l'Heroic Fantasy est un genre aujourd'hui largement vulgarisé dans le jeu vidéo et qu'il ne s'agit pas du premier jeu du genre à bâcler son récit, il est regrettable que l'aventure ne propose pas en compensation de réel souffle épique ni de sensation enivrante de découverte. Le level design linéaire est justifiable étant donné l'orientation action du titre mais le manque considérable de variété et de fantaisie dans les environnements visités rend l'atmosphère globale assez terne, sans jamais donner la sensation au joueur de parcourir un vaste monde (pourtant une clé essentielle dans la réussite de ce type d'imaginaire). De surcroit, les péripéties elles mêmes manquent cruellement de variété ou exploitent des ficelles de Game Design tellement usées jusqu'à la moelle aujourd'hui qu'elles en sont juste amusantes par leur prévisibilité.
Mais il reste les combats.
Les affrontements à l'arme blanche ont bien mieux supportés le poids des années et offrent toujours un panel réjouissant de possibilités. Arme à distance ou au corps à corps, exploitation plutôt poussée du décor, parade avec les boucliers, prise en compte des mouvements de l'épée du héros, utilisation exclusive de la magie ou en alternance avec les épées, les options de personnalisation ne manqueront pas pour peaufiner votre style de combat préféré. Et vous aurez besoin de le faire car vos ennemis ne se laisseront pas tuer si facilement, l'aventure vous opposant à une variété suffisamment importante d'antagonistes pour compenser son manque de diversité en parallèle. Ah c'est sûr, si on avait pu avoir des combats au corps à corps de cette qualité dans Skyrim, j'aurais pas craché dessus! Mais chacun sa spécialité après tout. Et dans cette aventure, les ennemis seront le principal (et presque seul) intérêt de votre quête.
C'est certain, si j'avais découvert ce jeu à l'époque de sa sortie, il aurait certainement constitué une petite gaffe par la variété de ses combats. Mais aujourd'hui, le cruel temps qui passe a fait son œuvre et ce titre, au delà de son défouloir primitif, constitue surtout une ébauche intéressante qui clarifie grandement la réussite de Dishonored par la suite. Les solides mécaniques de combat instaurées ici seront ainsi enrichies ensuite par une véritable diversité d'action, un level design plus ouvert permettant au joueur de découvrir véritablement un monde imaginaire, un univers avec une personnalité propre et le minimum syndical d'implication narrative, autant d'éléments qui font hélas ici défaut. Mais les combats restent quand même fun.