La saga Dark Souls, que les fripons mignons s'imaginant tout savoir du merveilleux monde de l'histoire du jeu vidéo nomment DkS, est une balafre ardente dans mon cœur de joueur. Je n'aime pas ce jeu. Ou bien, je le hais. Je ne sais pas. Je l'aime et je le hais, mon aversion pour son système est intense, mon amour pour son propos n'est plus à contenir.
Pourtant, le temps est venu de lui jeter du caca dans sa tête, parce que j'en ai marre. Assez de voir des gens se palucher sur cette saga, assez de ne pas comprendre mon attirance alliée à ce dégoût si étrange, pour ce jeu. Finalement, il ne m'a rien fait. Pauvre petit jeu, hein.
Alors, replaçons un peu le jeu dans son contexte. Le premier déjà, je l'avais à peine remarqué à sa sortie. À dire vrai, je m'en foutais pas mal, c'est après la lecture d'une très édifiante chronique sur le sujet que je me suis dit "alleeeeez ça se tente".
Et puis, je me suis fracassé comme une belle bouse dans le Hameau du Crépuscule/Blighttown, et je n'ai plus voulu entendre parler du jeu en trois ans. Le temps de toucher à d'autres trucs et surtout de me confronter à des études liées au jeu... donc j'avais plus le choix, fallait que je redonne sa chance au machin pour que je puisse avoir un tant soit peu de crédibilité.
En vérité, on prétend à raison que DkS est une saga héritière des Zelda, des Castlevania, des Metroid, c'est une histoire qui roule depuis King's Field, un jeu infâme qui a posé les prémices de la chose.
Alors, nous voilà en été 2016, DkS III est sorti depuis plusieurs mois, ça a fait un tabac inénarrable dans la presse. C'est dire si des gens n'ont pas découvert le bébé cette année-là. Ils ne chantaient pas pour la première fois, car ce n'est qu'à titre posthume qu'ils ont mis les mains sur le premier, et éventuellement le II, paix à leurs âmes.
Qu'on se le dise, Dark Souls III est sans nul doute aucun le jeu le plus accessible de toute la franchise. Cela s'explique en bien des détails incroyables : là où les connaisseurs, ceux qui se touchent sur les perles en toc de From Soft - citons les oubliables Armored Core et Tenchu - vont pester parce que le "fantastique système de poise de DkS 1 a été niqué", ben faut reconnaître que Dark Souls III a pioché les meilleurs éléments d'équilibrage d'expérience de Bloodborne pour les replacer dans le contexte de Dark Souls.
C'est nerveux, c'est dynamique, y'a tout de même une tension qui se dessine dans chaque combat. Une sorte d'ambiance lourde, qui se ressent dans la manette - car vous vous respectez, jouez à ça au clavier et je me remets à Portal 2 au synthé - qui vous oblige à vous dépasser.
POURTANT, vous dépasser, jusqu'à quel point ? Jusqu'à ce que vous ne réfléchissiez que par méthodes mathématiques, pour minimaxer votre perso comme le pire des rôlistes et délaisser l'univers au profit de vos basses théories sur l'optimisation d'un avatar dans le jeu ? Jusqu'à ce que vous inventiez des moyens pour rendre le pvp moins morne, moins contraignant, où les trolls se succèdent par millions, pullulant de leurs créations infâmes sur le Votre-Tuyau et construire des memes coiffés de toits de niches ?
Et vous aurez raison, quoi que vous fassiez. Les gens que je connais, qui jouent à ce truc, ne sont pas du tout semblables dans leurs envies vis-à-vis du jeu. Certains se branlent littéralement sur l'écriture - d'accord, c'est bien trouvé la narration laconique, mais ça n'est pas une panacée - d'autres vont se complaire dans le powerplay - et qui peut jeter la pierre aux imbéciles heureux qui s'amusent à se comparer leurs appareils intimes, franchement ? - tandis que les derniers ne sauront pas pourquoi ils y jouent, peut-être par défi, peut-être par incompréhension, peut-être par zèle.
C'est donc ainsi, Dark Souls, et ici Dark Souls III.
J'y ai largué 237 heures à tenter de m'y amuser pleinement. Je n'ai jamais trouvé la satisfaction complète. Et j'y reviens encore.
Le jeu étouffera vos attentes pour ranimer les flammes de la frustration, vous poussant à bout, exalté.e, jusqu'à ce que quelqu'un lâche. Le jeu n'a plus que des cendres dans mon estime, dans mon envie.
Je n'ai certes pas tout pigé mais je dois reconnaître que DkS III a du chien. Ça me coûte de l'écrire, ça me coûte.
La fin du jeu, régulière, m'a vraiment beaucoup plu. Pour quelque chose d'aussi tortueux que cette saga, DkS III est arrivé à la conclure avec habileté et poésie.
Mais bon, le dernier DLC, qui donne une fin plus "explicative" n'a vraiment pas la qualité et l'élégance du jeu de base. Triste.
DIGRESSION DISGRACIEUSE #12