Avec une économie de moyens remarquable, Darkest Dungeon nous rappelle que chaque jeu peut offrir une expérience de jeu unique. Pour y parvenir, le jeu déploie toute une palette d'ingrédients qui forment une alchimie dont l'équilibre nécessite une justesse à tous les niveaux :
Le gameplay
De l'ingéniosité, une complexité maîtrisée et une montée en connaissance progressive. De la tactique qui n'exclue pas de l'opportunisme et une par hasard qui est un levier fort dans la montée en tension du joueur. Le hasard peut ici être cruel mais il n'est jamais injuste, il est un ingrédient crucial qui apporte beaucoup à la mise en pression du joueur : pour les phases de tests de vertus des héros jusqu'au fonctionnement de leur mort : à 0 HP, on ne meurt pas, on risque un coup fatal selon un %. Et les morts sont ici définitives…
La combinaison de héros, de patterns, d'objets est parfaitement équilibrée et permet de trouver un grand nombre de synergies jusqu'à des partis pris forts et grisants (groupe no heal, full stun, etc.).
Le stress
On l'a vu émerger dans pas mal de jeux avec plus ou moins de réussite. Il est une composante centrale avec un effet boule de neige qui nous évoque à merveille les expéditions lovecraftiennes.
L'écriture
Plus que la narration, l'écriture d'une intelligence rare apporte un mélange curieux de ténèbres, d'humour et de profondeur à un scénario qui ne cherche pas la complexité. Chaque run est l'expérience à vivre, au-delà du but global du jeu. Chaque expédition est accompagné par le narrateur et les dialogues sourds des héros, qui révèlent petit à petit des caractères dont on est surpris de s'attacher et d'être autant acteur que spectateur.
La musique & le sound design
La bande son offre des boucles d'une grande qualité ; de la musique du hameau, si belle et entêtante aux musiques de combats qui vont ajouter cette impression de suffoquer quand on est mis en difficulté. Une des rare OST qu'il m'est arrivé de réécouter à l'occasion.
J'avais rarement remarqué dans un jeu la qualité des bruitages, le tranchant, le poisseux, les cris terrifiant des ennemis jusqu'aux effets de terreur ou aux bénédictions…
L'esthétique
D'une simplicité graphique inventive avec des animations d'attaques bien gérées ; le jeu offre des héros et personnages hauts en couleur : exit le paladin, le barbare, la ranger. Dans DD, vous trouverez la pilleuse de tombe, le lépreux, le bouffon, la furie, etc. Au cas où on n'en était pas sûr, nous avons bien mis les pieds dans un monde de folie.
Quand aux ennemis, certains sont très charismatiques comme le meunier (DLC), d'autres sont réellement effrayants.
Ce rythme ou se suivent expédition puis séance au hameau nous fait alterner entre la peur et l'espérance sans jamais quitter ce monde si aliénant. Pourquoi retourner sans cesse dans un monde où l'on nous raconte une fable d'horreur sans fin, si ce n'est cette excitation qui nous gagne ; dans un jeu où la mise en scène ne cesse de nous faire jouer sur un fil si fragile.