Probablement aspiré de votre mission vers la planète Jupiter, vous vous retrouvez dans un univers pixelisé, où, parmi les constellations 8-bit, se terre une galaxie différente du reste. Tout à coup, un visage grotesque figure sur votre écran : il semble être le chef de cette galaxie. Il éructe des sons incompréhensibles lorsque soudain, son visage rétrécit et laisse apparaître un homme d'âge mûr, perturbé par votre apparition soudaine dans ce recoin de l'univers.
"Je ne sais pas comment vous êtes arrivés ici, mais qui que vous soyez, vous ne pouviez pas tomber au meilleur moment. J'ai besoin de votre aide."
Darwinia est une simulation de stratégie où vous devez progressivement récupérer chaque fragment digitalisé du monde virtuel du docteur Sépulveda. A l'aide de programmes anti-virus anthropomorphes votre mission est de rétablir la population, vivant au sein de la matrice, ravagée par une monstrueuse infection du réseau. Pour cela, on démarre avec une escouade de défense ainsi qu'un ingénieur, capable de réparer les points de contrôle et de transférer les documents perdus au milieu de Darwinia. Grâce à votre aide inespérée, le travail d'une vie du docteur Sépulveda pourrait subsister et les Darwiniens (les petits hommes verts) vivraient à nouveau en harmonie.
Chaque niveau propose une nouvelle fonctionnalité afin de mener à bien votre mission. Vos capacités de commandement peuvent être améliorées par le biais du docteur (portée des armes, nombre de soldats, système de défense des Darwiniens, etc.), selon votre choix. Ainsi vaut-il mieux rapidement mettre à jour les ingénieurs, pouvant récolter les "âmes corrompues" des ennemis vaincus, puis le nombre de soldats pour augmenter leur efficacité sur le terrain et la portée de leur laser et du lance-grenades. Si les débuts sont relativement faciles, l'intelligence artificielle devient féroce lorsque vous rencontrez les premiers Darwiniens ennemis.
Un choc émotionnel, partagé avec le docteur Sépulvéda, souhaitant sauver à tout prix "chaque individu" du programme de Darwinia. A l'instant où vous êtes sur le point d'éradiquer le virus pour de bon, vous voici confronté face à un fratricide de masse d'une atrocité révulsive. Pourtant, rien ne peut empêcher cette guerre. La seule solution est de la résoudre le plus rapidement possible, sous peine d'être le témoin d'un massacre interminable entre les deux factions.
La progression de Darwinia ne se fait jamais dans la précipitation. Toute unité envoyée sur le front a un rôle primordial dans votre stratégie. Si vous la perdez sur le terrain, l'adversaire contaminera à nouveau la zone difficilement conquise et votre motivation s'érode, jusqu'à ce que vous quittiez momentanément le jeu. Plus particulièrement dans les derniers niveaux, le calcul équivaudra à un jeu d'échecs, où les positions prises peuvent jouer en votre faveur, ou non. Malgré vos unités anti-virus, elles ne seront plus suffisantes pour affronter les Darwiniens infectés. La grande force réside dans les Darwiniens verts, prêts à sacrifier leur vie pour la liberté de vivre sans être menacé par le virus. Il faut donc focaliser ses troupes, éviter les pertes massives et utiliser les officiers darwiniens de manière intelligente.
Toute la beauté du titre provient de la progression de vos efforts. Vous commencez par apprendre à manier les premières unités, puis vous découvrez les premiers Darwiniens, leur culture et leur technologie, de leur lieu de naissance jusqu'à la perte de l'innocence. Une symphonie pixelisée à la manière d'un jeu vidéo des années 80 dont le point d'orgue procure des frissons incroyables.
Si Darwinia souffre d'une caméra capricieuse à manier et d'une difficulté parfois rebutante, le contenu est tout à fait suffisant pour y prêter attention. L'implication est totale, le plaisir de venir à la rescousse de ce monde en perdition est immense (en particulier lors de la revisite des niveaux déjà purgés du virus) et la grande guerre, amorçant le jeu Multiwinia, laisse flotter une odeur de sang effroyable.
Sauvez-les, et vite !