Attention à Dead Cells.
Attention, parce qu'il incarne parfaitement l'aliénation marchande induite par le capital : celle de la productivité sans fin qui passe par la répétition névrotique d'une tâche sans but. Mais dans Dead Cells, il y'a une petite variante à tout ça. Dans votre tâche sans but se cache en effet un petit instant de bonheur féerique qu'un éthiopien famélique ne pourrait comprendre : l'instant "flan".
Pour comprendre Dead Cells, il faut recourir au flan. Qu'est-ce que le flan ? C'est une pâtisserie fantastique dans ses premières bouchées. C'est agréable en bouche, la texture gélatineuse offre des saveurs accessibles à tous, la part est généralement copieuse et le rapport qualité/prix est là. Il en va de même pour le dernier chef-d'oeuvre français (non, pas d'erreurs dans cette phrase) : le gameplay est jouissif, récompense rapidement le joueur de part sa progression RPGesque, la rythmique est incroyable et on a le sentiment qu'on va en avoir pour notre argent.
Mais très vite arrive la moitié du flan. Il en devient lourd, presque écœurant. Il est toujours bon, mais on comprend qu'il n'ira jamais au delà de ce qu'il est : un flan. Un flan ici, un flan maintenant. Un flan pour toujours. Dans Cead Dells c'est pareil : on sent qu'on a fait le tour du concept après 5 ou 6h, que le jeu n'offrira rien de plus en terme d'expérience.
Puis arrive la fin. La fin du flan. The end of the flan, comme dirait un ouzbékistanais quand il se surprend à parler allemand. On en ressort satisfait, puis on se dit qu'on n'en reprendra probablement jamais, du flan. Demain, ça sera un éclair café ou un Paris-Brest; un Dragon Quest XI (ou un Spider-Man d'accord, ne commencez pas...) ou un Red Dead Redemption 2.
Mais arrive demain. Demain, le flan est encore là. Mais il a un peu changé : c'est un flan au coco. A côté de lui, un flan aux myrtilles. Un autre au chocolat. Un autre encore aux pistaches. Et encore un autre, marbré cette fois. Celui d'à côté est aux cerises quand l'autre est aux pruneaux. Et il y'a mieux : la pâtisserie devient meilleure chaque jour, et vous êtes témoin d'une progression longue mais constante.
Voilà. Je n'arrive pas à trouver de chute : donc imaginez-celle d'un flan qui s'écrase à non loin des côtes éthiopiennes. Ahah, je plaisante. Y'a trop de famine pour qu'on s'autorise à gaspiller de la bouffe.