Un jeu de gestion/survie qui aurait pu être meilleur

Développé par le petit studio Girdondain CCCP, Dead in Vinland est un jeu de gestion/survie dont le but est de faire survivre un groupe de personnes isolées sur une île scandinave. J’étais très intéressé par ce titre lorsqu’il est sorti et j’ai attendu un an, le temps que des patches, DLC et autres mises à jour en fassent la meilleure expérience possible, pour l’acheter et me lancer dans cette nordique aventure.



Présentation



Dead in Vinland raconte l’histoire d’une famille viking (père, mère, fille et tante) forcée de fuir leur maison et de prendre le large. Après avoir échoué sur une île inconnue et quasi déserte, ils sont obligés de se retrousser les manches pour survivre. Trouver de la nourriture, couper du bois, chercher de l’eau potable, explorer seront le genre de tâche quotidienne à allouer à chacun des membres du groupe. C’est donc la thématique Robinson Crusoé qu’ont choisi d’explorer les développeurs de CCCP (y a mieux comme nom de studio…).


Le jeu se présente en trois phases successives : matin, après-midi et soir. SI les deux premières phases vous demanderont d’occuper vos rescapés avec diverses tâches essentielles à la survie du groupe, le soir sera le moment de se regrouper autour d’un feu, de discuter et de faire boire et manger tout ce beau monde avec ce qu’on a sous la main. Puis, une fois la nuit passée et les différents effets appliqués (faim, fatigue, maladie, etc.), la journée recommence avec ses trois phases. Après quelques jours passés à vous occuper de cette manière, la quête principale commencera à se développer, avec notamment la rencontre et la cohabitation tant bien que mal avec un groupe de malfrats dirigés par un tyran.


Mais revenons à la mécanique de jeu. Vous l’avez compris, il faudra survivre. Pour cela, vous devrez assigner des tâches à vos personnages. Chaque tâche aura des effets négatifs, comme la fatigue, le risque de blessure ou à dépression, effets qu’il faudra tenter de diminuer d’une manière ou d’une autre en prenant le temps de se soigner ou se reposer par exemple, au risque de voir son personnage s’affaiblir, voire mourir. En plus de survivre, il faudra développer le campement, trouver d’autres moyens de dénicher de la nourriture, améliorer ses outils etc. Surtout que grâce à l’exploration, vous pourrez trouver de nouveaux survivants et les ajouter à votre groupe, ce qui augmentera de ce fait le nombre de bouches à nourrir, mais vous offrira également de nouvelles possibilités avec les compétences de chacun. En effet, chaque survivant a ses points forts et ses lacunes, toutes résumées dans des fiches de personnage complètes et bien fichues.
L’exploration aura aussi pour effet de déclencher aléatoirement des combats. Si vous avez joué à Darkest Dungeon, vous pouvez vous faire une idée assez précise de ce à quoi ressemblent les combats dans Dead in Vinland, tant ils s’en sont inspirés. Ce qui est loin d’être une mauvaise chose, étant donné la qualité du modèle.



Que vaut-il ?



J’ai pris le temps de décrire le gameplay du jeu, car Dead in Vinland est un titre peu connu. Maintenant que vous pouvez avoir une idée plutôt claire, si j’ai bien expliqué, du principe et du gameplay du jeu, passons à la critique à proprement parler.


Un jeu qui ne décolle pas


Dead in Vinland n’est pas un Darkest Dungeon auquel on aurait ajouté une thématique de gestion. Il n’en a pas les qualités. La tension qu’on est supposé ressentir dans ce genre de jeu, ce qui vous fait peser chaque décision et transforme chaque journée passée en petite victoire, n’est pas présente dans le titre de CCCP. En difficulté normale, il est rare de se faire du souci pour ses personnages. Oui ils subissent des malus, ils ont mal, ils sont malades ou déprimés, mais ça passe toujours sans problème. Puisqu’on ne craint pas pour leur vie, on commence à s’ennuyer un peu, surtout que les journées s’enchaînent et une certaine routine s’installe sans qu’on ne voit vraiment d’évolution. En effet, on continue à développer son camp, trouver à manger, à boire, chercher du bois, etc., mais rien ne vient chambouler ce train-train. On est certes content de pouvoir créer de nouvelles choses dans le camp, commencer à cultiver des plantes ou à garder des brebis, mais ces améliorations ne sont pas assez bien mises en valeur par le gameplay pour ressentir cette impression de franchir une étape importante.


Le gameplay n’est donc pas assez au point. La tension est inexistante, ça devient assez vite répétitif et, au final, l’intérêt du jeu se dilue dans ce quotidien jusqu’à ce que l’envie de continuer disparaisse.


Une immersion trop peu efficace


Outre le gameplay, c’est l’immersion qui pose problème. Les personnages sont peu intéressants, la qualité d’écriture est moyenne et de nombreuses références contemporaines, souvent sous forme de blague, viennent casser complètement l’immersion dans cet univers viking. Concernant les personnages, c’est une vraie déception, car j’ai même acheté le DLC qui est censé développer les liens entre les persos secondaires (avec plein de nouveaux dialogues, romances etc.). Mais après 13h de jeu, je n’ai absolument rien vu de ce côté-là. Combien de temps faut-il jouer pour voir nos personnages prendre un peu d’épaisseur ? De plus, nos actions ne semblent n’avoir aucun effet sur leurs relations. Le soir venu, ils discutent de choses et d’autres sans qu’on ne puisse changer grand-chose et leurs liens vont se renforcer ou au contraire se délier sous nos yeux impuissants. On reste spectateur et c’est bien dommage. Enfin, côté histoire, ce n’est pas bien folichon non plus tant les événements évoluent lentement. Rien ne vient bousculer ou surprendre le joueur et on se demande quand les choses vont enfin bouger.


Mais certains atouts


Mais tout n’est pas noir non plus, car si j’ai tenu 13h sur le jeu, c’est bien qu’il a quelque chose d’intéressant. Premièrement, les décors sont jolis et colorés, ce qui permet, dès le départ, de se sentir bien dans cet univers. L’aspect gestion/survie fonctionne bien et chaque amélioration du camp prend forme visuellement, ce qui donne toujours une petite satisfaction quand on voit tout ça se développer. Avant que les défauts cités plus haut finissent par prendre le dessus, on passe un très bon moment à améliorer notre camp, décider de nos actions futures, explorer la carte et découvrir de nouveaux compagnons. Le petit côté addictif fonctionne (du moins jusqu’à un certain point) et on se surprend à ne pas s’arrêter de jouer aussi tôt qu’on le voudrait. Enfin, les combats fonctionnent bien et le choix de vos compagnons d'arme a un réel impact sur votre tactique.
En fait, le gameplay n'a rien de mauvais, loin de là. Mais il est difficile de se contenter de quelque chose de moyen. Il ne rate rien réellement, il lui manque simplement un peu de génie dans tous les aspects.
Le jeu nous présente son joli visage dès le début et on est content de pouvoir apprendre à le connaître. C’est agréable, alors on continue. Ce n’est pas formidable, ça ne l’est jamais, mais c’est un bon moment. Mais pour continuer et aller jusqu’au bout, il va falloir s’accrocher tant l’expérience proposée par le jeu ne suffit pas à nous combler.


Dead in Vinland propose des mécaniques intéressantes et peut faire passer un bon moment à s’occuper de ce groupe de survivants vikings. Mais le gameplay comme l’immersion ne fonctionnent pas assez bien. Il y a des réussites dans l’un comme dans l’autre, mais ce n’est pas assez. La tension n’est pas au rendez-vous, le rythme et l’évolution des événements sont bien trop lents pour nous accrocher et l’immersion perd rapidement de sa saveur à cause d’une écriture moyenne et de personnages peu intéressants et attachants. Ce n’est pas un mauvais jeu, mais simplement un jeu moyen qui ne risque pas de marquer les joueurs.

Créée

le 17 mai 2019

Critique lue 253 fois

roifingolfin

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