Les premières heures de jeu risquent certainement de dégoûter le joueur non-averti...
Par ses graphismes infâmes, sa maniabilité datée et un rythme particulièrement lourd.
Les défauts sautent directement à la gueule et il est tout à fait normal de se dire au bout de trente minutes :
- "Non mais c'est pas possible, j'pourrai jamais terminer ce jeu."
- "Bon là, c'est clair ils se foutent de moi... Un jeu qui date de 2010 en plus !"
- "Puis merde, c'en est trop, j'en peux plus..."
Et pourtant, je vous assure, croyez moi...
Une fois passé cette longue épreuve, quoi qu'il arrive, Deadly Premonition est un jeu de malade du début à la fin.
Le personnage principal (Francis York Morgan) est un des plus intéressants que j'ai pu découvrir jusqu'à présent, tous jeux confondus. Burlesque, énigmatique, torturé, très cinéphile... C'est surtout un excellent détective et j'ai pris énormément de plaisir à suivre son enquête au fil des épisodes (huit au total, prologue et épilogue compris, construits comme une série télévisée avec un récapitulatif à chaque début de chapitre et son lot de cliffhangers en conclusion).
Une fois avoir pris mes marques dans la petite ville de Greenvale, je me surprends fortement à éprouver de l'affection pour tous les habitants, petit à petit. Ces gens ayant leur personnalité très distincte, un emploi du temps précis, des secrets, des informations à donner... Une VIE quoi. Et la liberté d'action dans ce monde ouvert est assez riche. Ca rappelle beaucoup Shenmue, malgré les tares qui parvenaient souvent à me faire décrocher de quelques quêtes annexes. (Merci aux phases de conduite interminables et injouables).
La bande-son est superbe. Le scénario est démentiel, que j'ai trouvé assez au dessus de la grosse majorité des jeux qui se font actuellement dans le genre (à savoir Alan Wake, les derniers Silent Hill, ou encore les Hotel Dusk sur DS par exemple). Comprenant une intrigue forte, des personnages travaillés, des dialogues tordants, ainsi que des rebondissements plus fous les uns que les autres. Mention spéciale aux derniers chapitres ahurissants qui se concluent sur un final absolument superbe.
On peut peut-être regretter la direction trop axée fantastique, virant même au WTF complet en dernière partie de jeu. Si j'ai pu accepter ces quelques écarts, pas sûr que d'autres soient du même avis et ce même si l'on a fini par apprécier l'aventure parce que ça part vraiment en cacahuètes.
Ce jeu n'avait pas grand chose pour lui à priori et pourtant il m'a largement plus comblé que la plupart des jeux qu'on retient surtout comme des grosses performances techniques avant tout. Alors certes, je comprends qu'on puisse le juger pour ses grosses lacunes de gameplay et graphiques mais il mérite vraiment le coup d'oeil, malgré tout.
Il faut se permettre de prendre son courage et de braver ces défauts techniques jusqu'au bout sous peine de découvrir un réel bijou qui, personnellement, m'a beaucoup marqué.
Comme quoi après des jeux comme Killer 7, un autre OVNI fait désormais partie de mes jeux préférés. Suffit parfois de laisser une chance, une vraie.
C'est pas facile mais ça paie.
- You hear that Zack?