Death Stranding, chef d'oeuvre ou mascarade ?

                                  Death Stranding, chef d’œuvre ou mascarade ?  

Dernier né vidéo-ludique d’Hideo Kojima, à l’écriture subtile ou à la diégèse indigente ? Pour en avoir le cœur net, vous devrez parcourir cette brève analyse et critique garantie cent pour cent pur divulgâchante, dans une certaine mesure.

En préambule il convient de préciser d’emblée que ce jeu est une contradiction en lui-même. Une contradiction car en réalité, il vous enchantera sous bien des aspects. Parfois novateurs, sans déroger aux sacro-saints éléments présents à l’accoutumé dans un jeu-vidéo issu la psyché “kojimesque”, se voulant assez multiforme par les différents éléments que le gameplay vous offrira, ceux-là même vous rebuteront ou vous raviront. Contradiction, car nous alternons entre des instants quasi oniriques, portés par une B.O envoûtante (je vous laisse aller découvrir le travail des groupes Low Roar, Silent poets ou bien celui de Ludvig Forssell que vous apprécierez je n’en doute pas) qui vous transporteront et vous subjugueront, et d’autres moments qui vous désespéreront par leur écriture douteuse et c’est une litote, car nous ne sommes qu’à un pas de la consternation. Pour conclure sur ces propos liminaires nous pouvons d’ores et déjà émettre un postulat : ce jeu n’est pas qu’un jeu, c’est une œuvre d’art à part entière. De par certains aspects inhérents au jeu, mêlant mise en scène réalisée avec maestria, éléments de jeu assez savoureux et une OST comme nous l’avons évoqué qui marque; ce jeu rentrerait dans la catégorie des œuvres d’arts que nous qualifierons d’originales et de novatrices. Mais, car il y un mais, l’œuvre d’art s’arrête là où l’enfer vidéo-ludique est pavé de très mauvaises intentions. Nous allons tenter d’évoquer dans un inventaire, qui n’aura pas pour but d’être totalement exhaustif, les points positifs et les points négatifs dans la subjectivité la plus totale et la plus outrageante.


Commençons par ce qui fâche, les points négatifs, qui seront au demeurant nuancés :
L’écriture globale est relativement bonne mais incroyablement inégale voire erratique, est-ce à dessein ou pas ? C’est en réalité la grande question autour de ce jeu : L’intention. La diégèse, est, sous bien des aspects, hachurée, arythmique frôlant la tachycardie par moment et l’apoplexie par d’autres, c’est déroutant.


Pour prolonger sur l’écriture en y englobant le scénario. Il faut préciser que l’histoire est très touchante et que le jeu de certains acteurs tels que Mads Mikkelsen ou Lindsay Wagner est plus qu’appréciable le reste du casting rempli son rôle parfois avec brio en étant, cependant, parfois en deçà, cela étant le jeu d’acteurs capturé par la “motion capture” est assez bluffant. Nous disions scénario, celui-ci s’approche parfois du galimatias à notre plus grand désarroi mais par ailleurs il fait intervenir un pathos que nous qualifierons de positif par exemple avec la relation entre Cliff, BB et Sam Bridges. In fine les défauts et les qualités s’entremêlent bien souvent, si bien qu’il est parfois ardu d’en déterminer les contours.


Pour conclure sur le scénario il faut saluer l’originalité de celui-ci, qui malheureusement se perd bien souvent dans les limbes de l’incompréhension, vous l’aurez compris c’est un jeu contradictoire c’est par conséquent une critique contradictoire.


Hic et nunc parlons d’un gros point négatif qui est vraiment exaspérant : Les musiques sont sublimes certes, magnifiques, idoines nous en convenons, mais les mettre cinquante mètres avant que nous rencontrions les échoués (les fantômes qui font partie du lore, jouant le rôle d’ennemis avec les mules dont nous reparlerons) ou bien avant d’entrer dans une zone de pluie sénescente, ou une base, ou alors si nous décidons de prendre un autre chemin non prévu par le script et que celles-ci se coupent ou ne démarrent même pas c’est exaspérant.


Être dans l’impossibilité de réécouter lesdites musiques ultérieurement dans le jeu via une fonction walk-man (présente dans MGS V) c’est un défaut et le jeu eut été plus agréable avec cette possibilité implémentée.


Pour ce qui est du gameplay, il faut le dire messieurs dames, celui en l’occurrence qui concerne les véhicules a été semble-t-il conçu et réalisé par manchot asthmatique qui a une dent contre vous, ne prenez pas votre moto sur 95% de la carte car cela s’avérera être un calvaire, ni votre camion sur une pente un peu raide, à la physique douteuse qui vous ferra patiner pendant plus d’un quart d’heure. La physique des véhicules et de certains éléments est assez exécrable.
Certains caméos et jeux d’acteur pourront en horripiler et en irriter plus d’un : je vous renvoie aux scènes avec la femme au sablier au chapitre trois ou quatre : c’est affligeant, surtout en V.O.


Le “whishful thinking” et le “reconnecter le monde” répétés ad nauseam, pourront aussi en agacer plus d’un.


Nous ployons sous le poids de quêtes secondaires, “fedex”, stricto-sensu qui sont pour la plupart assez insipides, nous nuancerons plus bas. La redondance et l’aspect chronophage est assez criant, c’est regrettable.


L’interface et la carte sont parfois totalement illisibles, inutilement surchargées, il faut un certain temps pour s’y accoutumer.


Le rôle et la raison d’être des mules sont assez abscons voire inutiles, même s’ils ajoutent une certaine tension une fois que vous devez livrer vos merveilles.


Maintenant que le plus dur est passé, il faut aborder les points positifs de cette œuvre.


L’ambiance, la direction artistique et la mise en scène sont incroyables. La mise en scène est mise en œuvre avec maestria il faut le souligner.


Le gameplay à pieds offre une proposition tout à fait surprenante et sur ce point-là il y aura un avant et un après Death Stranding, le souci du détail, la gestion du poids, la sensation de la pesanteur constituent le cœur du gameplay et en ce qui me concerne c’est une réussite et chaque pas peut s’avérer être jouissif. Petit bémol cela étant, un forcené enragé pourra hélas faire fi des possibilités offertes par le gameplay et s’en affranchir en fonçant vers l’objectif avec son ou ses véhicules sans embûches considérables.


Nous soliloquons face à une nature désertique, une nature presque inerte. Nous soliloquons, mais il arrive qu’une dialectique s’installe entre le joueur et le monde que nous arpentons, au grès de nos missions, et c’est un vrai plus, que de saisir ces instants éphémères, avant que vous ne chutiez pitoyablement par la faute d’un irrésistible caillou qui s’avèrera être votre adversaire le plus coriace durant votre épopée.


Malgré une quasi-diatribe de ma part, vis-à-vis de ce jeu, tant les points négatifs semblent être pléthoriques face aux points positifs, il n’en demeure pas moins que j’adhère, in fine, totalement à la proposition qui nous est offerte, je dirais même à la contre-proposition vidéo-ludique qui nous est proposée. Ce jeu divise et divisera, mais il marque et marquera à l’encre noire sans nul doute quiconque s’investira à minima dans le jeu. “Death Stranding” chef d’œuvre ou supplice ? Faites-vous votre propre avis, si vous en avez la patience et l’envie, il en restera pour ma part que ce jeu demeurera emblématique et constitutif d’une génération de jeux brisant de plus en plus les limites du média d’origine pour se réinventer toujours plus et dire quelque-chose de notre époque parfois avec brio et cela est digne d’intérêt. Vous serez un pionnier qui tracera sa route avec entrain ou avec difficulté mais vous n’en sortirez pas indifférent.


Pour finir je n’ai plus qu’une chose à dire le jeu est une purge c’est un chef d’œuvre. L’antithèse, la contradiction, l’intention ces trois mots définissent le mieux ce que représente pour moi ce jeu. Chef d’oeuvre.

Balin
8
Écrit par

Créée

le 2 déc. 2019

Critique lue 384 fois

Balin

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