Et il en a parcouru, des kilomètres, le petit Sam.
J'ai eu un parcours un peu bizarre avec ce jeu. Acheté day one sur ps4, mis de côté lorsque sa sortie a été annoncée sur PC, recommencé sur PC, mis de côté à l'annonce du director's cut, et dernier tiers fait à la sortie de ce dernier. La relation que j'ai eu avec ce jeu, je l'ai eu avec aucun autre. Autant j'ai pu m'en passer pendant des mois sans broncher, autant si j'avais le malheur de le lancer un vendredi soir, seul mon patron pouvait m'arracher à l'écran le lundi matin. J'ai adoré jouer à Death Stranding, sans pour autant avoir l'envie d'y retourner au plus vite, comme j'ai pu l'avoir sur d'autres jeux (j'arrive, elden ring).
Histoire en bref : dans un monde post apo (post death stranding), Sam, fils de la présidente, doit traverser les états unis pour étendre le réseau chiral afin de relier les gens ensemble. Et en plus de ça, il doit profiter du voyage pour sauver sa sœur, otage de méchants terroristes qui veulent détruire ce qui reste du monde.
Comment décrire ce jeu simplement ? Ben c'est un jeu de livraison. Pur et simple. Qui part de la livraison à pieds avec ton sac à dos et des pompes fabriquées avec des feuilles, pour terminer avec un réseau de tyroliennes laser et de canon à colis. Moi qui peste sur assassin's creed, qui, au lieu de se payer un auteur pour faire une quête correcte, n'arrive qu'à pondre que du "filler" à coup de quête fedex, me voilà propulsé au rang de livreur, dans le sens le plus strict du terme... Histoire Kojimesque surjouée et gonflée d'un égo hors du commun, un gameplay, qui, sur le papier, rivalise avec paperboy, et un jeu qui promet de longues heures de solitude à arpenter la campagne. Je n'arrive toujours pas à comprendre vraiment pourquoi j'ai adoré ce jeu. Mais bon je commence à me faire une petite idée.
Le gameplay
- La livraison : livrer des colis, ok, mais avec classe. Chaque gap de
confort de livraison provoque une petite révolution dans le jeu.
Troquer ses pompes contre une mobylette, un camion, avoir des routes,
porter plus lourd, courir plus vite, avoir des chariots, une paire de
jambes supplémentaire, tyroliennes, canon, tout ça nous force à
repenser constamment comment acheminer les colis. Et c'est avec une
grande fierté qu'il m'est arrivé de montrer à d'autres potes qui y
jouait, comment j'avais réussi à faire un réseau au dessus de la
montagne, me permettant de compléter chaque livraison de la façon la
plus efficace qui soit (quoique j'ai quand même un doute sur les
tyroliennes et les grandes quantités de colis. La route ça reste pas
mal. Mais le canon peut aussi Permettre d'envoyer très vite de gros
volumes mais sur des plus courtes distances...). Bref. Le cerveau ne
s'arrête jamais alors que les tâches sont on ne peut plus répétitive.
Et là, ben déjà, belle surprise.
- La baston : pas le plus réussi, mais efficace. J'ai adoré la corde
(école du contre). Très CQC dans l'ambiance. On encourage pas le
meurtre, il faut privilégier l'infiltration, viser la tête avec les
bolas, et garder le lance roquette pour les gros monstres. Gros
monstres plutôt impressionnants, même si pour le coup on perd quand
même assez vite le côté effrayant (on comprend vite quand ça va
chier, et du coup, comme on n'arrive jamais les mains dans les poches, ça
se passe plutôt bien). Petit plus : des avatars représentant d'autres
joueurs arrivent pour jeter de l'équipement quand on commence à avoir
les poches qui se vident. Donc on est jamais vraiment à court.
- Les échoués : lors de nos tribulations, il nous arrive de traverser
des zones pluvieuses, et là, on sait très bien ce qui va arriver : la
pluie s'accélère, puis devient noire, BB s'affole, l'odradek se met
en place, et c'est partit. Devant toi, une zone à traverser, tu sais
qu'il y a un ennemi qui rode, qui peut te chopper assez facilement,
et ça va être à toi de le voir avant qu'il te repère (l'odradek
s'oriente vers l'échoué le plus proche, et s'affole de plus en plus
la distance s'amenuisant), et de le contourner ou utiliser un
équipement te permettant de t'en débarrasser (qu'on a pas au début,
forcément), et ça jusqu'à la sortie de la zone. Ces passages là, n'en
déplaise aux âmes sensibles, sont vraiment de belles trouvailles. La
pluie battant sur ton avatar fait rouiller l'équipement et les
marchandises à vue d'œil, on a pas le temps de lambiner, les échoués
peuvent être partout : au dessus, derrière un rocher, derrière un
arbre; et de toutes taille (ça va du bébé à l'adulte) ! Donc on se
retrouve dans de l'infiltration, mais poussé au cul, où, à l'instar
de Sam, tu retiens ton souffle quand l'odradek s'affole, où on a pas
vraiment le droit à l'erreur (je reviendrais un peu plus tard sur la
mort), et qui, quand on arrive au bout, provoque un sentiment
d'apaisement et d'accomplissement de soit que je retrouve rarement
dans mes jeux aujourd'hui (merci à ceux qui foutent des parapluies
derrière, la petite musique de berceuse, vraiment au top).
- L'impact sur le décors : outre le fait de reconstruire des routes,
de tracer des chemins avec les passages répétés de toi et d'autres joueurs, on
"peut" aussi agir sur le décors en... Mourrant ! Sam ne meurt jamais
vraiment. Il peut se rapatrier (je vous laisse découvrir les
détails par vous même). Mais chaque mort peut déformer le décors de façon
impressionnante (alors là je m'avance peut être un peu : je suis mort une
fois). Mais en escaladant une montagne, je me suis fait avoir par des
échoués, puis par une sorte de petit boss, et là, rapatriement. Et en
revenant sur le lieu de ma mort : un énorme cratère ! Je peux vous
dire que ça complique pas mal la traversée (et je suis content d'être
passé sur pc, finalement, j'ai pu refaire ce passage).
- Le multi : il m'a fallu un moment avant de comprendre comment ça
marchait. De ce que j'ai compris, notre partie est sur un serveur, et on
partage (une fois le réseau étendu) ses installations avec d'autres gens,
mais aussi on récupère les installations des autres. Super idée,
aussi bien pour véhiculer de bonne vibes d'entraide (je suis sur
elden ring, et j'en serais à un millier de morts supplémentaires si
je suivais les indications des autres joueurs), que pour donner des
idées quand à notre façon de gérer les livraisons. Là dessus un
système de notation, des likes, qui permet à Sam de regagner un
coup de fouet lorsqu'une de ses installations est utilisée ou likée
par un autre joueur. Il y a la possibilité de
privilégier les installations des potes, mais je crois qu'il y a un
nombre d'installation max par personne dans son monde (3, de
mémoire)..
Kojima : ben oui, il sait parler à mon petit cœur de joueur, et on y retrouve sa pléiade de persos torturés, un scénar doux amer, et sa haine pour le quatrième mur. C'est pas de la grande écriture, s'en est prévisible, mais ça reste agréable à regarder, et je me laisse emporter par Sam, à la découverte de ses émotions. Je ne m'étale pas plus sur le sujet, j'ai pas envie de spoiler. Mais attention, évitez d'y jouer quand vous manquez de sommeil, parce qu'il y aura de grandes phases de cinématique, et il faudra avoir les yeux grand ouverts pour ne rien rater. Petit plus pour les mails et rapports, j'ai adoré les lire. On sent qu'ils ont voulu donner une touche personnelle aux mails, et s'en servir pour qu'on s'attache un peu aux "livrés"; et les rapports sont plutôt bien écris, et ont même racheté certains persos à mes yeux, qui au premier abord, avait l'air d'être chiants comme la pluie.
Y revenir quand on veut : Comme je vous l'ai dit au début, j'ai fait ce jeu en pointillés. Et ça se fait bien. Malgré les commandes atypiques, les doigts reprennent vite leurs habitudes, et on repart gambader assez instinctivement. Pas de trou scénaristique, les évènements passés étant assez marquants et peu nombreux pour qu'on s'en rappelle, on raccroche à l'histoire vraiment aisément. Et comme ça j'ai pu prendre l'air pendant les confinements, et là, j'ai terminé le jeu sur mes derniers jours de covid, marre de m'isoler dans mon bureau.
Pour finir l'argumentaire, je vais quand même mettre un point négatif : la VF. J'ai essayé en passant sur le PC de tenter la VF, vu que j'avais déjà fait un gros tiers du jeu sur ps4 en VO, et je n'ai pas pu. Je trouve que Sam, qui parle pas mal (en réaction, hein, il épilogue pas trop), est insupportable. Mais bon, c'est pas obligatoire, donc tout va bien !
Concernant le director's cut, ben les ajouts ne sont pas foufous. Au delà des aspects techniques (résolution 4K, DLSS...) je dirait qu'il vaut le coup au moins pour les nouveaux équipements. Ils permettent de varier un peu plus ses modes de livraison, mais les courses et le stand de tir, ça n'ajoute vraiment pas grand chose. Après j'ai peut-être raté du contenu : je vous laisse me râler dessus dans les commentaires si c'est le cas (et si je suis lu :p). En tous cas rien qui justifierai des points en moins ou en plus concernant la note.
Et voilà, c'est après un périple d'à peu près 2 ans et 6 mois que je suis arrivé à bout de ce jeu (~90 heures sur PC et je n'ai pas le compte sur ps4). Et marque des grands jeux, petit pincement au cœur à la conclusion. Finalement on s'y attache à tous ces persos, et c'est jamais facile de dire au revoir.