Deathloop
7.1
Deathloop

Jeu de Arkane Studios et Bethesda Softworks (2021PC)

Briser la routine quotidienne...c'est le jeu de la vie...

C'est en ce doux mois d'avril 2022, un peu mort en sortie vidéo-ludique, en pleine routine vis-à-vis des pénuries de matériels, et provoquant chez moi l'envie de briser cette usure, que je me suis lancé dans ce fameux Deathloop, sortie en 2021, exclusivement sur PS5 et sur PC, fruit du travail de Arkhane Studios, développeur pour lequel je voue un véritable culte, notamment à travers le cycle Dishonored...et qui ici nous propose un FPS immersive sim...qui est leur dada teinté de Rogue-like...qui est nouveau pour eux, donc un simulateur virtuel de boucle temporelle, comme une métaphore vidéo-ludique de la routine quotidienne......

Une routine, tout d'abord artistique, nous plongeant dans un rafraîchissement des années 70's, autant dans sa musique, sa production audiovisuelle, sa littérature, ses créations artistiques, ses icônes médiatiques, ses questionnements sociaux, ses problématiques économiques, ses crises politiques, ses avancées technologiques et scientifiques, ses aspirations spirituelles, sa sexualité débridée, son consumérisme exacerbé...le tout sublimé par de superbes graphismes, des couleurs chatoyantes, ses cinématiques en dessin animé, son chara-design rondouillet, son sound-design impeccable...nous immergeant immédiatement dès les premières minutes...au sein d'une île et unique île mais suprenamment variée, séparée en quatre biomes, aux relents anglo-saxons, autant dans son architecture, sa géographie, son climat que sa nature, que l'on peut parcourir à sa guise, sur quatre temporalités, évoluant selon nous actions, le scénario, la sélection de l'heure, nous offrant multiples panoramas, multiples narrations environnementales, multiples lectures et relectures, multiples informations, dans laquelle on prend plaisir à trouver nos habitudes, nos trajets, nos repères...habitées par une ribambelle de protagonistes loufoques, semblable à des mannequins de devanture, sans noms mais pas sans vies, ayant leurs petites habitudes, loisirs, activités...que l'on se plaît autant à contempler qu'à embêter...m'évocant une métaphore de la routine quotidienne que l'on entretien avec notre environnement habituel, que se soit notre lieu de vie, de travail, de vacances, de loisirs, de plaisirs et ses composants humains, toujours présents, toujours les mêmes, que l'on aime, déteste mais finalement sans les connaître ou les nommer...une routine donc réconfortante par moment, suprenante par d'autre, étonnamment diversifiée, usante à la longue, que l'on connaît bien, que l'on pense maîtriser mais qui nous surprends constamment et que l'on ne désire pas forcément briser...tant celle-ci peut-être amusante.....

Une routine ludique, ensuite...nous propulsant dans une boucle temporelle où la mort n'est plus une fatalité, un échec, une frustration mais plutôt un outil, une astuce, un plaisir qui au fur et à mesure de notre parcours, devient notre meilleur atout, nous permettant de récupérer ça et là tout ce qui nous aient nécessaire, de nous fixer nos propres objectifs, d'apprendre de nos erreurs, d'expérimenter selon notre volonté, d'oser et d'entendre selon notre imagination sans se sentir limité...nous offrant un arsenal d'armes, de pouvoirs, d'équipements, d'améliorations hiérarchisés et que l'on se doit de sauvegarder, permettant à chacun de se faire son propre gameplay, style et mode de jeu...évitant alors la présence d'un mode difficulté et permettant une accessibilité à tous...et se basant pas uniquement sur les affrontements, qui sont ici non-obligatoire, typique d'un jeu dit FPS...ici teinté d'un plate-former et d'un jeu d'infiltration mais bien plus un jeu d'enquêteur, osant mettre davantage l'emphase sur l'accumulation d'informations et de connaissances, qu'elles soient visuelles, sonores ou textuelles et qui sont automatiquement sauvegardées comme mémorisées autant par le héro que le joueur...véritable arbre de compétence et de progression malléable et flexible...nous laissant toujours le sentiment d'évoluer, de maîtriser et de personnaliser son parcours...m'évocant une métaphore de la routine quotidienne du monde du travail...où chacun à le même objectif mais différentes manières d'y arriver...où chacun connaît sa tâche mais différentes manières de l'appréhender...où chacun à son statut mais différentes envies pour le changer...où chacun à la même hiérarchie mais différentes possibilités pour s'y placer...malgré les menaces, les embûches...mais rendu possible par les astuces et les raccourcis et ceux de manière étonnante voire inattendue...donc une routine voire une aliénation certes mais au combien jouissif et gratifiante, nous poussant à rentabiliser notre journée, à optimiser celle-ci, à l'organiser afin de gagner du temps, de grappiller le meilleur, de filouter au mieux, de picorer l'essentiel et que l'on ne désire pas forcément briser...tant celle-ci est vivifiante....

Une routine narrative, pour finir...nous faisant incarner Colt, qui après une énième cuite alcoolisée, se réveil seul, amnésique, découvrant comme le joueur, ce monde, ses mécaniques, son système et sa notion de boucle...égaré et se sentant comme le joueur comme prisonnier dans tout ça et désirant s'extirper, se voyant mandater d'éliminer des visionnaires...un geek, une intello, un fêtard, un bourgeois, un peureux, une bohème, un narcissique...un portofolio, qui au vue de la relation qu'il entretien avec eux, autant à travers son passé que son présent, de la caricature et personnalité qu'ils incarnent m'a paru comme une allégorie du groupe d'amis que l'on à tous, avec qui on à de quotidiennes relations, avec lesquels on a nos routines, parfois sympathiques, parfois conflictuelles, parfois éreintantes au point de vouloir les tuer...donc une chasse, un pistage, une mise a mort, que l'on entreprend de manière non-linéaire, évolutive, labyrinthique, énigmatique laissant place a libre interprétation et compréhension...mise en lumière par la démarche artistique et ludique, rendant le tout cohérent et sensé...qui peut paraître compliqué mais qui part Julianna, à la fois guide, partenaire, opposante voire une ruineuse de run...une relation étrange, élégamment mise en avant par un casting VF sublime et qui au fur et à mesure de nos échanges orales, nos oppositions physiques, m'a paru comme une allégorie de la parentalité...entre réjouissances, disputes, conflits, incompréhensions, non-dit, retrouvailles, amour, haine, transmission, coopération, hauts et bas dans un cycle, un jeu, une économie infernal, interminable, usante mais terriblement humaine et crédible, mise en lumière par le scoring de fin de journée, jouant avec nôtre sensibilité....une routine émotionnelle intriguante, une structure scénaristique singulière, une drôle notion du rapport aux autres et que l'on ne désire pas forcément briser...tant celle-ci est engageante....

C'est donc, runs après runs, boucles après boucles, briques après briques, pièces après pièces...que le puzzle offert ici, se clarifie, se construit, se comprend, s'apprécie...et qui lors d'une ultime journée...parfaite...que l'on doit réussir...un ultime cycle...bien appris...que l'on doit briser...pour sauver un homme, un père...à l'inverse de nous...joueur, qui prenons nôtre pied au sein de cette univers et ne désirant pas quitter celui-ci.....

C'est donc encore une fois, pour moi, une réussite de la part de ce studio, que je chérie...encore une fois, un chef-d'œuvre vidéo-ludique...à la fois élégant, intelligent, métaphorique, cohérent, gratifiant...encore une fois, un héro marquant...à la fois papa, ami, aimant, charismatique...encore une fois...non...je mets fin à cette boucle...mais merci à ces Lyonnais talentueux...pour ces 4 jours...ces 20 heures de bonheur, de mystère, d'amusement, d'émotions...pour cette proposition ludique basée sur la répétition...mais ici extrêmement digeste...basée sur la lutte...mais ici où le principal rival c'est notre intellect...basée sur la collecte...mais ici intégré de manière logique à la narration...basée sur l'action...mais ici où la passivité est récompensée...basée sur la rapidité...mais où l'attente est mère de toutes les vertues...basée sur l'anticipation...mais où la chance existe et j'espère les recroiser encore, les recroiser prochainement, comme prisonnier volontaire d'une boucle infini.......

AlMomoSan87

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