Dementium : L'Asile par benton
Se faire peur sur portable, voilà un programme alléchant. Dementium débute très bien, en nous plongeant directement dans la folie et la décrépitude d'un asile, seul, sans rien pour se défendre. On croise alors un monstre énorme qui emporte une femme qui nous implore du regard avant de disparaître dans les ténèbres. On est condamné à errer dans l'asile pour trouver la sortie, un asile peuplé de bestioles étranges et hostiles : zombies, sangsues, têtes volantes, choses rampantes... Au fil du jeu on met la main sur des armes de plus en plus puissantes (pistolet, fusil à pompe...). Le jeu se déroule en vue subjective, on vise avec le stylet sur l'écran tactile et on tire avec L. La formule est plutôt réussie, l'ambiance morbide est parfaitement retranscrite. On ne voit pas à cinq mètres, ce qui oblige à utiliser la lampe électrique, avec à la clé des effets lumineux bien foutus (bien qu'un peu exagérés, car on passe d'une obscurité quasi-totale à une très bonne clarté). La musique est presque absente, seuls nos battements de cœur, qui vont en s'accélérant quand on perd de la santé, rythment nos pas perdus dans l'immensité désolée de l'asile (à noter que l'on peut désactiver ces battements). Les graphismes sont excellents, et l'application d'un effet grains de sable sur les bords de l'écran renforce l'aspect malsain du jeu.
Dementium possède une ambiance digne des meilleurs survival horror, malheureusement tout ce travail artistique est presque réduit à néant pas des mécanismes de progression laborieux et sans génie. On parcourt l'asile de manière très linéaire, on passe de salle en salle et d'étage en étage, sans forcément pouvoir revenir en arrière (le jeu est découpé en chapitres). Un paquet de porte est fermé dans le but de nous guider vers l'unique chemin à emprunter. Les salles se ressemblent énormément, que ce soit les couloirs vides, les petits bureaux ou les chiottes que l'on croise à tous les étages. Le jeu se résume alors à parcourir des couloirs tout en butant les quelques monstres qui s'y trouvent (d'ailleurs les monstres réapparaissent quand on revient dans une salle, ce qui est bien lourd). Le véritable problème c'est qu'il n'y a jamais d'évènements qui viennent rompre la monotonie et la répétitivité de l'action. Malgré un début prometteur, le scénario s'éteint très vite, on ne rencontre plus personne dans l'asile et les documents à lire qui nous éclaireraient sur l'histoire (comme dans un bon vieux Resident Evil) sont très rares et inintéressants. Il y avait un tas de possibilités pour rendre Dementium plus passionnant. Parcourir un véritable asile bien structuré, à l'image du manoir du premier Resident Evil, aurait pu être dément. Au lieu de cela on a l'impression de s'enfiler un long et interminable couloir dénué d'histoire et d'enjeux. J'ai du décrocher au milieu du jeu, au bout de trois heures car je n'avais plus le courage, ni la motivation pour attendre une révélation qui se faisait désirer depuis les premières minutes de l'aventure. L'ambiance mérite quand même qu'on s'attarde un peu sur Dementium, même si le jeu aurait pu être autrement plus grandiose.