Pour nous plonger dans la bataille, Bungie a recours à des contrôles simples et efficaces, avec lesquels le joueur fait rapidement corps. L’aide à la visée n’empêche pas la finesse, et c’est un vrai plaisir de multiplier les bonds lunaires pour s’extirper des situations les plus hasardeuses. Les combats ont un rythme, les coups de feu un poids, qui est devenu depuis Halo la marque de fabrique du développeur. Quelque chose comme une frénésie pondérée, bien loin de l’hyper-vitesse des FPS à la souris, mais pas moins intense. Le gardien possède trois pouvoirs spéciaux (une attaque de mêlée, une grenade et une attaque spéciale), ainsi que trois armes, entre lesquels il s’agit de jongler pour survivre. Tout est une question de timing : ai-je le temps de recharger mon fusil à lunettes et d’aligner le boss, faut-il économiser mes roquettes pour le boss, dois-je conserver ma grenade pour la prochaine vague, ou au contraire l’utiliser pour nettoyer le terrain ? Même si les affrontements sont réglés comme du papier à musique et si l’IA des adversaires est plutôt rudimentaire, il ne s’agit pas pour le joueur d’appliquer une stratégie toute faite comme dans la majorité des MMO, mais de s’adapter aux circonstances de la bataille. Faut-il relever immédiatement l’allié à terre ou commencer par dégager les environs ? Faut-il se cacher, prendre de la distance, ou au contraire rentrer dans le tas ? Il n’y a pas de recette toute faite, mais avec l’expérience, le joueur commence à sentir le flux du combat, et parvient à décider à l’instinct quand il faut rester collé à un partenaire en danger afin de concentrer le feu, et quand il s’agit de s’éloigner pour prendre les ennemis à revers.
La durée des affrontements finaux, qui nécessitent de rester concentré pendant près de dix minutes, contribue aussi largement à créer la tension. Un combat bien engagé peut très vite se transformer en déroute pour peu qu’un joueur devienne imprudent. A mesure que baisse la vie du boss et que se multiplient les ennemis, la pression enfle au rythme de la musique, lancinante, stressante, hachée de coups de feu. Soudain, alors que le combat était presque fini, je me retrouve le dernier joueur en vie. Des hordes de robots-minotaures se dirigent vers moi de toutes parts, et mes pouvoirs ne sont pas encore chargés. Je bondis au dessus des lasers, mon écran se constelle de sang et mes mains de sueur. Tandis que je mitraille un chemin droit devant moi, abattant comme un forcené les vagues d’ennemis moins résistants, que je crible de coups précis au thorax, je tombe nez à nez sur trois autres minotaures. J’en achève un d’un coup de coude, je saute en arrière et je lance ma grenade. Je me retourne, et sous le feu je soigne mon partenaire, qui se relève. Mon écran vire au rouge, d’un coup de super pouvoir je finis le ménage, et je cours, haletant, vers un endroit où me cacher et récupérer.
Qu’importe le résultat, je viens de survivre, radieux et tremblant, à l’une de ces dizaines de petites fictions héroïques que m’a offertes Destiny, petits colliers de gameplay accrocheurs et irrésistible.