En ces temps là, les fps avaient pour tendance d'évoluer du genre action pur à quelque chose de plus orienté aventure. On pense alors à la série des System Shock, Thief, Unreal, Strife, Kingpin, Half Life, etc. Mais le plus grand représentant de ce nouveau genre est bien le célèbre Deus Ex. Un fps certes, sauf qu'on est amené à parfois ranger son arme, et même à parler à des gens. Incroyable, mais vrai. On comprend alors tout de suite pourquoi Deus Ex était révolutionnaire ! Mais s'il a acquis au fil du temps une telle aura, c'est pour les sensations assez particulières qu'il procure. Imaginez un peu : un monde où les conspirations mondiales sont à tous les coins de rues, où chaque habitant parle de la même voix monocorde, et où même les idées les plus débiles peuvent marcher pour parvenir à ses fins. Un jeu légendaire pour une expérience hypnotisante. Il aura fallu attendre 2011 pour avoir enfin une suite dénommé Deus Ex 2 : Human Revolution (troll). L'occasion pour moi de refaire Deus Ex, afin de me remettre dans l'ambiance. Et oui, si j'avais bien joué à Deus Ex à l'époque, je ne l'avais fini qu'une seule fois. De quoi aussi me permettre de voir si Deus Ex 1 mérite bien son statut de jeu légendaire, si il n'a pas trop vieillit, et si Human Revolution sera une bonne suite.
Mais d'abord, je vais m'intéresser à une des premières questions qu'on pose toujours à propos de Deus Ex : Le jeu datant d'une bonne dizaine d'année, comment faire pour le rendre un peu plus acceptable visuellement ? On recommande alors généralement le patch Directx 10 et le pack de texture HD. Personnellement, je ne garderais que le patch Directx 10 qui permet de rajouter des effets de lumières, de changer le format de l'image, et autres petits détails. Je ne trouve pas que le jeu ait des textures particulièrement mauvaises qui vaillent alors le coup d'être changé. Si le jeu peut être effectivement considéré comme moche, même au vu de sa vieillesse, je pense que c'est d'avantage lié aux décors qui peuvent être parfois assez vaste mais vide, ainsi qu'aux animations bien pauvres. De toute façon, vu qu'il s'agit du moteur 3D d'Unreal 1, il faut bien comprendre qu'il n'y a pas de miracles possibles.
Mais rentrons dans le vif du sujet. Deus Ex nous met dans la peau de JC Denton, un agent de l'Unatco fraichement débarqué, alors que le monde est en proie à une nouvelle épidémie : la peste grise. Notre première mission va être d'entrer en contact avec un des chefs des NSF, un groupe de terroriste qui vient de prendre en otage un agent de l'Unatco et de détourner une de leurs cargaisons. Notre aventure commence non loin de la Statue de la liberté, alors que notre frère Paul nous fait le briefing de notre première mission. Dès lors, il nous fait bien comprendre qu'il n'est pas question de rentrer dans le tas, mais de faire preuve d'un peu de tactique, en commençant par exemple par choisir une des trois armes qu'il nous propose : va-t-on prendre le fusil d'assaut qui nous permet de garder nos distances par rapports aux ennemis, va-t-on choisir le lance roquette pour nous débarrasser des robots sentinelles qui patrouille dans le secteur, à moins que l'on préfère l'arbalète qui a le mérite d'être silencieuse ? Le plus grand leitmotiv de Deus Ex est d'avoir plusieurs choix possible pour surmonter un même obstacle. Et il nous le prouve dès le début. Rien de bien sorcier cependant, puisque cette fameuse prise d'otage consiste à devoir affronter quelques terroristes qui patrouillent mollement autour de la Statue de la liberté. Mais il est toujours possible de se faufiler dans l'obscurité et derrière les murs pour parvenir à notre destination sans se faire repérer, les ennemis n'étant pas particulièrement farouche. J'entends par là qu'ils ne nous remarquent pas si on est un peu éloigné (un peu comme dans la série des Metal Gear). Une mission plutôt facile mais qui va mettre en avant quelques points particuliers du jeu. Tout d'abord, l'aspect jeu de rôle. On remarque bien sûr la présence d'un inventaire à gérer, dans lequel il faut tasser armes, kit de soins, cellules énergétique, armures, vivre, et divers trucs débiles comme des paquets de clopes (qu'on prend soin de jeter juste après, n'est ce pas ?). Mais c'est aussi un système d'expérience à gérer, de façon assez original d'ailleurs, car on ne gagne pas d'expérience en butant des ennemis à la chaine, mais en réussissant des missions où en découvrant des passages plus ou moins secrets. Des points d'expériences à dépenser dans différentes catégories, assez nombreuses d'ailleurs. Nos armes aussi peuvent être améliorées grâces à différents kits qui peuvent augmenter leur précision, diminuer le temps de rechargement, ou augmenter le nombre de munitions par cartouche. Des améliorations qui vont être bien vite nécessaire, car si JC Denton est supposé être un agent nano-modifié surpuissant, il faut bien reconnaitre qu'au début, c'est un peu un gros sac qui a la main qui tremblote dès qu'il s'agit de tenir une arme. Et si cette arme est un fusil sniper, on ne peut pas dire que ce soit bien pratique.
Mais nous voici enfin face à notre objectif. L'occasion alors de lui parler et de choisir aussi ce qu'on va lui répondre. Va-t-on chercher à comprendre ses motivations ou se dire que c'est de toute façon un terroriste qui va nous mentir ? Là encore, c'est à nous de choisir. Mieux encore, que ce n'est pas des choix gadget qui vont faire joli, mais bien des choix qui vont avoir des répercussions plus tard dans le jeu. Il s'agit là encore d'un des points assez révolutionnaire de Deus Ex qui a marqué les esprits. Des dialogues dans un fps orienté aventure, c'est déjà quelques choses, mais si en plus, il faut y faire attention afin de savoir quoi répondre, autant dire que les habitudes sont grandement chamboulés. Quoiqu'il en soit, à l'issue de cette discussion, notre mission se termine. Je dois alors faire mon rapport au QG de l'Unatco, qui se trouve à... une cinquantaine de mètre de ces événements. Donc, oui, l'attaque des NSF s'est faite juste à coté du centre de l'Unatco. Non, on ne peut pas dire que ce soit bien normale, mais après tout, c'est aussi un point qui va marquer notre expérience du jeu même si on ne s'en rend pas forcément compte : le level design. Si Deus Ex utilise le moteur d'Unreal 1, il s'avère qu'il a aussi un peu le même esprit dans sa construction des niveaux : assez vastes, très riche en passages secrets et en chemin possible, quitte à ce que l'environnement ne soit pas toujours très crédible, surtout pour le cas de Deus Ex. On a beau être dans un univers futuriste remplie de nano-technologie et de robots, on trouve encore des passages secrets dans des murs en pierres, en appuyant sur la bonne brique qui va déclencher le mécanisme d'ouverture. C'est un peu comme si on avait mélangé l'univers de Blade Runner avec les Chevaliers du Labyrinthe. Ha oui, si les level designers de l'époque étaient exceptionnelles, il leur arrivait parfois d'être un peu sous acide.
Le gameplay de Deus Ex n'est pas excessivement complexe. On assimile assez vite son principe et ses exigences. Et l'un de ses plus grands principes est « le choix » : On doit choisir notre manière de résoudre tel conflit, on doit choisir quel partie on veut prendre, on doit choisir ce que va répondre aux personne durant une discussion, on doit choisir qu'elles vont être nos améliorations... Dans Deus Ex, on ne peut pas être tout à la fois. Ceci peut se révéler parfois frustrant vis-à-vis des rpg américains classiques qui eux aussi nous donnaient beaucoup de libertés. Mais ça a tout de même un avantage : ça donne beaucoup plus d'intérêt lorsqu'on souhaite refaire une nouvelle partie. Si on souhaite rejouer à Deus Ex, ce n'est pas pour essayer un niveau difficulté plus élevé, mais pour choisir un autre chemin. Par exemple, lorsque j'ai découvert pour la première fois le jeu (en 2001 environ), j'étais resté avec l'Untaco tout le long du jeu. Pour cette nouvelle partie, j'ai choisi de suivre les NSF lors de ma rencontre avec Juan Lebedev. Et c'est alors que je découvre des missions totalement différentes, et mêmes des niveaux différents, ainsi qu'une autre vision des événements. Ce qui pouvait sembler trop ambitieux et casse gueule s'avère être une réussite et un véritable tour de force.
On a ainsi un nombre de chemins « scénaristiques » possible assez conséquent, ce qui est d'autant plus remarquable pour un premier essai. Demandez à un fan de Deus Ex ce qui lui plait le plus dans ce jeu, il y a de fortes chances que ce soit les possibilités en termes de choix scénaristique qu'il réponde. Attention, je parle bien des choix scénaristique et non du scénario en lui-même. L'histoire n'est pas mauvaise, elle nous plonge au plein cœur d'un complot mondial avec des conspirations qui menacent l'équilibre du monde. Ca rappelle beaucoup les forums qui traitent de l'actualité avec, vous savez, ces gens qui voient dans tout et n'importe quoi des lobbys sionistes, franc maçons ou illuminati qui « tirent les ficelles du gouvernement ». Je vous rassure, Deus Ex n'est pas aussi pénible qu'eux, bien au contraire. Mais il lui arrive d'avoir une ambiance, disons assez particulière. L'environnement et le moteur 3D emprunté d'Unreal est déjà une chose, mais c'est en plus le musicien Alexender Brandon que Deus Ex récupère ! A lui tout seul, il donne une identité musicale au titre que chaque personne retiendra au fil de sa partie. En revanche, le doublage est plus fantaisiste. Disons qu'on sent vraiment que les doubleurs ont été obligé de faire leur travail en ayant absolument aucune idée de la situation des personnages. Ca aurait pu donner un doublage juste nul, comme par exemple le fameux « A bomb » de JC, mais il fallait en plus que strictement tout le monde parle de façon parfaitement monocorde. Et ça, c'est la cerise sur gâteau, le petit truc, le je-ne-sais-quoi, qui donne une ambiance absurde à Deus Ex. Je ne sais pas si je vais froisser ceux qui ont été vraiment à fond dans le scénario, mais pour moi, c'est presque du Ionesco. Ou alors, j'ai trop regardé de vidéos de détournements débiles, allez savoir. Et ce n'est pas le fait d'avoir d'énormes caisses en bois un peu partout contenant toujours un seul objet qui va arranger les choses.
Un point sur lequel le jeu est véritablement chiant : le level design (encore). Je m'explique. Que le début soit un peu mollasson, je peux comprendre, mais que les derniers niveaux soient une succession de « missions d'infiltrations en territoire ennemi » pénible, là je gueule un peu. Dans Deus Ex, on visite plusieurs villes qui servent généralement à récupérer des missions ou à faire des missions un peu pépères. C'est ensuite qu'on peut être amené dans un territoire ennemi où il faut se la jouer « infiltration » ou « action », mais pas « dialogue » comme dans les villes. On visite alors un New York sympa, un Hong Kong excellent, un Paris moyen, et une dernière partie légèrement lourdingue. En gros, le début et la fin de Deux Ex sont un peu nul. Ce n'est pas excessivement gênant, car le jeu doit bien durer une bonne vingtaine d'heures, mais tout de même. On a un peu tendance à oublier ce fâcheux point. Mais après tout, c'est bien normal, sinon, on ne serait plus des fanboys.
Alors oui, Deus Ex mérite bel et bien son statue de jeu légendaire. Les fans ont souvent tendance à oublier les lourdeurs qu'il peut avoir, mais il a amené tellement de bonnes choses qu'on peut lui excuser bien des soucis. Après, je peux tout à fait comprendre qu'on puisse rester indifférent à son univers, trouver le gameplay frustrant, ou tout simplement ne pas trouver le jeu particulièrement fun. Moi-même, j'ai largement préféré depuis l'univers que proposait un Vampire Bloodline pour rester dans le même genre. De même, un System Shock 2 m'a plus pris aux trippes, car plus immersifs et plus régulier dans sa qualité (ce qui vaut aussi pour Bloodline d'ailleurs). Mais qu'on soit bien d'accord, Deus Ex est bien le jeu légendaire qu'on connait. Il s'agit juste en revanche de ne pas oublier d'autres jeux du même genre qui sont en fait tout aussi bon, ce qu'on aurait un peu trop tendance à faire. Maintenant, il ne me reste plus qu'à continuer ma partie de Deux Ex : HR. Pour l'instant, c'est du tout bon, bien qu'avec pas mal de différences. Je le trouve même supérieur à Deus Ex 1 sur de nombreux points. Mais ça, ça sera pour une prochaine fois.