En dégainant Hitman Go sur mobile, Square Enix a prouvé qu’il était possible d’adapter efficacement le style 47 en mode tour par tour. Avec ses vastes niveaux remplis de trésors cachés, le très bon Lara Croft Go s’est focalisé sur l’exploration et les puzzles. Aujourd’hui, c’est au tour de la licence Deus Ex de se décliner en version Go. Librement inspiré du gameplay de Human Revolution et de Mankind Divided, ce Deus Ex Go avait tout pour séduire… sur le papier.
En 2000, le paysage vidéoludique est totalement chamboulé par l’arrivée d’un certain Deus Ex, brillante synthèse des glorieux System Shock et Thief. En combinant des éléments de FPS, d’infiltration et de jeu de rôle, le tout enchâssé dans un univers cyberpunk d’une richesse peu courante, le chef-d’oeuvre de Ion Storm a marqué au fer rouge toute une génération. Après un second épisode poussif, Deus Ex : Human Revolution ressuscite avec succès la licence et la fait connaître auprès du public console. Si de nombreux aspects RPG passent à la trappe, le scénario reste béton et l’action devient réellement spectaculaire. C’est alors qu’une première version mobile déboule dans les stores, Deus Ex: The Fall, tentative louable mais ratée d’adapter directement la nouvelle recette aux écrans tactiles… Heureusement, Deus Ex Go ne persiste pas dans cette voie et opte pour un concept simplifié inspiré de Hitman Go.
Autant le dire tout de suite : ceux qui avaient apprécié le level design ample et majestueux de Lara Croft Go risquent d’être déçus. En comparaison, les niveaux de Deus Ex Go paraissent plats et étriqués, avec des décors minimalistes et un code couleurs redondant (pour le coup hérité de Human Revolution). Comme dans les labyrinthes dessinés derrière les boîtes de céréales, il s’agit de relier un point A à un point B, en esquivant / éliminant quelques ennemis croisés en route. Évidemment, plus facile à dire qu’à faire ! Attention à bien analyser les patrouilles des gardes et à utiliser les pouvoirs (invisibilité, piratage des tourelles… c’est à peu près tout) au moment opportun, pour ne pas se faire envoyer au tapis à coup de taser. Pas d’“énigmes” à proprement parler donc, juste une succession plutôt agréable de niveaux-puzzles à la difficulté progressive. La fonction de retour en arrière et les solutions intégrées évitent de se retrouver bloqué.
Parfaitement anecdotique, le scénario met en scène une poignée de personnages qui se contentent généralement de quelques bavardages. L’absence d’embranchements narratifs empêche le joueur de se sentir concerné par l’histoire qu’on lui impose. Si l’esthétique de Human Revolution est fidèlement reproduite, avec une panoplie d’animations de combat assez chouettes, Deux Ex Go reste un simple puzzle game. Tout ce qui faisait le sel de la licence a disparu. Le manque de diversité des menaces rencontrées et des moyens pour y faire face donnent vite l’impression de tourner en rond. Pour autant, la durée de vie est correcte grâce à un éditeur de niveaux qui permet de relever les nouveaux défis quotidiens concoctés par la communauté. Bonne nouvelle : les bonus payants s’avèrent totalement dispensables. Ouf. Loin d’être indigne mais peu ambitieux, Deus Ex Go reste un “petit jeu” à réserver aux trajets en transports en commun.
Davantage destiné aux mordus de puzzle games qu’aux fans de la fameuse licence hybride, Deus Ex Go remplit son cahier des charges sans trop se fouler la cheville. Techniquement solide mais artistiquement pauvre, le troisième jeu Go de Square Enix a clairement manqué d’ambition. Au regard de la richesse de l’univers, on ne peut que s’en attrister.
Test initialement rédigé en octobre 2017