Je me souviens, lorsque ce jeu a été annoncé, la hype était MO-NU-MEN-TALE. Sérieusement, les premiers traillers m'avaient tout simplement fait baver. On y présentait un monde cyber-punk au bord de l'implosion avec un personnage ultra charismatique, une très bonne direction artistique, des pouvoirs super bad-ass et il y avait ce plan, qui me fait encore frissonner, du héros en train de démolir un mur à mains nues au ralenti pendant que tout le monde essaye de le canarder. Ouaip, Deus Ex : Human Revolution est un jeu que j'ai attendu de pieds fermes, uniquement basé sur les bandes annonces.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que, lorsqu'un projet m'intéresse, je m'isole de tout spoil potentiel et je refuse d'en voir la moindre image ou d'obtenir la moindre info afin de rester vierge de TOUTE surprise. Et donc, forcément, quand je l'ai acheté le jour de sa sortie, j'ai été déçu.
Déjà parce que j'y jouais sur Xbox 360 avec des graphismes revus à la baisse mais surtout, je me suis retrouvé assommé par sa difficulté. N'ayant jamais touché le premier opus et en me fondant sur l'unique bande-annonce que j'avais voulu regarder, je m'imaginais Deus Ex comme un petit FPS un peu bourrin, avec de vagues options RPG et un level design de dingue (je n'ai pas pu échapper à cette info).
Parmi les choses qui m'ont déçu lors de mon premier contact, c'est que le jeu est étrangement radin avec nous. Les munitions sont distribuées au compte goute, les améliorations n'ont (au départ) rien de significatif et il suffit de quatre balles pour terrasser notre héros.
Toujours dans les facteurs de déception mais beaucoup plus subjectif, c'est ce fameux level design. Je n'ai pas le sens de l'orientation. Sans l'indicateur d'objectif, je passerai mon temps à tourner en rond, à airer sans but et à piétiner à l'infini le même cadavre qui git dans le couloir depuis deux heures. C'est triste mais je suis comme ça. Et donc, l'idée des chemins alternatifs, oui. Mais mon problème, c'est surtout que je les trouve toujours en retard, quand ils me ramènent en arrière et que je me dis "tiens, j'aurais pu passer par là au lieu de déclencher 17 alarmes et tuer la totalité du complexe par dépit...". J'étais encore un peu trop jeune, je pense, pour ce genre de jeux.
Mais voilà, la version director's cut est sortie, entre temps, je me suis pris un PC capable de le faire tourner et de l'eau a coulé sous les ponts. Du coup, quasiment tous les points négatifs que j'ai énumérés plus haut sont devenus des qualités. Déjà parce que l’œuvre est très immersive, qu'elle nous offre une vraie liberté d'action et qu'elle ne tombe jamais dans la facilité grand public qui envahit le monde vidéo-ludique depuis un peu trop longtemps. J'aime beaucoup les choix, l'approche psychologique des dialogues et l'idée de pouvoir tuer quasiment n'importe qui sans qu'on vienne me le reprocher pour autant. J'aime beaucoup aussi les possibilités d'approche : infiltration, hackeur, bourrin etc... Personnellement, j'essaye de combiner les trois en même temps. Tuer les ennemis un par un tout en faisant en sorte de me faire repérer le moins possible et, dans la mesure du possible, prendre l'avantage grâce aux robots et aux tourelles (ça vous intéresse pas ?.. Tant pis).
La BO est sympathique, jouant de quelques nappes éléctro discrètes avec des percussions bien grasses mais voilà... L'heure est venue de parler scénario.
Alors, pour un jeu qui se vendait comme un des meilleurs des scénario de JV de tous les temps, que même lorsqu'on clique sur le mode facile, le cadre nous dit "pour ceux qui souhaitent simplement profiter d'un scénario bien développé"... Non. Je suis cinéphile et j'aimais bien lire dans ma jeunesse. Et tout ce qui est présent dans Deus Ex existe déjà ailleurs, à tel point que l'écriture du jeu ressemble beaucoup plus à une accumulation de références et autres clichés qu'à une véritable œuvre à part entière. Il y a tellement d'emprunts que sans sa direction artistique, le jeu n'aurait pas de personnalité. Ca et puis le thème de la conspiration mondiale, plus le nom donné aux conspirateurs... J'en ai encore mal au front.
Mais bon, Deus Ex me rappelle aussi qu'on ne joue pas à un jeu pour son scénario, même si j'aimerai vraiment voir venir le jour où ce travail sera aussi pris au sérieux que dans les films ou les romans. Un jour où ce média aussi se fera traiter pour son manque d'originalité et qu'enfin les développeurs prendront la peine d'écrire quelque chose qui leur appartient, tout en prenant la peine d'y inclure le moins de clichés possibles.
Mais voilà, ma critique touche à sa fin et malgré tout le mal que j'ai pu dire du jeu, il reste très bon. Les heures que vous passerez dessus, pourvu que vous vous armiez d'un poil de patience et d'une grande concentration, fileront à une vitesse hallucinante. Bien que bourré de clichés et de références, l'histoire ne manque pas d’intérêt. Mais surtout le gameplay est un plaisir. Passez outre la petite latence entre le moment où vous cliquez et le moment où votre personnage tire et vous aurez là un divertissement de grande qualité qui, aujourd'hui encore, peut vous priver de votre vie sociale. Je vous le recommande, à vous, joueurs matures en quête d'un jeu exigent qui ne vous fait que peu de cadeaux, mais surtout, qui ne vous enfle pas. On en a vraiment pour son argent.