J'avais beaucoup aimé Human Revolution, mes attentes étaient donc assez élevées concernant Mankind Divided. J'espérais retrouver le même genre de jeu mais en version nettement améliorée, gommant ainsi les défauts du précédent épisode. J'attendais donc un Human Revolution avec des graphismes améliorés et un gameplay affiné, bref j'attendais que l'on sente le bond technique grâce à la nouvelle génération de consoles.
Et en fait non. Mankind Divided s'inscrit dans le prolongement pur de Human Revolution, sans arriver - sans chercher en vérité - à corriger ses quelques défauts. Dans un premier temps j'ai trouvé cela très décevant, dans le sens où l'équipe de développement donne l'impression d'avoir déjà atteint ses limites. En plus le début du jeu est très laborieux, on a du mal à raccrocher les wagons par rapport au final de Human Revolution (les choix finaux ne sont pas pris en compte ici), le rythme est mal découpé, on ne comprend pas les enjeux, et on est parachuté dans une nouvelle ville (Prague) sans savoir quoi faire précisément...
J'ai vraiment eu du mal à trouver mes marques, et à retrouver ce que j'avais apprécié dans le précédent Deus Ex qui dans mes souvenirs part sur une situation et des enjeux très clairs et très forts dès le début. On se sent tout de suite impliqué dans l'histoire, dans l’environnement, le level design, avec les autres personnages. Alors qu'ici pas du tout, ou si peu : toute la phase d'exposition est vraiment ratée.
Heureusement, peu à peu le jeu arrive à trouver son ton et on renoue avec un certain plaisir avec tout ce qui faisait le charme du précédent épisode. A savoir un level design intéressant - bourré de possibilités d'approche différentes - et un univers étrange et fonctionnel, qui ne vend pas du rêve à la première approche mais devient immersif en invitant à l'exploration, encore une fois par la magie d'un level design ouvert et truffé de recoins, mais aussi par des enjeux intéressants qui passent d'ailleurs le plus souvent par les quêtes annexes. C'est donc toujours un plaisir d'explorer et d'évoluer dans ce Deus Ex, avec cet effet boîte à jouet assez particulier, où tout semble artificiel mais disposé dans un but précis, étroit mais familier et attachant.
L'étrangeté de ce Mankind Divided a toutefois toujours fini par me rattraper. L'histoire manque clairement d'un véritable but, on a l'impression d'errer en vain, ça manque de substance et l'exploration est moins récompensée qu'avant (les mails n'ont strictement aucun intérêt, et le piratage à tout va ne débouche pas sur grand chose - contrairement à Human Revolution où l'infiltration des bureaux des collègues de Jensen était une histoire en soi), les trois quarts des objets et des compétences ne servent à rien - en mode furtif en tout cas - bref l'intérêt de fouiller pour trouver un item utile est nul, et les quêtes secondaires sont souvent plus palpitantes que la trame principale.
D'ailleurs, la fin arrive comme un cheveu sur la soupe, et donne l'impression d'avoir eu juste un bout du scénario final. Mankind Divided nous laisse ainsi sur un étrange paradoxe : un bon jeu décevant, avec un goût de trop peu et qui se termine bien trop vite alors qu'il est sans doute aussi long que son aîné.
Je pense vraiment que tout tient dans le manque de substance de l'univers, avec ses enjeux flous et ses personnages désincarnés. A mon avis ce dernier point est plus qu'un simple détail : les relations entre Jensen et ses collègues sont ratées, elles sont construites sur du vide, sur du hors champ, sur un truc qui s'est déjà passé avant le jeu et dans lequel on n'a jamais été invité. On se sent comme un intrus, détaché, pas toujours concerné par ce qui se passe. Donc, oui, le gameplay et le level-design sont toujours aussi bons, mais une étrange zone de flou entoure ce Mankind Divided.