Ah le progrès! Ces Augmentations, ces améliorations, ces patchs, ces jeux finis à la pisse... Oui tout n'est pas rose dans le progrès, surtout dans l'univers vidéoludique. Désormais pour finir un jeu, il faut attendre la sortie d'un patch. Tout va vite dans le progrès et le temps c'est de l'argent. Pourquoi vérifier si un jeu fraîchement développé fonctionne correctement lorsque l'on sait qu'une petite mise à jour pourra corriger un éventuel problème? Personnellement je préfère les jeux «naturels», ceux qui n'ont pas besoin d'une augmentation pour fonctionner. Vous l'aurez compris, ce test est écrit avec la mise à jour 1.03 de Deus Ex: Mankind Divided, sinon il m'aurait tout simplement été impossible d'écrire d'avantage que cette introduction.
Une histoire d'illuminés.
Deux ans après les événements de Human Revolution, Adam Jensen intègre la Task Force 29 d'Interpol afin de faire la lumière sur les différents attentas qui secouent la capitale tchèque. Les Augmentés sont traités avec méfiance, voir mépris depuis l'Incident de Panchaïa. A tel point qu'une ségrégation s'est installée entre ces derniers et les humains 100% bio. C'est dans ce contexte tendu que notre cyborg aux lunettes de soleil incrustées va devoir enquêter. Mais comme les Illumniatis sont partout, Jensen va devoir jouer les agents double pour le compte de Janus, le chef d'un groupe de hackers activistes.
Je ne vais pas m'attarder plus longuement sur le pitch de départ, mais malgré un scénario complexe, il sera facile de faire toute la lumière sur le déroulement de l'histoire sans être perdu. Un peu trop facile à cerner d'ailleurs, vu que les retournements de situation seront prévisibles longtemps à l'avance. Cela n'empêche pas à Mankind Divided de proposer une intrigue palpitante où même les quêtes annexes sont prenantes. Elles donnent de l'épaisseur à cet univers sombre et crédible (trop crédible?) et distillent des informations supplémentaires sur le passé d'Adam. Le jeu regorge de renseignements sous forme d'ordinateurs à pirater et de journaux ou de dossiers à lire pour s'immerger encore un peu plus dans l'histoire. Pour tous ceux qui auraient fait l'impasse sur Human Revolution, sachez qu'il n'est pas obligatoire de posséder ce dernier pour comprendre tous les tenants et aboutissants puisqu'un résumé sous forme d'une cinématique longue de 12 minutes est disponible avant de démarrer l'aventure. En ce qui concerne le système de choix dans les dialogues, c'est encore très limité. Les conséquences de nos décisions n'ont que trop peu de répercussions sur la suite des événements. Dommage également que le final ne réponde pas à toutes les questions soulevées forçant le joueur à prendre son mal en patience avant une éventuelle suite et/ou DLC.
Belles améliorations.
Sans être révolutionnaire par rapport à l'opus précédent, Mankind Divided propose des ajustements de gameplay permettant aux habitués des FPS modernes de trouver leurs marques rapidement. Il sera possible de choisir dès le départ pour une configuration des touches standard. Le système de couverture et de visé à couvert sont devenus intuitifs. Pour le reste, rien n'a changé. Adam gagne de l'expérience en fonction des objectifs ou des actions qu'il entreprend (exploration, piratage, lire des documents) permettant de gagner un point Praxis. Une fois ce dernier acquis, il pourra être dépensé dans les Augmentations de Jensen afin d'améliorer ses compétences allant de l'invisibilité, au piratage à distance, ou à la capacité de respirer du gaz mortel etc. Les Augmentations sont plus nombreuses que par le passé. Au joueur de choisir de faire d'Adam un agent spécialisé dans l'infiltration ou une machine de guerre.
Tout un éventail d'armes est disponible allant du pistolet, au fusil de sniper/à pompe/d'assaut, en passant aux différentes grenades (fragmentation, à gaz, fumigènes),mines et autres munitions (perforantes, IEM, normales). En récupérant des pièces détachées, on pourra améliorer son armement ou créer de nouveaux objets, comme par exemple une puce biocellulaire permettant de recharger ses batteries ou un outil de piratage tout droit sorti du premier Deus Ex. Pour se faire, le level design a été étudié en conséquence avec plusieurs chemins pour se rendre à un même endroit ou contourner une situation. En général un mur fissuré ou une grille d'aération fera l'affaire. Malheureusement l'IA n'est pas du même niveau. Cette dernière est vraiment trop archaïque et loin des standards actuels. En jouant à Deus Ex: Mankind Divided, on a l'impression de rejouer aux premiers Metal Gear Solid avec des gardes qui ne voient pas plus loin que leur cône de vision alors que l'on est parfaitement visible face à eux. Ces derniers feront demi-tour comme si de rien était, après que le timing de l'alerte se soit écoulé alors que gisent sous leurs pieds les corps d'une demi douzaine de leurs collègues.
Ce n'est qu'un prototype?
Il n'y a pas que l'intelligence artificielle du jeu qui soit d'un autre âge, sa réalisation générale l'est tout autant. Sans être moche, Mankind Divided dispose de graphismes peu flatteurs avec des textures en extérieurs assez pauvres. La direction artistique est moins inspirée que dans le précédent opus et manque de variétés. Seul Golem City sort véritablement du lot, même si les joueurs de Killzone: Shadow Fall vont avoir comme un sentiment de déjà-vu. Certains PNJ sont composés de textures grossières quand d'autres, beaucoup plus importants pour l'intrigue, sont très bien modélisés. Lors de certains dialogues la comparaison est flagrante.
Toujours dans les phases de discussions, on pourra reprocher un doublage un peu trop surjoué (tout comme les animations gestuelles des protagonistes), une synchronisation labiale complètement à la ramasse et un mixage sonore exécrable. Parfois il sera difficile de comprendre un mot de quoi que ce soit et inversement lors de séquences cinématiques (pas in-game), le mixage des voix est tellement fort qu'il oblige le joueur à baisser le volume. Vraiment pénible! Les musiques quant à elles sont agréables, parfaitement dans le ton et beaucoup plus variées qu'auparavant avec quelques pistes qui raviront les oreilles des nostalgiques. Malgré le fameux patch dont j'ai mentionné en introduction, les temps de chargement en métro restent assez longuets, des bugs sonores ou de collisions sont toujours de la parties et le frame rate souffre constamment lors de promenades dans la ville de Prague. Difficile de pardonner toutes ces lacunes durant les 25 heures de jeu nécessaire pour boucler l'aventure une première fois, quête secondaires incluses.
Les PLUS:
- Un scénario prenant.
- Une jouabilité remaniée.
- Un gameplay riche.
- Une bonne durée de vie.
Les MOINS:
- Mixage sonore foiré.
- Réalisation générale datée.
- IA basique.
- Pas très fluide.
Deus Ex: Mankind Divided plaira aux fans de l'épisode précédent et aux amateurs de jeux proposant un gameplay riche, une intrigue solide et une ambiance unique. Mais est-ce suffisant pour faire oublier tous les énormes défauts du titre? Le jeu d'Eidos Montréal est sorti beaucoup trop tôt et ça se ressent. Il serait peut être temps messieurs les développeurs d'apprendre à finir vos jeux avant de les sortir, si vous voulez une augmentation.