Devil May Cry HD Collection par ngc111
Série culte de la Playstation 2, Devil May Cry a eu droit comme beaucoup d'autres aux honneurs de la PS3, par le biais d'un nouvel opus (le quatrième), mais aussi à l'occasion d'une compilation des trois opus précédents. Puisqu'il faut bien commencer par les "ajouts" de cette version potentiellement ultime, on dira poliment que le travail accompli n'est pas extraordinaire ; bien sûr les jeux sont en HD et d'une fluidité remarquable mais difficile de ne pas être gêné par les séquences cinématiques horriblement compressées (et au format boîte aux lettres du premier). Ces scènes ne sont déjà guère intéressantes et l'on doit en plus supporter leur qualité technique exécrable. On notera aussi des menus miséreux et pas bien remplis en bonus.
Mais passons désormais au plat de résistance, et ce qui demeure l'élément le plus captivant, les jeux en eux-même !
Devil May Cry l'original est sans doute le meilleur opus de la trilogie ; il présente un gameplay simple, dynamique, moins riche que ses successeurs certes, mais a pour lui moult atouts. Tout d'abord c'est le seul épisode à comporter un level design réussi, cohérent, bâti autour d'une structure unique (un château) qui lui confère une atmosphère dérangeante mais qui devient vite familière grâce à l'agencement intelligent de ses pièces et corridors. On progresse dans les lieux en lisant quelques grimoires nous narrant les maléfices touchant l'endroit et le suzerain, et l'on assiste à la transformation graduelle du décor, au changement d'ambiance qui nous plonge de plus en plus au cœur du mal. Une vrai réussite ponctuée de musiques divines qui nous plongent dans un environnement gothique angoissant.
Le chara design est impeccable avec un personnage féminin sexy et ambiguë dans ses intentions, des boss mémorables (le chevalier notamment) mais l'on ne peut s'empêcher de trouver le bestiaire peu varié et regretter le fait de devoir affronter plusieurs fois les même "généraux" ennemis. La difficulté est bien présente dés le mode normal et pas toujours très bien calibrée (le boss de fin et sa deuxième forme ridiculement facile) même si l'on a le sentiment de progresser à chaque échec.
Ce premier coup d'essai pour Dante séduit donc malgré des défauts évidents, grâce à un cachet unique et un challenge séduisant. Son gameplay prend un coup de vieux mais son enveloppe reste lumineuse.
La suite arrive avec Devil May Cry 2 et là... patatra ! Dante est muet, les personnages secondaires sont tous horribles (Lucia et le méchant principal en tête), l'environnement urbain/industriel déçoit (tant par son level design insipide que par ses décors moches), le bestiaire est raté de bout en bout (ennemis inoffensifs, fades dans leur design) et la facilité est déconcertante tant elle s'éloigne des standards de la série.
Jouer à DMC 2 c'est se coller à un tank qui ne peut de fait vous attaquer et le matraquer pendant 30 secondes jusqu'à ce qu'il explose, en obtenant un honteux rang S acquit presque malhonnêtement.
DMC 2 n'est pas décevant, il est mauvais !
Les seuls mérites que l'on peut lui accorder sont un gameplay légèrement supérieur au premier (le changement d'arme à feu en plein combat), un système de personnalisation par amulette bien pensé et une deuxième aventure avec le personnage féminin de l'histoire (Lucia) qui a le mérite de proposer des passages inédits. Malheureusement c'est une séquence sous-marine qui à le mauvais goût d'être moins jouable que celle du précédent opus.
On lance Devil May Cry 3 en priant pour que l'éveil de Dante soit plutôt son réveil, et là c'est le soulagement ! Le changement d'arme à feu en plein combat se voit répercuté sur celui des armes blanches, permettant des combos de folie, qui sortent plus facilement. Les développeurs ont eu la bonne idée d'intégrer visuellement une barre de style permettant de voir où l'on en est dans notre quête du rang S. Bref le dynamisme est plus que jamais de mise, les esquives sont encore plus fluides et rapides et l'on retrouve du plaisir et de la technicité.
Car malgré ces ajouts qui auraient pu rendre le jeu encore plus évident que le 2, les combats retrouvent une technicité perdue grâce un bestiaire plus vicieux, des boss au patern moins lisible ; la difficulté suit le mouvement avec une barre de vie qui diminue vite face à certains boss et un début de jeu implacable.
Le gros problème vient de la difficulté très mal calibrée, pas dut tout progressive ; on aura tôt fait de buter sur un ennemi redoutable (au hasard l'espèce de succube) avant d'étriper du premier coup des monstres qui arrivent plus tard dans le jeu (le père de Mary par exemple).
Et si d'une manière générale ce dernier volet de la trilogie PS2 est un plaisir à jouer et un vrai challenge pour le hardcore gamer qui sommeille en chacun de nous, il n'arrive pas à la hauteur du premier dans le cœur du joueur. La faute à un chara design à moitié réussi (Virgile, les gardiens, le cerbère...) ou à moitié loupé c'est selon (le père de Mary, le bouffon Jester...), à des environnements variés, certes, mais sans aucune cohérence ni identité. On traverse les endroits sans vraiment comprendre où l'on va, dans quel but, ni pourquoi il y a tel ou tel élément de décor en tel lieu. Le patchwork n'est pas horrible mais pas marquant.
En conclusion ce DMC 3 est un régal à jouer mais ne fera pas vibrer le joueur qui aura vite envie de zapper les trop nombreuses cinématiques, qui soupirera de lassitude devant certaines longueurs qui s'étalent dans quelques chapitres, qui jettera sa manette en pestant contre une difficulté irrégulière. On aimera le finir, on aura pas forcément envie d'y revenir.
La synthèse de tout cela est que Devil May Cry aura connu des fortunes diverses, passant du génial aux bas fonds avant de retrouver de la hauteur à la force du gameplay, sans parvenir au faîte de sa gloire à cause de quelques racines démoniaques encore présentes. Un bilan positif empli de regrets.