Journal de bord de James Betaman :
Janvier 2017 :
Me voilà à Angers, au grand festival des Premiers Plans d’Angers pour trois jours. Avec près de 150€ dans ma poche dû à quelques petits boulots, me voilà bouche bée devant la possibilité de m’acheter une Nintendo 64 pour 30€. Plus tôt dans le séjour, je m’étais acheté un micro studio d’occasion à 40€. Etait-ce raisonnable de m’acheter cette N64. J’ai appelé quiconque pourrait guider mon choix. Ma mère, ma sœur, des potes. Et puis je repensais à ma cartouche de Diddy Kong Racing au fond de mon placard avec Turok, deux jeux de mon enfance qui n’attendaient qu’une chose, que je m’achète cette putain de N64 pour que je puisse y jouer à mon retour.
J’ai fini par craquer et j’ai attendu la fin de la semaine avec impatience pour rentrer chez moi, brancher cette N64 et retrouver une part de mon enfance.
Le vendredi de la même semaine, le soir, je rentre chez moi. Ma sœur, toute aussi excitée que moi à rejouer à Diddy Kong Racing auquel nous jouions sans cesse enfants, n’attendit pas un instant. En courant, elle me guida vers ma chambre pour brancher la console. La console allumée, le voyage en enfance pouvait commencer.
Revoir le génie éléphant bleu, cette 3D dégueulasse (révolutionnaire à l’époque), ces niveaux, ces musiques, ces boss, les personnages (dont Conker, Banjoo). Bref, nous étions heureux et j’allais refaire mon nostalgique comme je l’avais fait en rejouant à Rayman, autre grand jeu de mon enfance (dont je suis aujourd’hui saturé à cause de sa difficulté ahurissante).
Vendredi 7 avril 2017 :
Encore un vendredi, c’est le début des vacances. Le vendredi de janvier était le vendredi du début, aujourd’hui, c’est le vendredi de la fin.
Non, je n’ai pas fini Diddy Kong Racing, je n’ai pas pu. J’ai réussi à aller plus loin que ce que j’avais fait jeune. Gosse, j’avais battu le boss final, mais je n’avais pas découvert le cinquième monde, le monde secret, celui de l’espace.
Quand je fais une critique d’un jeu, je veux y aller au bout. Je veux connaître toutes les parcelles du jeu pour en juger l’intégralité.
Mais je n’ai pas réussi.
Croyez-moi, j’ai forcé. J’ai passé des heures à combattre ce putain de dragon. J’ai passé des heures et des heures à tenter de vaincre ce putain de Wizpig. Et dans ma joie infernale d’avoir enfin pu battre ce boss final, j’avais oublié que j’avais encore un monde caché à finir. Un monde auquel je n’avais jamais joué. N’importe quelle personne aurait accueilli ce monde caché comme la possibilité de prolonger le plaisir du jeu, moi je l’ai reçu comme la suite d’un supplice.
Plus tôt dans ma partie, je m’étais rendu compte que je ne prenais plus aucun plaisir à jouer à Diddy Kong Racing. Seules mes rares victoires arrivaient à me procurer un certain plaisir, pour ensuite me replonger dans l’horreur d’un niveau quasi-impossible où j’y prendrai encore plusieurs heures.
J’en suis là. Je n’ai plus que deux niveaux, le vrai boss final, et je pourrai enfin finir Diddy Kong Racing. Mais je ne peux plus. Aujourd’hui, quand je joue à Diddy Kong Racing, je ressens ça comme une corvée. Un supplice à passer pour pouvoir faire une critique complète du jeu.
Mais je ne peux pas, c’est trop dur pour moi. Je suis un rageur, et ça, je ne peux rien y faire. J’ai gueulé cent fois sur ma console, j’ai insulté mille fois ce putain de Wizpig.
Et pourtant, je sais bien que c’est un bon jeu. Je sais bien que les niveaux sont remarquablement bien diversifiés, je vois bien que les musiques sont géniales, je vois bien que c’est un jeu fun.
Mais la difficulté n’avait aucune limite, et m’a patience en avait une, elle. Alors sur une ultime tentative, j’ai tenté de passer cet avant-dernier niveau. Il n’était pas plus dur que d’autres, j’avais connu bien pire. Mais c’était à cet instant précis, à ce moment où j’ai compris que j’allais devoir recommencer le niveau, que j’ai éteint la console, que j’ai allumé mon ordinateur, et que j’ai écrit cette critique.
Diddy Kong Racing, tu as beau être un jeu de mon enfance, j’ai beau être nostalgique quand j’y joue, je n’ai qu’une chose à te dire : va te faire foutre, t’es trop dur pour moi, j’en ai assez de persister.