Du gameplay vieillot mais une bonne histoire.

Bon, j'ai failli mettre 7, mais un jeu Digimon mérite toujours un petit point de notation en plus.
Que dire de ce jeu, ou plutôt, ce double-je ? Car oui, l'édition complète possède deux jeux complets, tournant autour de la même intrigue. Dans un Tokyo contemporain adepte de la réalité virtuelle, un mystérieux et inquiétant phénomène plongeant ses victimes dans le coma commence à se répandre.

Cyber sleuth nous propose de découvrir les intrigues et ramifications autour de cette histoire. Hacker's Memories, à travers d'autres protagonistes, nous propose d'en découvrir les contours, et la face cachée. J'ai personnellement fait Hacker's Memories en premier, suivi de Cyber Sleuth. Si l'intrigue principale du premier fut prenante, grâce à un personnage joueur fort sympathique et ses alliés intéressants, j'avoue avoir eu le sentiment de passer à coté des moments forts lors de l'intervention des personnages de Cyber Sleuth. Après avoir joué à ce dernier, me voici pris du désir de refaire Hacker's Mémories (en new game +) afin de profiter pour de bon de ces développements inédits.
Ainsi, l'un comme l'autre proposent une histoire fort intéressante, bourrée d'enquêtes et de Digimon intelligemment mêlé au Tokyo contemporain. Si nous avons un fil rouge à résoudre, le jeu propose des dizaines de courts récits alliant humains et Digimon. Ces missions sans rapport direct à l'intrigue permet néanmoins d'explorer de nombreuses facettes de notre société moderne. Les récits sont souvent humoristiques, mais parfois dramatiques, voir choquants. Les deux intrigues principales également ne sous-estiment pas leurs joueurs. La résolution impose d'importants sacrifices, et les nombreuses heures de jeu parviennent ainsi à nous sensibiliser au sort de nos protagonistes.

Ces personnages, parlons-en un peu. J'ai personnellement préféré ceux de Hacker's Memory, que j'ai considéré plus profonds que ceux de Cyber Sleuth. Encore une fois, j'ai eu le sentiment d'avoir affaire à des figures classiques du shonen japonais, écrit et dessinés dans l'optique de charmer le grand public : le grand beau, taciturne et solitaire, la fille belle et joviale (limite hystérique) dont l'optimisme parvient à toucher les cœurs de tous, la fille mignonne mais timide possédant une forte détermination, l'enquêtrice sensuelle intelligente et imperturbable ... A quand un jeu qui aura l'audace de nous proposer des personnages controversés et sortant de notre phase de confort ?
Bien entendu, nous finissons par nous attacher à ce vaillant petit groupe, mais bon, je ne peux m'empécher de relever cela.

Niveau jouabilité, le jeu souffre malheureusement de faiblesses difficiles à pardonner. Le jeu est très bavard, cela ne me dérange guère, comprenant que l'intérêt du jeu se trouve dans ses nombreux échanges et développement scénaristiques. Je regrette néanmoins la faible interaction que le joueur possède avec ses propres Digimon. Après tout, c'est également le point fort de la saga que d'avoir un lien très fort entre le protagoniste et son compagnon.
Le système de combat est classique, signifiant tour par tour, équilibre des forces et des faiblesses entre les types et attributs des Digimon. Ici, rien de choquant, Cybersleuth ne vise pas à révolutionner le genre. Le système d'évolution est équivalent à de précédents jeux de la saga. Les niveaux montent, mais il est parfois nécessaire de régresser sa créature pour mieux la faire évoluer plus tard. Cela correspond tout à fait à l'essence de Digimon, et nous épargne les tâches "Nourrir/Faire ses besoins/..." d'autres jeux de la saga.
Les décors sont mous et fainéants, du moins dans la partie digitale du jeu. Si les différents lieux de Tokyo sont bien rendus, les environnants digitaux sont peu inspirés. Nous comprenons bien que nous sommes dans un univers virtuel. Mais la direction artistiques aurait pu se montrer plus folle. Les décors semblent vides et bien peu intéressants lors de la traversée des donjons qui n'a d'intéressant que les combats aléatoires (hormis que pendant un long temps de jeu, les créatures affrontées restent ridiculement faibles et avares en EXP).
Enfin, le principal défaut est la nécessité de nous faire faire des allers-retours constants lors de la réalisation des quêtes parallèles. Impossible de les accumuler, chacune d'elle demande un passage obligatoire jusqu'à la planque du joueur. Même lorsqu'un personnage nous propose d'accéder à une requête, il nous demande de nous rendre à la planque pour accéder à celle-ci. Cela donne au jeu un sentiment de lourdeur souvent agaçant.

Ainsi, si le jeu propose des intrigues principales solides et des quêtes parallèles intéressantes, je le recommande principalement aux passionnés de la saga Digimon avant tout. Le nombre de créatures modélisées reste élevé, et parvient à faire vibrer notre cœur de fan. Malheureusement, il souffre de défauts souvent impardonnables comparés aux jeux réalisés à la même époque. Il reste néanmoins un bon jeu qui, quinze ans plus tôt, aurait été une véritable tuerie.

(Bon, au final, j'ai mis 7, car 8 me paraissait trop disproportionné).