Le pieu empalait la rondelle
Article réalisé à partir d’une clé Switch fournie par PLAION.Il y a deux ans paraissait Disgaea 6, un épisode que nous avions trouvé réjouissant pour son côté expérimental et ses parti-pris de...
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le 18 oct. 2023
Article réalisé à partir d’une clé Switch fournie par PLAION.
Il y a deux ans paraissait Disgaea 6, un épisode que nous avions trouvé réjouissant pour son côté expérimental et ses parti-pris de démesures dans tous les sens. Malgré ses qualités, le titre s’est révélé clivant, la faute, sans doute, à des potards poussés “un peu” trop loin. Avec Disgaea 7, Nippon Ichi Software semble bien avoir pris en compte les retours des joueurs pour repenser sa formule et ambitionne un retour aux sources à même de reconquérir ses fans. Exit la foire aux abus, on revient à une sobriété plus à même de véhiculer les valeurs de la franchise au long fleuve. Que les amateurs se rassurent, on reste tout de même sur un jeu NIS, donc forcément beaucoup moins sage que la concurrence. Que les non-fans s’inquiètent, ils risquent de devoir composer avec des personnages qui ont fait de l’attaque-combo-furie dans les fesses un mode de vie à part entière. Mais malgré ces considérations bassement matérialistes, Disgaea 7 a-t-il les arguments pour réconcilier les déçus du précédent opus avec la franchise ?
Ils me comprendront, à Hinomoto
Comme tout bon épisode de la franchise, Disgaea 7 campe une histoire aux prémices absurdes. Pirilika est une démone, mais c’est avant tout une weeb, du même genre que ceux qui pullulent sur les réseaux sociaux et idéalisent le Japon dans des proportions absurdes. À l’occasion d’un voyage tant attendu, elle est bien décidée à enfin découvrir en personne la culture traditionnelle (selon elle) du sous-monde de Hinomoto, pastiche à peine masqué du pays du Soleil Levant. C’est donc avec des étoiles plein les yeux que notre touriste débarque dans la capitale d’Edow, bien décidée à baffrer quelques takowyakis, assister à un tournoi de sumow et, qui sait, peut-être même rencontrer le showgun. Hélas, les temps ont bien changé, et sa vision fantasmée n’a plus rien à voir avec la réalité. Comme pour mieux entériner sa désillusion, elle fait la rencontre de Fuji, un samouraï cupide, désabusé, et mortellement allergique à toute forme de compassion et de gentillesse. Mais il en faut bien plus à la jeune démone, puisqu’elle se révèle à la fois incapable de voir le mal en quoi que ce soit et immensément riche. Pour elle, c’est certain, le showgunat ne peut pas être corrompu ni même incroyablement laxiste, et il n’attend qu’elle pour rendre sa gloire passée à Hinomoto, sa culture, son bushido et son honneur. Appâté par le gain (et la perspective de se bastonner régulièrement), Fuji décide de composer avec ses allergies et d’accompagner Pirilika dans sa quête. Mais nos deux protagonistes vont réaliser que ces événements ne sont que la partie émergée de l’iceberg d’une menace bien plus tangible.
Entre tradition et modernité
Comme ses prédécesseurs, Disgaea 7 est un Tactical RPG reposant un système de combats au tour par tour. Le joueur endosse le rôle du stratège, en retrait des escarmouches, et doit déplacer et faire agir ses unités sur des champs de bataille en damiers. La série tire son épingle du jeu à deux niveaux. Le premier, c’est son écriture, avec une galerie de personnages hauts en couleurs et la plupart du temps cons comme des briques. En découle une quantité astronomique de situations débiles et de punchlines incroyables, pour le bonheur des petits et des grands. Disgaea 7 ne déroge pas à la règle et fait mouche, avec un setup efficace, souligné par une localisation française aux petits oignons et ses vannes souvent géniales. Mention spéciale à Pirilika et ses expressions approximatives; un enfer très probable pour les traducteurs, un régal de tous les instants pour le lecteur. L’autre point qui distingue la franchise de sa distinguée concurrence, c’est sa richesse absolue en termes de mécaniques de jeu. Ici, point de simplicité et d’accessibilité, le jeu vomit sans plus de préambules une quantité vertigineuse de systèmes et de sous-systèmes. Heureusement, l’offre est tellement riche qu’il est tout à fait possible d’en ignorer la majeure partie sans réellement galérer, pour quiconque veut simplement se frotter à la campagne principale. Mais ceux qui ont déjà préparé leur fichier Excel et ouvert cinq onglets de wikis syndicaux (on vous voit), le savent bien. Le sel d’un Disgaea, c’est à la fois la possibilité de produire des grossbills avec des stats à plusieurs milliards et le plaisir de générer une véritable usine à gaz de mécaniques imbriquées pour le faire en dix combats.
Vade-mec-um
S’il est possible de profiter de Disgaea 7 pour sa trame narrative, très drôle mais dont l’absurdité peut tout de même déboussoler, il reste néanmoins bon de rappeler que la franchise n’a jamais inclus l’équilibrage dans ses priorités. On se heurte d’ailleurs très rapidement à un violent pic de difficulté, incitant à aller très tôt trifouiller les moyens à disposition pour casser le jeu. Conséquence directe, la campagne devient vite une simple formalité, laissant sur le carreau ceux qui cherchent une progression émaillée de joutes épiques équilibrées. Comme toujours, le challenge se situe du côté d’un Endgame plus à même de laisser le jeu déployer ses ailes. Nouvelle itération oblige, on retrouve le packaging Disgaea habituel, mis à la sauce nippone d’Hinomoto. Réincarnations, maison de la triche, référendums, monde des objets, caserne et buvette sont donc toujours de la partie, doublées d’autres infrastructures plus conventionnelles comme le marchand d’armes, le vendeur de maléfices ou encore l’hôpital. On trouve tout de même du grain frais à moudre avec quelques twists. La réincarnation concerne désormais aussi les objets, qui peuvent se réincarner pour se renforcer, voire même devenir tout autre chose. L’hôpital héberge quant à lui un gatcha à objets se nourrissant des dégâts encaissés par la troupe ainsi qu’un laboratoire à dopilules, des analgésiques bien louches capables de booster une statistique temporairement. Il est également possible d’aller faire du tourisme dans les sous-mondes traversés. À la clé, des boutiques, des recrutements, des quêtes et des récompenses. En bref, le hub qui héberge nos troupes entre deux missions est un véritable gouffre à heures.
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le 18 oct. 2023
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