Rentrons tout de suite dans le vif du sujet, Divinity : Original Sin -Enhanced Edition est un titre exceptionnel. Cela fait des lustres que je n'ai pas été aussi enchanté par un jeu vidéo. Développé par Larian Studios en 2014, puis revu et augmenté dans cette version en 2015, Divinity représente la quasi perfection dans la catégorie des jeux de rôle au tour par tour dans le goût de Baldur's gate. J'avais adoré Pillars of Eternity appartenant au même genre mais dans un style plus mature et moins porté sur l'humour, force est de constater que le studio belge a poussé la barre encore plus haut. Quel jeu ! Il est amusant de constater que les derniers RPG marquants que j'ai pu terminer furent tout deux produits grâce au financement participatif par des petits studios méconnus du grand public. On se croirait presque dans une fable de La Fontaine...


Quoiqu'il en soit, tous les aspects basiques du jeu vidéo sont maîtrisés, inutile de faire une revue détaillée. Je signale avoir opté pour la jouabilité manette et que, surprise, l'optimisation est ingénieuse et ergonomique, plutôt étonnant pour ce type de jeu. Petit bémol cependant lors de la gestion de l'inventaire ou des divers menus, on sent bien qu'il s'agit d'un jeu PC car on croule très rapidement sous le nombre d'items ramassés. Les allers et retours au joystick sont fastidieux même si globalement la prise en main est très bien pensée. En outre, un système de vues comparatives de nos différents protagonistes aurait été le bienvenue. Malgré quelques errances d'optimisation de l'interface dans les inventaires, le joueur prend un plaisir certain (et retrouvé ?) à les parcourir, à personnaliser ses personnages ou à chercher les nombreuses recettes de craft en combinant la multitude d'objets disponibles.


Chapeau bas également pour la direction artistique agréable et colorée, là encore, on observe le boulot remarquable et soigneux des développeurs. Un travail particulier sur les décors et les détails a été effectué, le résultat est splendide que ce soit à Cyséal, Luculla ou à l'Orée du chasseur, les trois contrées à explorer pendant votre aventure. Nous sommes bien loin du style Dark Fantasy à la mode en ce moment, Divinity prend le parti pris du graphisme à mi chemin entre cartoon et réaliste. J'aime beaucoup d'autant plus que cela colle parfaitement avec le ton donné au scénario. On aime ou pas, sachez que l'humour a une place importante dans le jeu. Il vous sera par exemple demandé d'accomplir des missions insolites comme aider deux frères puits à se retrouver, aider un chat à séduire sa femelle, participer à l'évasion d'animaux de la ferme conduit à l'abattoir, partir à la recherche d'un mouton-garou légendaire etc. Cet humour se retrouve également dans les dialogues pas si nombreux que certains internautes le soulignent. À comparer avec Pillars of Eternity, Divinity en possède même peu. Il reste cependant très bien équilibré, ni trop ni pas assez, Larian Studios réussit encore une fois un tour de force en n'assommant pas le joueur d'informations mais en lui donnant juste assez pour saisir la relative complexité du scénario et des différentes intrigues. En parlant de tour de force, les doublages en anglais de l'intégralité des dialogues du jeu sont exceptionnels tout comme les musiques ! Je me revois manette en main à fredonner les différents airs pendant la partie. Honnêtement, rares sont les jeux qui me poussent à la chansonnette !


Divinity est également un jeu mature qui sort du cahier des charges de la plupart des RPG de cette décennie. Pour deux raisons simples, la première c'est qu'il n'y a pas de marqueurs de quête, la seconde c'est que les quêtes secondaires sont relativement peu nombreuses et toutes d'une très grande qualité. Oui, vous avez bien lu ! Il n'y aucun marqueur de quête durant cette aventure ! À l'ancienne, il faut lire les objectifs dans son journal sous peine de tourner en rond ou de tricher sur Google. Il s'agit d'une véritable bouffée d'air frais. Le joueur est enfin libéré du joug du marqueur sur sa mini-carte qu'il suit comme un chien après sa pâtée. Puis ces quêtes secondaires, bien souvent humoristiques, qui ne contraignent JAMAIS le joueur à faire le facteur ou le transporteur DHL : quel bonheur ! La difficulté est au rendez-vous mais n'est jamais insurmontable. Les amateurs d'exploration, les chercheurs de trésors, les drogués du loot seront aux anges.


Les possibilités de craft sont impressionnantes, la variété des armes et armures également en sachant qu'en plus, elles sont personnalisables ou améliorables. Il n'y a rien à dire, un travail encore une fois exemplaire de la part du studio belge. Vous pouvez forger vos armes et armures, les enchanter, fabriquer des objets et les combiner, assembler diverses parties d'armes uniques, créer vos livres de sorts à partir de parchemins etc. Malgré tout, je regrette qu'il faille dépenser autant de points dans la partie "compétences" pour acquérir de nouveaux sorts. Au bout d'un moment, vos personnages ne peuvent plus rien apprendre. Enfin, l'aspect physique des héros varient peu au cours de l'aventure, le stuff même de catégorie "Divin" n'est pas impressionnant d'un point de vue esthétique. Dommage. L'essentiel du travail a été réalisé dans l'incroyable diversité du loot proposé tout au long de l'aventure.


Je n'ai pas encore évoqué les combats qui détiennent une part centrale dans la qualité globale du titre. Ils sont très bons rien à dire. Le gameplay s'axe principalement autour de la gestion des éléments (feu, glace, vent, terre et poison). La diversité des compétences et des sorts ne rendent jamais les phases de combat pénibles qui par ailleurs, sont très bien "espacées" sur l'ensemble du jeu. La personnalisation poussée de vos personnages assure une excellente rejouabilité car deux parties ne se ressemblent pas sans parler du fait que Divinity offre l'opportunité de s'amuser en coopération en ligne ou locale. Plutôt exceptionnel de nos jours n'est-ce pas ? Bref, de l'assassin au bourrin, du mage à l'archer en passant par le paladin et le nécromancien, il y en a pour tous les goûts. L'excellente qualité des combats n'empêchent pas cependant quelques errances de l'IA qui peut avoir des réactions complètement incompréhensibles pour ne pas dire bizarres...


Ce sera tout pour moi, je pense avoir rapidement survolé les points principaux du titre en espérant qu'il vous fasse de l’œil car croyez moi, vous ne le regretterez pas ! Hormis quelques petites erreurs ça et là, Divinity rend une copie quasi parfaite : réalisation graphique exemplaire, direction artistique charmante, musiques entêtantes et doublages remarquables, scénario et quêtes secondaires artisanales loin de la médiocrité quantitative ambiante, contenu généreux avec pas loin de 100 heures au compteur. Alors, qu'attendez-vous ?

silaxe
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le 2 avr. 2017

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silaxe

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