Totalement, complètement et tout à fait une critique

Deux notes introductives à cette critique : primo, je pense que j'aurais mis 8 ou 9 si j'avais fini le jeu à sa sortie, en 2015. Je le dis sans certitude cependant, mais simplement pour rassurer les fanas de notes. Deux, ce jeu a un petit passif. Je l'ai recommencé, nombre de fois, seul, avec des amis, sans jamais parvenir à le finir jusqu'à aujourd'hui, dans un moment où tout le monde s'éclate la bedaine contre sa chaise avec Baldur's gate III (expression libre de droits). J'ai donc eu un rapport "d'acharnement" quant au fait de finir ce jeu.

Bon, Divinity, je vous pitche ça en deux deux (oui, je viens VRAIMENT de finir le jeu quand j'écris ces lignes, et la fatigue se fait sentir comme lors d'une fin de tour de France côté canapé). Vous êtes l'équivalent du FBI dans un monde médiéval-fantastique, chargés de traquer la source (une forme de magie corrompue). On vous envoie, Muldy et Skuller, enquêter sur un meurtre qui implique probablement de la magie obscure, et vous allez vous retrouver à enquêter sur quelque chose qui dépasse de loin le cadre de vos compétences, a priori. Je vais rapidement faire le tour des qualités du jeu, et passer du temps sur les défauts, pour des raisons que je vais justifier plus tard.

Dans le rang des qualités, on notera un système de combat au tour par tour plutôt bien construit, dynamique, avec des interactions entre éléments qui se révèlent fondamentalement cruciales dans le déroulé du combat. Les effets de lumières sont jolis, l'univers globalement coloré, et pour la enhanced edition, tout est doublé, ce qui est un plus des plus plussiens.

Alors, les défauts maintenant. Déjà, je tiens à rappeler que c'est un jeu bouée de sauvetage, alimenté par un financement participatif, le "Final Fantasy" réel d'un studio belge. Ensuite, je pense que Larian est rapidement devenu conscient des défauts, probablement tous liés à un manque global de moyens, personnel... Bon, je rebondis sur les doublages : je pense que c'est pour résoudre un problème fondamental du jeu : le manque de dynamisme dans les dialogues. Il n'y a pas de cinématographie dans les dialogues ou les scènes, pas de changement de caméra, tout est observé de loin, en petit, et dans un monde qui a déjà connu des jeux Bioware et notamment Dragon Age: Origins, ça se remarque fort. Aussi, le rythme du jeu est saccadé : la faute à un faux monde ouvert, finalement régi par le niveau des ennemis, à une mauvaise alternance phases de dialogues/enquêtes et phases de combat. Et, malheureusement, le lore est finalement peu attrayant : le jeu a du mal à trouver son ton, parfois épique, souvent burlesque voire grotesque, servi par des pavés de texte finalement peu naturels. Les personnages sont peu intéressants, autant ceux de notre équipe que les avengers locaux ; les situations évoluent peu ou alors évoluent beaucoup trop vite avec trop d'éléments catapultés dans 30 secondes ; les trois actes sont irréguliers, avec un acte 2 vraiment trop long avec beaucoup trop de combats, et un acte 3 qui finalement fonctionne de façon très organique, mais malheureusement je n'ai jamais adhéré aux enjeux proposés. Aussi, Divinity donne l'impression d'être une simulation de MJ un peu débordé, qui dans son dernier acte met des pièges de partout pour vous arrêter. Et ça ralentit un jeu déjà trop lent, dans ses déplacements, dans les animations de combat, qui font qu'on n'a rapidement ni envie d'explorer, ni d'enchaîner les rencontres. Et ça explique au final ce que j'ai vu sur Steam, avec moins de 8% de joueurs de la version classique qui ont fini le jeu, et moins de 12% sur la EE.

Au final, le jeu a d'excellentes bases, il propose des systèmes d'enquête et de dialogues qui ont du potentiel, mais par manque de moyens ou de temps, ne transforme jamais vraiment l'essai. On sent, dans la suite, et de ce que j'ai perçu de BGIII qu'ils ont gagné en expérience, en moyens et en talent. C'est au final le jeu qui démontre le potentiel du studio, et qui l'a mené où il est aujourd'hui.