Si vous ne devez jouer qu'à un seul et unique soft de cette antédiluvienne machine qu'est la Fairchild Channel F, c'est celui-là. Et de préférence en multi, même si on peut aussi s'y amuser en solo.
Dodge-It est, comme son nom (ne) l'indique (peut-être pas), une retranscription pas super fidèle mais très fun -surtout par rapport aux capacités extrêmement limitées du support- du dodgeball, un jeu sportif dérivé de la balle aux prisonniers (enfin, techniquement, c'est sûrement l'inverse), popularisé par le film éponyme avec Ben Stiller… Il n'en reprend cependant que le principe de base : si on se fait toucher par la balle, c'est GAME OVER.
Car dans Dodge-It, il n'y a pas vraiment d'adversaire. On est coincé dans une arène rectangulaire fermée, et on doit esquiver les balles qui y entrent à intervalles réguliers et qui ricochent sur les murs (ou les unes contre les autres) le plus longtemps possible… Évidemment, ça devient vite répétitif, mais Fairchild l'a bien compris et a trouvé l'astuce : aucune session de jeu ne sera jamais vraiment la même, car chaque paramètre est totalement aléatoire !! En clair, la taille du terrain (sur l'horizontalité comme sur la verticalité), de notre "avatar" et des balles, leur vitesse, de même que notre propre célérité, tout est choisi au pif.
Le revers de la médaille, c'est que certaines parties peuvent s'avérer un brin ennuyeuses (quand les paramètres choisis sont "trop cléments"), ou au contraire quasi impossibles à jouer (genre être très lent et très gros dans un petit périmètre avec des balles qui fusent…), même si la plupart du temps, le jeu semble s'arranger pour que la session soit un minimum jouable…
Parlons technique. Sa machine ayant presque deux ans, Fairchild la maîtrise à la perfection. Le jeu est capable de supporter un grand nombre d'éléments affichés à l'écran sans que ça ne rame jamais d'un pet. J'ai le souvenir d'une intense session à deux où on avait sept balles rapides à esquiver, et l'animation était parfaitement fluide. Même au niveau sonore, il y a comme un petit air d'exploit, avec la présence d'un petit jingle faisant la transition entre les parties, alors que dans les autres jeux que j'ai essayé, je n'ai jamais rien entendu d'autre que des bips informels et uniformes…
En bref, la channel F tient avec Dodge-It sa "simulation sportive", et son dernier titre-phare avant sa descente aux Enfers programmée, symbolisée par la toute puissance d'Atari et sa VCS 2600, qui dominera sans partage la seconde génération de consoles de jeu. Et pour revoir un jour le dodgeball en jeu vidéo, il faudra attendre 2006 et Bully / Canis Canem Edit, où il fait l'objet d'un mini-jeu assez bien foutu lors d'un cours d'EPS…