Le premier Doom avait donné naissance à l’une de mes critiques les plus expéditives il y a quelques années. En quelques lignes j’avais parfaitement décrit en quoi à petit prix, ce jeu était parfait pour poser son cerveau et littéralement exploser des créatures infernales sur Mars en compagnie du Doom-Guy.
Doom Eternal est la suite directe du premier Doom, et le jeu est malheureusement sorti en plein confinement fin Mars 2020, ce qui l’a un peu desservi. C’est un des jeux du confinement que j’ai le plaisir de vous tester 9 mois après sa sortie. Alors c’est un jeu que j’ai pu avoir pour une vingtaine d’euros et j’avais vraiment dans l’esprit de le faire en One-shot. J’achète le jeu, je le fais, puis je le revend. Un peu comme le premier Doom, c’est pas des jeux selon moi très rejouable, surtout quand à la base je ne suis pas un grand fan de la licence.
Doom eternal bénéficiait de la part de vidéotesteurs que je suis depuis des années d’excellentes critiques. Au final mon expérience sur le jeu est plus mitigée que le premier Doom et je vais expliquer pourquoi à mon avis, l’orientation opérée sur ce volet va satisfaire une partie des joueurs ( hardcore gamers) mais aussi en perdre une autre, celle des casual gamers.
Quand votre coeur fait « Doom »
Doom eternal se veut plus narratif que le premier jeu. On est clairement sur une proto campagne à la Call of Duty avec des enjeux et un léger développement de personnage. Le Doom-Guy désormais devenu « Slayer » doit sauver la terre d’une invasion des démons de Mars. Pour se faire, il doit:
- Éliminer les trois prêtres de l’enfer
- Détruire La Khan Makyr ( une sorte d’ange infernal)
Évidemment tout ne va pas se passer comme prévu au cours des 13 missions du jeu, qui vont amener le Slayer à se dévoiler un peu plus et à voyager sur terre et dans l’espace. Vous l’avez compris le jeu tente d’étendre son lore. Moi ça ne m’a pas gêné mais ça m’a clairement pas passionné non plus. Je ne joue pas à Doom pour son scénario.
La première chose qu’on va évacuer c’est les points positifs avant de rentrer un peu dans le lard du jeu. Artistiquement et graphiquement Doom eternal est un vrai régal pour vos mirettes, et à l’heure où les possesseurs de PS4 fat peuvent parfois se faire carotter sur une version console sacrifiée ( coucou Cyberpunk), ID SOFTWARE sort un produit ultra qualitatif sur console de salon « Old Gen » désormais. 60 FPS constant sur PS4, une belle distance d’affichage et de très rares, mais vraiment rares bugs visuels, avec des textures qui passent assez bien. Le jeu est bien optimisé, c’est tout à l’honneur du studio de développement.
La deuxième chose à souligner, c’est que le jeu possède une excellente bande son, composée par Mick Gordon, et je retiens le titre « The Only Thing They Fear Is You » qui est clairement la plus entraînante. Je regrette la manière dont Mick Gordon a été traité sur ce jeu, qui a débouché sur une rupture de la collaboration entre lui et Bethesda. Désormais Doom a de nouveaux compositeurs sur le standalone « The Anciens Gods ». C’est malheureux de se séparer de ce compositeur-interprète qui quand même a participé à de nombreuses licences FPS détenues par Bethesda. Wolfenstein ? Mick Gordon. Doom eternal ? Mick Gordon. Sans lui, l’expérience n’aurait pas été la même. Imaginez Square Enix qui aurait traité Nobuo Uematsu de la sorte ? Je retiendrais Mick Gordon, et surtout pour la BO de PREY d’arkhane studios, qui je signe et persiste, est un des jeux de cette génération, le bioshock qu’on a pas eu sur Old Gen.
Troisième et dernière chose: les sensations de shoot. Elles sont vraiment bonnes. Le jeu est gore, complètement assumé et on se plait à exploser des ennemis avec les diverses armes en notre possession. Fusil à pompe, super shotgun, grosse mitrailleuse... Le jeu propose de trouver des améliorations, des mods d’armes qui vont permettre de tuer plus facilement certains types d’ennemis. Doom eternal rajoute au Doom Slayer une lame sur son avant bras, qui lui permet de faire des Glory kills plus rapides et violentes. Un dash, et un lance grenade/ lance flammes intégré à l’armure est rajouté, cela permet au jeu une plus grande nervosité ainsi que des phases de plateforme voir d’énigmes parfois, ce qui enlève un peu le côté redondant des choses. Malheureusement ce côté plateforme m’a parfois un peu gavé, car c’est pas toujours précis.
On trouve des secrets dans les niveaux plus ouverts que dans le premier et qui vous permettent de débloquer des bonus, des cheatcodes dans la forteresse du Slayer, sorte de hub du jeu que j’ai trouvé un peu mal conçu dans son level design. Le jeu va vraiment insister sur plusieurs patterns que vous aller devoir apprendre:
- Les glory kill redonnent de la vie
- Tronçonner un ennemi redonne des munitions ( elles partent très vite)
- Le lance-flammes donne de l’armure
Évidemment vous trouverez de quoi améliorer votre vie, votre armure et vos pouvoirs ( runes) dans l’aventure. C’est un gameplay vraiment bon mais pour moi qui est lourd dans son approche sur console. Changer de mod d’armes ou de grenades, voir changer d’arme ( la roue des armes ralentie légèrement le temps) est parfois compliqué.
Bon maintenant que tout cela est dit, je vais m’attarder sur ce qui m’a profondément dérangé dans Doom Eternal.
La dichotomie Fun-Hardcore
Eternal a fait le choix de clairement orienter son gameplay vers les joueurs hardcore. Pour accentuer le coté fast-FPS, on a délibérément affaibli le Doom-Slayer face aux hordes de démons, et celui ci doit constamment être en mouvement sous peine de mourir. Vous allez me dire c’est bien, ça sert le gameplay. Oui, et non.
Effectivement cette orientation hardcore va clairement mettre à l’épreuve vos nerfs et il sera indispensable de maitriser les patterns du jeu, que cela soit sur la manière d’abattre rapidement un type d’ennemi, sur l’utilisation des glory kills pour récupérer de la santé et du lance flammes pour récupérer de l’armure. Mais ça va clairement impacter le niveau de fun du jeu. Et notamment sur le niveau de difficulté.
Le mode « Fais moi mal » est l’équivalent du mode normal sur Doom Eternal. Il y en a 5 si ma mémoire est bonne. ( facile, normal, difficile, très difficile, hardcore) et naturellement j’ai pris le mode normal comme sur le premier. Un challenge équilibré entre fun et difficulté. Vous m’excuserez du mauvais jeu de mots, mais la difficulté du mode normale de ce jeu... N’est pas normale !
Sans déconner j’ai halluciné à quel point le mode normal se rapprochait vraiment d’un mode difficile sur d’autres jeux. Tu te fais enchainer et tu comprends pas pourquoi des fois, et quand tu meurs à cause de quelques rares bugs de collision, tes nerfs flanchent. Le boss « Maraudeur », le premier affrontement contre lui, j’ai mis presque une heure pour le tuer. C’était impossible, tu es dans une petite salle, le mec invoque un chien infernal toutes les 3O secondes, tu as un timing extrêmement serré pour le toucher, le nombre de cartouches qu’il doit prendre pour le tuer, et constamment devoir tuer les petits démons autour qui te tirent dessus ( en plus ) pour récupérer du soin et des munitions. C’était insupportable.
J’imagine le casual gamer de base, qui achète le jeu pour se détendre peinard le soir après le boulot, qui joue en normal comme la plupart des joueurs lambdas, et qui se fait défoncer comme ça, c’est pas fun. Mais moi personnellement ma limite personnelle a été atteinte avec le niveau « Taras Nabad » qui m’a sérieusement énervé en mode normal. On te balance des vagues d’ennemis et un maraudeur en plus, j’ai switché le jeu en mode facile et j’ai gardé le mode facile jusqu’à la fin de l’aventure.
Autant j’ai rien à redire contre le mode facile, qui au bout d’un moment vous propose même un renfort d’armure boosté qui m’à bien été utile contre l’avant dernier boss, La khan maykr qui m’a bien cassé les pieds. Le fait de devoir changer de difficulté pour finir le jeu m’a vraiment dégoûté et les quartes derniers niveaux du jeu sont clairement plus courts et moins travaillés que les 9 premiers.
Que dire ? J’en ai marre de la Dark soulisation du jeu vidéo. J’en ai marre d’avoir des modes de difficulté mal équilibrés sur cette année 2020. Le fameux mode difficile de FF 7 remake que tu débloques seulement après avoir fini le jeu, et qui t’empêche d’utiliser des objets de soin ou des queues de phénix. Pas d’objet de soins dans un Final Fantasy seriously ? Mais Doom eternal aura été le pire avec son mode « normal » qui n’en est pas un. J’imagine même pas ce qu’est le mode difficile... J’imagine même pas le standalone qui volontairement est encore plus DUR !
Pour moi cette difficulté en mode normal nuit à l’expérience de jeu, et produit de la dissonance narrative. On est censé incarner le Doom-Slayer qu’on nous présente comme un l’équivalent d’une divinité grecque comme hercule. Ce mec qui est équipé d’une armure, quand on porte une armure c’est pour encaisser les coups, non ? Et bah là, non, faut esquiver tout le temps, jamais se faire toucher, ne pas aller au contact sauf pour les glory kills, ou quand tu as un shotgun chargé. Obligé de jouer en mode facile pour profiter de ce que, me semble-t-il Doom est censé être, un défouloir fun et bourrin où tu peux rentrer dans le lard des ennemis, prendre des coups et agir comme le Slayer quoi.
Enfin c’est comme si dans Batman Arkham, on avait rendu Batman ( en difficulté normale) incapable de défoncer à mains nues une dizaine de malfrats, et constamment obligé de devoir esquiver. C’est n’importe quoi ce mode normal, et il m’a clairement dégoûté du jeu. Je serai probablement pas le seul, mais pour moi, tant que Doom s’éternisera dans ce modèle mega-hardcore sauf en « facile » ( et encore vous pouvez facilement mourir dans ce mode de jeu), un divorce entre lui et moi sera prononcé.
Conclusion
Doom eternal est un jeu qualitatif par sa technique quasiment irréprochable, son gameplay dynamique et quand même parfois jouissif, son univers artistique et sa bande son. Le jeu a du contenu solo généreux, un multi ( que je n’ai pas testé) et un vrai suivi de la part des développeurs.
Sur certains points, et de nombreux en l’occurrence, il fait mieux que son prédécesseur. Mais de manière globale, j’ai trouvé cette expérience « eternal » beaucoup moins fun que la précédente car son mode normal, avec une difficulté très mal dosée, m’a perdu, et j’ai du switcher en mode facile pour terminer le jeu.
Ça reste un bon jeu, je pense qu’il est à faire plutôt sur PC, même si les versions consoles sont vraiment bonnes, mais pour moi l’orientation hardcore ne va pas plaire à tout le monde. Moi, je le dis franchement, ce mode normal m’a vraiment gêné car il n’est absolument pas équilibré. Je ressors de mon expérience eternal avec une certaine amertume, mais ça reste vraiment un FPS sympathique à faire à petit prix, mais pour moi c’est clair je ne souhaite pas jouer ni au standalone ni même à un potentiel troisième épisode. Doom eternal conclue mon expérience sur ce reboot de Doom et de manière probablement définitive. Dommage.