Je me souviens très bien de la sortie de Doom (1) ; à l'époque j'étais étudiant (et très fan du jeu antérieur, Wolfenstein 3D). Internet n'en était qu'à ses balbutiements, mais la version Shareware du jeu se répandit ultra-rapidement. Ambiance furieusement gore, moteur de jeu révolutionnaire, soin dans les graphismes, musique sympa... tous les ingrédients étaient là pour que le jeu devienne le grand succès du milieu des années 90.
Sorti peu après, Doom 2 ne change apparemment pas grand chose à Doom. L'arsenal ne grandit que d'une arme, mais ultra-cool, le super-shotgun. Les nouveaux ennemis sont très intéressants, avec notamment l'apparition de puissantes créatures comme le mancubus obèse avec ses rafales de flammes, ou le redoutable revenant avec ses boules de feu téléguidées. Il s'agit donc plutôt d'une version enrichie du même jeu.
Doom fut ensuite un peu oublié par le grand public, supplanté par Duke Nukem plus humoristique et par les jeux en "vraie" 3D comme Quake. Moi-même, j'oubliai quelque peu ce jeu pour Quake 2 puis Half Life, puis j'eus une longue période où je ne jouais plus beaucoup.
Fin 2009, je fis l'acquisition d'un ordinateur ultra-portable (un ACER Aspire One). Etant donné sa configuration minimaliste, je partis alors en quête de petits jeux vidéos peu gourmands en ressources et espace disque. C'est alors que je me ré-intéressai à Doom.
Et depuis, je suis redevenu un joueur acharné de Doom 1 et 2. Depuis les années 90, des amateurs rivalisent de créativité pour travailler sur des moteurs de jeu révisés (je me partage entre GZDOOM et Doomsday Engine), des variantes, ainsi que de nouvelles aventures. Chaque début décembre, le site Doomworld récompense par ses prix "Cacowards" les meilleures créations de l'année. Bref, il y a de quoi expérimenter d'autres créations si on a envie de jouer autre chose que les aventures officielles.
Les versions officielles de Doom, cependant, sont déjà extrêmement intéressantes, avec des niveaux fort bien conçus. Doom 2, notamment, propose souvent des architectures avec effets de perspective hallucinants, et de forts niveaux de difficulté. L'ultime extension officielle du jeu, Final Doom, propose deux grandes aventures (TNT Evilution et The Plutonia Experiment) qui vous donneront du fil à retordre. D'ailleurs, ce n'est pas vraiment l'ultime extension officielle, puisqu'en 2010 est sorti la nouvelle extension "No Rest for the Living" pour la version XBOX de Doom 2 ! Ce jeu est bien vivant, 17 ans après sa sortie...
Bref, voilà un jeu ultra-rapide et violent, extrêmement riche grâce aux créations de fans, et qui vous assurera des heures de jeu sans risque de lassitude. Certes, les monstres sont des sprites à l'animation un peu sommaire, et l'architecture est limitée à des angles droits et de la "fausse 3D" (le plan des niveaux est en 2D, même si on peut avoir des zones plus ou moins élevées et des escaliers), mais justement cette simplicité participe de la rapidité du jeu, et les concepteurs de niveaux font preuve d'un grand talent pour contourner ses limites.
D'ailleurs, l'un des lauréats des "Cacowards" 2010 est "Arcadia Demade". C'est une création de Jean-Paul LeBreton, l'un des concepteurs de niveaux du jeu "Bioshock", qui adapte à Doom 2 l'un des niveaux de ce jeu contemporain. Il a écrit sur son blog un article remarquable expliquant sa démarche : http://vectorpoem.com/news/?p=74 Doom est un jeu unique, indémodable, et vers lequel tout bon concepteur de jeu doit régulièrement revenir pour s'inspirer d'un "game design" toujours original (pour ne pas dire inégalé). La remarque est également valable pour tout les joueurs...
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