380h de jeux. Je désinstalle.
Je ne suis plus un gros joueur. Entre le boulot et les enfants, je joue en moyenne une heure tous les soirs. Parfois je ne joue pas, parfois je joue plus. Mais steam m'indique systématiquement 15h sur les deux dernières semaines. Et pourtant, mon compteur Dota m'indique 380h.
En un an, je n'ai quasiment joué à rien d'autre. Seul Crusader Kings 2 à réussi à me détourner de Dota. J'ai plus d'un jeu en stock qui attendent que je me penche dessus, des jeux qui m'intéressent vraiment. Mais rien à faire, le soir venu, l'icône de Dota 2 est la seule que je vois. Aujourd'hui, j'ai décidé de désinstaller le jeu. Pas parce que je suis las, pas parce que j'ai l'impression d'en avoir fait le tour, mais parce que je n'arrive pas à passer à autre chose.
Il faut bien comprendre que je ne suis pas un pro à ce jeu, que je ne joue pas en équipe, et que je ne suis pas dans le haut du panier. Loin de là, je suis un joueur moyen, qui a de solides bases mais d'importantes marges de progression possibles. Et c'est exactement ça le sel de ce jeu : la profondeur ! Le fait qu'on soit toujours en train de progresser.
Le premier aspect à cerner, c'est la masse énorme de connaissance à posséder. Plus de cent héros, au moins quatre capacités par héros, ça fait déjà du volume. Impossible de jouer correctement si on ne sait pas qui peut faire quoi. Ensuite, quand on connaît l'effet d'une compétence, il faut parfois pas mal de temps pour comprendre comment elle s'exploite pleinement, comment elle se contre, qu'elle est la synergie avec les autres compétences du héros, et quels sont les combo possibles avec les 400 autres compétences des autres héros. Puis viennent les items, qui n'ajoutent pas seulement des stats, mais aussi et surtout d'autres compétences activables, qui modifient encore les équilibres, les combos, les synergies.
Mais savoir tout ça ne suffit pas. Il faut comprendre le fonctionnement typique d'une partie, le "méta" comme on l'appelle. Prenons l'exemple d'une équipe de foot : si vous savez bien jouer au ballon, vous ne savez pas forcément jouer en équipe, ou vous ne maîtrisez pas correctement votre rôle. Tous les joueurs ne sont pas buteurs. Même chose pour Dota, il faut du temps pour comprendre pleinement quel rôle doit jouer chaque héros en fonction de la stratégie appliquée, et de la composition des équipes.
Une fois que vous cernez à peu près tout ça, il reste la réalisation : Dota est un jeu en temps réel, rapide, nerveux. Beaucoup plus que League of Legend, un héros peut vous "burster" à mort alors que vous aviez toute votre vie en deux secondes. Il y a une différence énorme entre savoir ce qu'il faut faire, et réussir à le faire. C'est un peu comme Starcraft, on peut lire les builds sur le net, il faut de l'expérience pour les mettre en pratique correctement. Contrairement à Starcraft, on ne gère (le plus souvent) qu'une unité : tout est alors dans le timing et le placement. Au bon endroit, au bon moment... c'est si dur à obtenir !
S'il n'y avait que le fond... mais Dota 2, c'est aussi la forme. Le jeu est somptueux, Valve a fait un travail d'orfèvre. L'ambiance, les graphismes, la visibilité malgré des déchaînements d'effets, tout est parfaitement bien pensé. À la seule silhouette on distingue un héros des centaines d'autres. Les héros ont des tonnes de petites phrases pour commenter chaque situation : certains ont jusque 25 minutes d'enregistrements. Faites le calcul sur le volume total d'enregistrements que ça représente. L'interface autour du jeu est aussi parfaite. Ca enterre complètement Battlenet. On trouve des parties très aisément, on peut visionner n'importe quoi, en live ou non, on peut suivre des parties avec commentaires, on peut suivre la caméra des commentateurs, de n'importe quel joueur, etc. Le système de déconnexion, reconnexion fonctionne sans aucun problème. Les serveurs ne sont jamais en rade. Jamais de lag non plus. C'est parfait.
Alors voilà, 10/10 pour un jeu parfait. Mais pas un jeu pour tout le monde. Il faut énormément d'investissement pour réussir à rentrer dans le jeu, dans un environnement hostile (les joueurs sont souvent désagréables). Mais quand on passe ce cap et qu'on réussit nos premières belles actions avec les félicitations de l'équipe, c'est vraiment gratifiant.
PS : J'ai cédé et réinstallé le jeu. J'ai pourtant testé les jeux que me conseillent depuis des mois... rien à faire, l'appel de la forêt est trop fort. Je suis addict, je fais avec.