Dragon Age II
5.5
Dragon Age II

Jeu de BioWare et Electronic Arts (2011Xbox 360)

Je ne comprends pas pourquoi Dragon Age II est si critiqué.
Bon, si, en toute bonne foi, je comprends pourquoi ce jeu est si critiqué. Objectivement il est facile d'en trouver les raisons, la principale étant que Dragon Age II ressemble à une version simplifiée du premier épisode :



  • La progression est devenue très linéaire. Les environnements se comptent presque sur les doigts de la main et se résument à des chemins étroits où l'exploration n'a pas de place.

  • La narration est très directe, les quêtes se résument souvent à dialogues - chemin linéaire - combat - dialogues - fin de quête. C'est très carré, direct, efficace, il n'y a pas ces moments un peu plus flottants, un peu plus libres présents dans le premier Dragon Age et plus généralement dans les jeux Bioware.

  • Le gameplay est à l'image du reste, simplifié, pour une approche plus immédiate, presque hack'n'slash des combats. Je me rappelle comme j'en avais chié sur le premier Dragon Age avec mon voleur. Le jeu m'avait poussé dans mes retranchements, à devoir m'intéresser à la confection de bombes et autres potions pour venir à bout des ennemis. Chaque mètre se gagnait à la sueur du front, avec une gestion obligatoire des différents compagnons. Dans Dragon Age II c'est open bar, on balance les pouvoirs à la chaîne (surtout quand on joue un mage) et les combats se plient en deux secondes, nos compagnons s'occupant du reste. Seuls quelques combats - certains boss notamment - demandent un peu plus de stratégie mais globalement le jeu est devenu beaucoup plus frontal et moins cérébral.


Après, et malgré ces défauts, je ne pense pas que Dragon Age II mérite autant de critiques. C'est sûr que si on attend une suite dans la lignée du premier épisode - relativement exigeant - la déception est légitime. Mais en tant que tel, si on arrive à prendre le jeu pour ce qu'il est et non pour ce qu'il aurait dû être je trouve que Dragon Age II n'est pas si mauvais et propose quelque chose qui se tient et auquel j'ai pris du plaisir à jouer. Je crois aussi qu'il ne m'en faut pas énormément, je suis assez bon public avec les jeux d'aventure qui proposent à la fois une narration intéressante, avec dialogues à choix, et un aspect RPG et gestion de compétences, aussi light soit-il. C'est peut-être mon idéal de jeu. Bref, j'ai retrouvé mon compte dans Dragon Age II pour plusieurs raisons :



  • le gameplay est simplifié, certes, mais reste plutôt jouissif. Oui c'est presque aussi immédiat que du hack'n'slash avec défouraillage d'ennemis à la chaîne, surtout avec les pouvoirs de zone du mage qui atomisent les monstres qui aiment se pointer par dizaines. Il reste malgré tout une gestion des compétences et des pouvoirs à débloquer avec parcimonie (on monte peu de niveau au cours du jeu) mais avec réel intérêt quant à l'évolution à donner à notre personnage.

  • la narration est sans doute moins subtile que dans le premier mais elle reste intéressante, plutôt de qualité, voire originale. Elle est simplement beaucoup plus présente, et surtout moins bien agencée avec le gameplay et le level design (ce dernier étant aux abonnés absents il faut l'avouer). La somme de quêtes à réaliser et les relations entre les personnages n'a pas forcément à pâlir vis à vis des autres jeux Bioware. On n'atteint pas l'attachement que l'on peut avoir dans les Mass Effect mais encore une fois je pense que c'est plus un problème d'implication du joueur dans l'univers à travers le gameplay et le level design que de pauvreté de la narration. Du dialogue il y en a, des choix cornéliens il y en a, des situations inextricables aussi, et le plaisir de les régler par la force ou la sagesse aussi. Et je m'en suis donné à cœur joie avec ma Marian Hawke qui envoie bouler tout le monde. D'ailleurs les relations avec son frère sont bien vues et leurs échanges en mode mépris sont assez croustillants. Seul le final est sans doute un peu décevant car

    quelle que soit notre décision on doit affronter tout le monde, les templiers et les mages. Paye ton absence d'implication.



Le jeu propose aussi un découpage ambitieux, ou au moins original, puisque l'histoire est racontée par un de nos compagnons et s'étale en trois actes et sur plusieurs années, voyant l'ascension sociale progressive de notre personnage. Le passage des années ne se traduit pas très bien à l'écran et dans la mise en scène mais il y a de l'idée.


De l'autre côté, et paradoxalement, le nombre restreint d'environnement est très déroutant au début (et surtout au fil de l'histoire quand on se rend compte que l'intégralité de l'aventure va vraiment se dérouler dans ces cinq pauvres zones) mais instaure une intimité finalement attachante aux différentes quêtes.


L'austérité du jeu est indéniablement anti-épique, on ne ressent pas le souffle de l'épopée du premier Dragon Age, mais une routine agréable s'installe à force de fréquenter les mêmes lieux, de les parcourir pour la énième fois, mais aussi de croiser et recroiser les mêmes personnages au gré de notre avancée. C'est assez confortable et pour le coup on ne peut pas reprocher au jeu de ne pas maximiser ses personnages et ses environnements. Je crois que j'aime bien les jeux un peu routiniers, qui proposent peu mais le font bien, créant une sorte d'intimité rassurante. Et Dragon Age II fait partie de cette catégorie.

benton
8
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le 25 oct. 2017

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benton

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