Matriochka
La mythique poupée russe, qui ne cesse de dévoiler, étape après étape, les merveilles qui la contiennent. Finesse des dessins, richesse des couleurs, douceur de la sculpture. Et tout ce vide à...
le 5 mars 2015
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La mythique poupée russe, qui ne cesse de dévoiler, étape après étape, les merveilles qui la contiennent. Finesse des dessins, richesse des couleurs, douceur de la sculpture. Et tout ce vide à l'intérieur.
Après un premier opus qui avait su se faire désirer et combler le manque des adeptes de Baldur's Gate et autres Icewind Dale, une suite médiocre et développée à la va-vite misant sur l'aura de son illustre ainée, les rpgistes attendaient de pied ferme cette épisode.
Dragon Age Inquisition est le pur produit de son époque dans le monde impitoyable du triple A. Un jeu techniquement abouti au service d'une direction artistique réussie mais sans ambition. Un système de jeu qui ratisse large, emprunté au mmo à la mode mais séduisant les gamers avec une option "combat tactique". Un monde presque ouvert qui promet de belles heures d'exploration qui deviennent rapidement répétitives et un peu vaines. Un scénario classique qui suit les soubresauts chaotiques d'une narration en open world, des personnages très bien écrits, des dialogues profonds et exhaustifs, un background de folie digne d'une grande saga littéraire de fantasy.
DAI est un dragon qui souffle le chaud et le froid, qui enivre autant qu'il agace. Mes premières heures sont fabuleuses. La découverte du monde, les échanges avec mes compagnons d'arme, l'inextinguible sentiment de liberté. Les heures passent, les combats énervent, avec cette caméra moisie car le jeu est pensé comme un mmo, avec ce manque de profondeur flagrant à la longue, la gestion des déplacements stupides. Les combats tactiques, un effet publicitaire pour rassurer les joueurs exigeants, mais qui après quelques heures ne tient plus. DAI est pensé comme un mmo. Ses combats plus que le reste.
Le frisson des préliminaires. L'excitation. Elle ne dure pas car les caresses ne font qu'effleurer la même zone. Ces aires d'exploration vertigineuses sont vides, seuls y évoluent les items ou adversaires nécessaires à l'obtention des quêtes. Quêtes de remplissage, de collection, de transport. L'art de l'écriture chez Bioware est uniquement dédié au background et aux dialogues. Les premiers pas sont grisants dans cette immensité mais assez rapidement je me lasse de toujours cueillir les mêmes fleurs, ouvrir les même coffre, affronter les mêmes ennemis. Ou est la vie ? Ou se trouve l'interaction ? Comparé à Skyrim et sa vie foisonnante, où les rencontres se suivent et ne se ressemblent jamais, DAI fait pâle figure. Plusieurs fois le jeu me rappelle FFXII, ancêtre du mmo offline moderne, avec ces espaces enchanteurs mais vide d'âme.
Les heures s'enchainent et l'ennui se fait plus pesant. Bioware ne maitrise pas sa narration, trop errratique, tributaire des caprices du joueur et de ses vagabondages. Le plus rageant dans ce gâchis c'est que l'envie est là, de découvrir encore, de partager avec mes compagnons, de forger, tisser, coudre, chasser. Quel plaisir dans ces dialogues de découvrir des mœurs, des religions, des cultures, des intrigues, des hommes et des femmes. Un univers cohérent et mature où les nuances étouffent la moindre idée de manichéisme. A l'opposé de cette richesse, les romances entre personnages, figures imposées pour le studio qui les a presque inventées. Caricatures risibles et forcées, sans finesse, appats primaires pour joueurs voyeurs blasés des boites à strip de GTA5 ou des Cul TE de David Cage.Malgré ses atours chatoyants DAI possède un cœur trop permissif. Il cherche à séduire et à charmer, il reste en surface. Il ne cherche pas à se faire aimer. Les premières promesses s'éteignent, la passion cède à la raison et les yeux voient enfin le cœur battre. Un cœur de mmo.
Ce jeu est pour moi une cruelle désillusion. Je croyais que Bioware pouvait concilier casual et hardcore gamer afin de créer un jeu respectant son cahier des charges. Un aspect casual console pour vendre aux masses et rentabiliser et un aspect hardcore pour les vieux chiants exigeants. Malheureusement pour moi, je fais partie de la seconde fratrie. A l'image de Mass effect, dont le premier chapitre a encore aujourd'hui très largement ma préférence, je déplore le glissement systématique de toute nouvelle franchise vers la simplification. De fantastique rpg-tps, Mass effect a dévalé la piste qui l'a transformé en bête tps avec éléments de rpg édulcorés. Là encore, Bioware avait opté pour un système hybride qui devait ravir les deux factions. Et comme pour DAI, le constat était plus que mitigé. De là à dire que je ne jouerai plus qu'aux premiers épisodes des nouvelles franchises Bioware, avant qu'ils ne se gonflent des éléments répulsifs, il n'y qu'un pas que je franchis clavier et souris à la main. Z
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Clavier et souris, mes compagnons de 2015.
Créée
le 5 mars 2015
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