Il est toujours difficile de faire la critique d'une œuvre se rattachant à une autre œuvre que l'on adore tout particulièrement ; ce d'autant plus lorsque le jeu dont il est question fait partie d'un genre que l'on affectionne. Ainsi si DB FighterZ me fascine par son statut incontestable de plus beau jeu Dragon Ball jamais crée, il me repousse par la relative complexité de son gameplay purement jeu de baston, étant totalement hermétique à ce genre de jeu (d'autant plus qu'il s'agit de 3vs3 pour ne rien arranger).
Avec Dragon Ball Z : Kakarot, Namco Bandai propose quelque chose de plus avenant pour l'amateur de RPG que je suis, nous permettre de revivre les aventures narrées dans le manga (à partir de l'arc Sayen) sous l'aspect d'un action RPG, avec tout ce que cela implique en terme d'univers retranscrit, de progression de personnage et de narration justement.
On va donc pouvoir incarner Goku mais aussi d'autres personnages combattants et parfois accompagnés de personnages de soutien dans des environnements de taille moyenne malheureusement non reliés entre eux. C'est un problème car chaque changement de secteur s'accompagne d'un temps de chargement particulièrement long même si ce changement a lieu au sein d'une cut scene (sic). Ce défaut technique est sans doute le plus irritant avec les saccades se produisant lors des sauvegardes automatiques au sortir d'une cinématique, car personnellement l'aspect graphique ne m'a pas plus déçu que cela.
Les textures ont beau être parfois très pauvres, la cohérence et la fidélité au manga de la direction artistique sauve l'ensemble. Il n'y a pas de faute de goût, tout transpire Dragon Ball, des menus aux personnages en passant par la faune et la flore, aux véhicules et bâtiments. Le respect est là et l'on retrouve une belle encyclopédie pour le prouver. En combat les techniques sont bien mises en valeur, appuyées par les bruitages caractéristiques de la série, et se balader dans cet univers chatoyant avec les musiques officielles là encore fera grandement plaisir au fan. Les doublages japonais sont aussi au rendez-vous.
Quant au cœur du gameplay il sera difficile d'être objectivement subjugué par ce que propose Kakarot. Ainsi son système de combat simple et efficace procure de bonnes sensations mais se heurte à des soucis de caméra, à une difficulté généralement inexistante, et à l'absence de besoin mais aussi de possibilité de varier les tactiques. Pourtant là encore le jeu se révèle parfois intéressant dans son parti pris de proposer des boss à comportement, avec leur style et leurs techniques propres. Sur le long terme cela ne suffit pourtant pas toujours à masquer la répétitivité.
Pour le reste Kakarot accumule les sous systèmes de cuisine, d'arbres de compétences et d'emblèmes débloquant des bonus avec une certaine réussite dans l'exécution et la jouissance que cela procure, mais là encore sans réellement que cela ait un impact stratégique sur le système de jeu en lui-même.
On booste ses personnages et l'on progresse facilement, on résout des quêtes secondaires assez pitoyables dans ce qu'elle nous demandent d'accomplir, ne variant pas assez les ennemis, mais se révélant parfois assez drôle dans leur écriture et leur traitement. Cela manque parfois de subtilité dans la façon de briser le quatrième mur mais l'intention est là.
Le jeu est long, généreux et même si beaucoup trop de choses sont artificielles, elles parviennent malgré tout, sans aucune articulation entre elles à éveiller le plaisir du joueur. Plaisir coupable certes, quoique assumé, mais le fait est là. Le jeu est agréable à parcourir hors quelques considérations techniques dont on parlait plus haut, une fois les commandes bien en main on prend plaisir à voler, détruire les rochers sur son passage, exploser des ennemis sans prétention, débloquer un maximum de choses et voir ses héros d'enfance prendre vie dans nos mains comme on l'aurait souhaité il y a bien des années.
Le jeu est généreux aussi dans ses nombreuses scènes de dialogue et cinématiques même si le manque de moyens évident fait que celles-ci se déroulent trop souvent de manière statique et avec une qualité de réalisation trop variable entre elles.
C'est toutefois plaisant de voir que le jeu n'élude pas trop de choses et nous fait faire quasiment tous les combats apparaissant dans le manga (même s'il manque curieusement celui de Trunks face à Cell).
Objectivement Dragon Ball Z : Kakarot est un jeu moyen qui compense ses faiblesses techniques par une fidélité appréciable à l'univers de Toriyama, son manque de challenge et d'impact de ses systèmes de jeu par leur profusion et l'addiction qu'ils procurent. C'est un RPG efficace mais pas génial, paradoxalement extrêmement satisfaisant. On en revient à la difficulté évoquée dans l'introduction de cette critique ; comment noter et juger objectivement un jeu dont les défauts nous sautent au visage mais que l'on a pourtant apprécier des dizaines d'heures durant, probablement aveuglé par la passion intemporelle d'une œuvre d'enfance ?
Le mieux est encore de laisser la place aux arguments comme j'ai essayé de la faire tout au long de ce texte, de nuancer chaque défaut par un aspect positif (ou inversement), mais aussi de laisser parler le cœur.
Kakarot remplit sa mission auprès de moi en même temps qu'il décevra la plupart des joueurs. Un peu comme les étranges Legacy of Goku sur GBA.