Si l'histoire de Dragon Quest IV reste dans les standards habituels du RPG japonais (des méchants très méchants menacent le monde et un gentil héros, entouré de braves compagnons de route, va venir leur botter le cul) Yuji Horii sait comment lui offrir un relief unique. Plutôt que de suivre le déroulement linéaire des évènements la narration éclatée adopte successivement le point de vue des différents personnages jouables. Ainsi chaque chapitre de l'aventure nous donnera l'occasion d'incarner 1 ou 2 personnages différents à chaque fois.
Une idée toute simple mais aux nombreuses vertus.
Premièrement cela permet de bien se familiariser aux différents personnages, de bien connaître leur parcours et leurs aspirations. Comme à chaque fois le travail d'Akira Toriyama sur le design joue beaucoup dans l'attachement qu'on leur porte mais le fait de centrer les quêtes sur les enjeux personnels des protagonistes apporte une véritable dimension affective. On apprend à les connaître et ils se révèlent tous très attachants. Avec eux on explore aussi de façon naturelle les différentes régions du monde de DQIV.
Deuxièmement, chaque personnage représente une classe bien particulière : mage, marchand, guerrier, etc... Ainsi, la même façon qu'on se familiarise avec leurs psychologies, on apprend à maîtriser les différents classes, les différentes possibilités de gameplay. S'il est vrai qu'utiliser le marchand est par exemple assez tendu à cause de ses possibilités d'attaques restreintes, ce système à le mérite de nous obliger à jouer au moins une fois avec lui, d'apprendre à cerner ses forces et ses faiblesses au combat au lieu de faire comme d'habitude : "un marchand ? Pouah, c'est naze, hop on le met de côté".
Le système marche si bien qu'une fois nos différents personnages réunis le choix du roster pour les donjons devient naturel et l'utilisation des capacités de chacun est parfaitement transparente.
Dragon Quest : L'épopée des Elus se traverse donc avec plaisir, avec cette agréable sensation de toujours découvrir un truc de nouveau dans la progression. Le système de combat a fait ses preuves et se révèle une fois de plus intuitif et relativement profond. Bien entendu, comme tout bon jeu à l'ancienne, Dragon Quest IV possède ses combats couperets qui obligeront le joueur à quelques détours aux abords des villages pour glaner les points d'xp nécessaires afin de transformer notre frêle avatar en bête de guerre. Un aspect un peu rébarbatif du jeu mais qui reste assez contenu et qui offre une bonne occasion d'explorer un peu la carte du monde.
En fait le seul vrai problème de ce Dragon Quest est qu'il ne décolle jamais vraiment, la narration éclatée ménage bien l'attente et distille avec soin les effets d'annonce mais une fois la troupe réunie, le récit peine quelque peu à masquer son trop grand classicisme. La dernière ligne droite du scénario n'arrive pas à offrir l'ampleur que méritait l'aventure. Une petit erreur de fin de parcours qui ne doit pas gâcher les vrais réussites du titre pour autant.