Initialement lancé en 2017 sur PS4 au Japon, Dragon Quest XI est une œuvre aux multiples visages. Rééditée via une édition "Definitive" sur PS4, PC et Switch en 2019, intégrant de nombreux changements dont un mode 2D, les manières de jouer à cet épisode ne manquent pas. Il y a pourtant une facette de cette onzième itération que bien peu de personnes ont pu approcher en occident, la version 3DS.

Disponible exclusivement sur le marché japonais, et ce en même temps que la version PS4 de 2017, cette mouture est donc uniquement accessible dans la langue de Beat Takeshi (ok, c’est le premier exemple qui m’est venu en tête.) et n'a jamais vu le jour dans nos contrées. L'unique moyen d'y jouer aujourd'hui et de posséder une 3DS japonaise et pratiquer le japonais à un niveau courant, même si je pense qu’une personne connaissant sur le bout des doigts les autres versions consoles pourrait relativement avancer sans encombre.

Bien que la version 3DS du titre est de l’aveu même de Square Enix la plateforme lead project telle qu’elle a été pensée au départ, il semble que l'éditeur n'ait jamais jugé pertinent de lancer cette version ailleurs que sur l’archipel, car ils pensent que celle-ci est trop orienté pour un public japonais… Regrettable erreur.

Aujourd'hui, il n’existe pas de projet de traduction, et même si quelques hack de cette version semble être en cours pour intégrer les voix de la version S, cela reste encore à l'état embryonnaire et cela m’attriste sincèrement, car j'adorerais parler du jeu tout en sachant que chaque lecteur soit capable de se lancer dans l'aventure sans difficultés de compréhension.

Je vais quand même prendre le temps d'écrire quelques lignes pour développer mon propos malgré l'intérêt tout relatif sur SC.

Il m’aura fallu près de 60 heures pour voir le bout de l’aventure, sans compter le "end game" (que je n’ai pas encore commencé), c’est long, mais c’est environ la même durée que la version PS4/Switch/PC. On reste sur une moyenne honnête et acceptable sans tomber dans les travers de certaines œuvres aux 100 heures et plus.

La colonne vertébrale du jeu reste identique, le scénario et son déroulement ne changent pas en comparaison à la version PS4 de 2017, on peut très bien se servir d’un guide PS4 pour progresser par exemple.

La différence la plus notable avec les autres versions est le moteur 3D du titre ainsi que sa direction artistique. Si la version 3DS possède elle aussi le mode 2D des versions ultérieures Definitive, c’est avant tout la bouille du titre en 3D qui m'a littéralement fait fondre d’envie de me lancer dedans plutôt que sur les autres machines. Techniquement et de manière en partie subjective, je trouve cette version bien plus proche du trait de Toriyama que les autres versions consoles de salon.

Difficile d’expliquer avec des mots, mais sur 3DS le trait évoque inévitablement les grandes heures de Dragon Ball ou de Chrono Trigger, sans surprises quand une partie des personnes à la tête des Dragon Quest ne sont autres que certains géniteurs de Chrono Trigger. Rien de neuf pour ceux qui connaissent la série, mais DQ XI fait partie du haut du panier de celle-ci avec le V et le VIII concernant cette fidélité.

Les versions PS4, PC, Switch sous Unreal Engine me semblent plus lisses, le cel shading étant moins appuyé et les traits au noir plus discrets.

Le chara design a aussi participé à cela en donnant aux protagonistes un aspect plus âgé au contraire de la version 3DS ou le héros semble réellement avoir 16 ans.

Sur le plan technique, j’ai trouvé le jeu très beau, une référence sur 3DS proche d’un rendu PS2. Arrivé en toute fin de vie de la console, la grandeur, la variété et la finesse (rare sur 3DS) n’ont d'égale que l'épisode de Xenoblade sur cette console.

Difficile d'être critique sur cette partie du titre, et les combats s’ils restent au tour par tour ne sont pas figés bien longtemps. Dès que le joueur décidera de lancer autre chose que l’attaque de base, tels que les attaques spéciales ou combos entre les membres de l'équipe, cela donnera droit à de superbes scènes cinématiques ou effets pyrotechniques.

L'autre point de différenciation n'est autre que les limitations du hardware de la 3DS, qui imposent de façonner le monde différemment, moins vaste en comparaison des autres plateformes. Dans sa version d’origine DQ XI ne possédait pas de dash et sur PS4 les décors étant assez larges, cela entraînait de long allers retours pas nécessairement agréables, surtout sur la fin de l’aventure.

Sur 3DS, aucun souci, on traverse les multiples biomes, beaucoup de variétés, très facilement à cheval et la promenade devient plus agréable tout en donnant envie de se couper de la possibilité de se téléporter quand celle-ci vous sera offerte.

Revers de la médaille, cette version semble peut être plus linéaire que ses homologues de salon.

Mais DQ11 réserve bien des surprises sur ce point et les moyens de locomotion disponibles ne feront qu'évoluer tout au long du jeu, terre, mer et air le choix ne manquera pas.

Quant aux sentiments plus personnels, j'ai ressenti comme une vraie bouffée d’air frais à la sortie de DQ XI surtout venant de Square Enix.

Si DQ XI aurait pu être assimilé à un énième JRPG il y a 15 ans, sa volonté de rester proche de la "vieille école" lui donne ironiquement une authenticité rare en 2023, quand l'écrasante majorité des JRPG ont accompli un mouvement à 180 degrés vers l’action RPG en particulier Square Enix avec son autre série phare qu’est Final Fantasy.

Retrouver un JRPG à l'ancienne au tour par tour, avec un casting de 8 personnages charismatiques et identifiables aux capacités toute personnelles procure un bien fou qui m’avait manqué, et pour mon premier Dragon Quest ce plaisir n’en est que décuplé.

Dragon Quest étant généralement un jeu de l'été au Japon, l'objectif est de savourer celui-ci chaque année comme une sucrerie nostalgique, la mission est amplement accomplie de mon côté, avec des flashes de mes meilleurs moments de jeunesse sur Final Fantasy X pendant les vacances scolaires.

DQ XI n’est pas punitif et ne va pas vous pousser dans vos retranchements, le dosage de la difficulté ne demande que rarement du grind, ou en très légère quantité, le jeu reste très flexible mêlant habilement modernité et tradition.

Le plaisir d'avancer dans l’aventure prime sur le reste, et ce même si le gameplay offre une variété digne des meilleures périodes du jeu de rôle à la Japonaise, la pénibilité de certains vieux JRPG est effacée, la mort si elle survient n'est pas un reset, mais un simple retour au point de repos le plus proche tout en conservant son expérience.

Il existe une tonne de manières d'aborder un combat et ce n’est qu’une fois l’aventure principale finie que le joueur aura tout intérêt à avoir saisi chaque force et faiblesses des membres de son équipe.

Concernant l'histoire, Dragon Quest XI utilise un ton plus “adulte” auquel je m’attendais, mélancolique et virant sans sourciller vers le dramatique par instant, l’humour n’est pas autant présent que ce que je l'imaginais, hormis via le personnage de Sylvando. Nos protagonistes seront confrontés à la mort avec des twists réservant leurs lots de surprises, tout juste ce qu'il faut pour tenir en haleine durant la cinquantaine voire soixantaine d'heures de jeu pour voir la première fin.

Le scénario semble assez torturé au départ, mais petit à petit recolle les morceaux ne laissant jamais bien longtemps le joueur seul à errer, c'est entraînant et l'on a toujours cette flamme qui nous pousse à continuer.

En somme, j'ai sincèrement apprécié cette première plongée dans la série bien que je n'ai pas choisi la plus facile des portes d'entrées avec cette version 3DS non traduite.

Si je devais noter un bémol, ce serait les musiques qui sont tout à fait honnêtes mais bien trop peu nombreuses, ce qui procure un sentiment de répétitivité assez lassant, d’autant qu’il n’y a pas de doublage pour couper la monotonie ambiante par moment.

Dragon Quest XI sur 3DS (et aussi sur les autres plateformes certainement) est sans aucun doute un très bon JRPG, une référence même, qui ne réinvente pas la roue mais perpétue avec brio un genre qui vient à s’effriter au fil du temps. Difficile à appréhender au premier regard pour nous autres qui n'avons pas grandis avec cette licence mais laisse transparaître toute sa magie pour ne plus nous lâcher au bout de quelques heures et de persévérance, je n’ai plus qu’une envie aujourd'hui, d'attendre le XII ème épisode patiemment.

Pour la version 3DS en particulier je vous oriente vers la vidéo ci dessous s’il y a des curieux parmis vous concernant les différences.

https://www.youtube.com/watch?v=X7B2ZDqe1ms&t=550s

Campagne de pub du titre qui résume toute l'importance de la série au Japon

https://www.youtube.com/watch?v=AqVhhmb9CGE

Titre de la critique en hommage à la série Left in Japan de la chaine Youtube Game Sack.

Créée

le 2 sept. 2023

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