Dragonball: Evolution
2.2
Dragonball: Evolution

Jeu de Dimps et Bandai Namco (2009PSP)

Dragon Ball oui, mais Dragon Ball...Evolution !

Puis-je sacquer un jeu (ou même n’importe quelle œuvre en général) qui n’est objectivement pas (si) mauvais(e)? Est-ce légitime de vouloir lui broyer les rotules à coups de batte cloutée sans aucun état d’âme, alors que ses fondations tendent vers le plutôt correct, mais que toute la garniture autour suinte la profanation et l’irrespect? En bref, puis-je être clément envers l’adaptation vidéoludique de cette sombre bouse qu’est Dragonball Evolution? Bon, là évidemment le suspense est amoindri car vous avez déjà vu la note en bas et que donc vous connaissez déjà ma réponse, mais faisons quand même comme si…


J’aime Dragon Ball. Ce n’est ni mon manga, ni même mon shōnen préféré, mais je le tiens en haute estime pour avoir (selon moi) redéfini tout un genre, un peu comme un certain Super Mario Bros. a jadis (et à peu près au même moment en plus!) montré la voie du renouveau au platformer 2D. J’aime son univers, j’aime ses personnages, leur développement et leurs péripéties, et j’aime aussi la patte stylistique de Toriyama. Ce que j’aime beaucoup moins en revanche, c’est voir des trouducs avides de pognon facile s’amuser à gangbang ma série fétiche…


Ça a commencé "en douceur", avec un Dragon Ball GT sympatoche mais oubliable, qui se contentait (en gros) de transposer l’action à l’échelle de la galaxie toute entière. Dans son flot de non-originalité se distingua tout de même une excellent idée, le SSJ4, alchimie parfaite de la puissance et de la sauvagerie naturelle des sayans. Si l’on devait un jour réécrire Dragon Ball (ce qui serait un crime de lèse-majesté), je crois fermement que ce design serait parfait pour le SSJ1 de base. Et puis on a eu deux purges, deux énormes étrons lancés à la gueule des fans, dont le simple fait de devoir taper les noms sur mon clavier me sclérose les doigts : l’ignoble série DB Super (qui viole chacun des personnages avec un plaisir limite malsain), et surtout l’abyssal Dragonball Evolution, qui réécrit à sa guise la mythologie en la "teenmoviesant" plus que de raison.


Oh, et si vous pensiez naïvement qu’on ne peut pas creuser plus profond dans la médiocrité et le mépris, rappelez-vous donc de la rumeur qui a un temps couru en 2019 sur une éventuelle adaptation live de Disney. Et on n’est d’ailleurs pas non plus à l’abri d’une version netflix… Avouez que ça fait envie, une Bulma noire non-genrée 100e dan de tous les arts martiaux existants catapultée héroïne de l’histoire, bottant le cul de tous les méchants combattants (ra)cis(tes)-hétéros blancs patriarcaux misogynes, Goku et Bejita en tête (comment ça, les sayans sont supposés être d’une ethnie proche des mongols ? Ranafout’, ils sont blancs. Et patriarcaux. Et surtout raciiiiistes!). Et si vous pensez que j’exagère (un brin il est vrai), rappelez-vous simplement des adaptations netflix de Death Note ou de Saint Seiya… Niveau respect, on a vu mieux…


Bref, les bases étant posées, penchons-nous donc (enfin) sur ce Dragonball Evolution, sorti uniquement sur PSP. On comprend vite le pourquoi du comment, vu le manque d’ambition flagrante du titre ; on gardait pourtant un infime espoir à l’apparition du logo de Dimps à l’écran. Pour rappel, ce studio est essentiellement composé de transfuges de Capcom et de SNK (ils s’y connaissent donc un minimum en baston vidéoludique) et est à l’origine de l’excellente série Budōkai, la première à avoir montré qu’on pouvait réellement faire de bons VS Fighting avec la licence DB. Comment ça, "et les Butōden, alors"? Sérieux, on est ici entre gens de goût, si c’est pour venir pourrir ma prose avec vos Objets Ludiques Non Identifiés animés sur trois frames et demi, ça n’est pas la peine de rester… Bref, où en étais-je déjà ? Ah oui, Dimps.


Ça va sans doute en étonner quelques-uns, mais le point fort incontestable du jeu…ben c’est le gameplay, qui est peu ou prou une version "light" du précédent jeu de Dimps estampillé DB : Shin Budōkai. Cela tient pour beaucoup au fait que Dragonball Evolution est par essence moins démesuré, moins jusqu’au-boutiste que son modèle, dans lequel certains persos pourraient presque exploser des planètes entières en éternuant… Ainsi, si le système de combos et d’esquive est globalement identique, on notera la triste absence des transformations, ainsi que celle des vagues de ki (aux oubliettes donc les duels de kamehamehas…). Pour vous donner une idée, la technique ultime de Goku, qui consomme tout de même 5 unités de ki…ben c’est justement le kamehameha, soit sa technique de base dans n’importe quel autre VS Fighting basé sur la licence ! En bref, hormis une richesse un chouïa amoindrie, ça reste tout aussi nerveux et précis qu’un Budōkai classique. Avec un univers adéquat (et un roster mieux équilibré :p), on a là un jeu tout à fait décent…


Le problème, c’est que Dragonball Evolution…ben, a l’univers de Dragonball Evolution. Si on a déjà vu plus moche sur le support, esthétiquement parlant, ça ferait presque gerber les globes occulaires tellement chaque pixel des graphismes, très fidèles au film (de ce que je m’en souviens, je n’ai pas maté cette purge plus d’une fois), flirte constamment avec le mauvais goût et le cosplay ridicule. Ce fort charismatique (irony of course) Fu Lum, il était dans le film? J’en ai aucun foutu souvenir, mémoire sélective sans doute… On se consolera (un peu) en se disant que Dimps a au moins eu le mérite de ne pas céder à la tentation facile des sirènes de la digitalisation, comme par exemple un certain Street Fighter – The Movie avant lui…


Côté modes de jeu, ça n’est pas spécialement la panacée. On retiendra le mode Mission, qui est une succession de petits défis requérant des conditions de victoire particulières (genre achever l’opposant avec une technique bien définie), et surtout le mode Story, mais principalement pour sa pauvreté affligeante : il est court (une heure grand max pour le boucler), ludiquement anecdotique (la difficulté, non modulable, semble être bloquée sur le mode Easy), et "mis en scène" (notez les guillemets) par des putains de séries d’images fixes, qu’on fait remuer de temps en temps pour simuler un semblant de dynamisme. Et puis ce génie dans ces dialogues ! Je crois que je ne me remettrai jamais de cette pique du lycéen qui cherche des noises à Goku, et qui finit par le surnommer "Sancucul". Audiard n’a qu’à bien se tenir…


En guise de conclusion, on va dire que Dimps a fait ce qu’il a pu avec ce qu’il avait. Ce Dragonball Evolution est un jeu qui plaira…euh, aux fans du film, je suppose ? Non, non, ça n’est pas une blague, il y en a qui l’ont aimé. Il y en a même qui se prétendent fans de Dragon Ball et qui le défendent… Pour ma part, j’aime à penser qu’il existait à une époque un 14e univers, mais qu’il a tellement déconné que Zeno l’aurait annihilé dans un accès de rage… Et oui, même DB Super aurait renié ce truc : peut-on imaginer plus grande disgrâce ?

Wyzargo
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le 2 nov. 2020

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le 2 nov. 2020

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Dragonball: Evolution
Momongafr
1

C est une blague ou…???

Bon ba comment parler de se film ???? au ptn .Déjà partons du début se «film» par du sentiment de adaptâté le manga dragon ball (je parle bien de dragon ball et non dragon ball z ) en live action...

le 25 déc. 2021

Dragonball: Evolution
EléArd
10

Majestueux.

Ce film nous laisse voir un bon générique permettant de voir toutes les personne ayant travaillé sur ce film. Comme ça si je vois leur nom dans un prochain film je n'irais pas le voir.

le 21 nov. 2018

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