Dying Light 2: Stay Human
6.1
Dying Light 2: Stay Human

Jeu de Techland, Olivier Derivière et Deep Silver (2022Xbox Series X/S)

Préambule


Je n’ai jamais terminé Dying Light, premier du nom. J’avais pu néanmoins le tester, et de ce que j’en avais vu, le jeu reprenais la structure de Dead Island tout en y injectant un aspect parkour et un cycle jour/nuit qui influait sur le comportement des zombies.


Dying Light 2 est un jeu qui s’est fait attendre. Maintes fois reporté, notamment en partie à cause de la crise sanitaire, le jeu a été frappé de plein fois par des problèmes de développement. 6 années furent nécessaires pour arriver au bout de ce jeu qui paraissait vraiment prometteur, quand j’ai regardé l’e3 2019. Le jeu proposait un univers un peu différent du premier opus, avec un aspect moyenâgeux moderne, on nous promettait des choix à faire entre différentes factions, bref que du bonheur en perspective.


Il se trouve que à l’heure où j’écris ses lignes, la réalité est un peu moins encourageante. Autant le dire de suite dans cette introduction, j’ai eu des premières heures de jeu difficiles sur Dying Light 2, que j’ai pris sur Series S pour bénéficier du patch 60 FPS 900 P qui avait été déployé à la suite de la demande des joueurs. Si vous faites le jeu sur Series S, ne jouez pas en mode performance, parce que littéralement le jeu est claqué. La résolution pique les yeux, il y a du screen tearing ( déchirures d’écran), chose que je n’avais jamais encore vu dans un jeu vidéo console, et c’est injouable. J’ai dû m’adapter à la lenteur du mode qualité en 30 FPS, mais qui néanmoins est beaucoup moins sujet à des bugs graphiques et qui est clairement plus agréable à l’oeil.


C’est que le grand problème de ce jeu, en plus de son optimisation calamiteuse sur laquelle je vais revenir, c’est que le fun intervient relativement tard à partir du début du second tiers de l’aventure. A partir du moment où le joueur est lâché dans la « boucle », une zone de gratte-ciels où vous pouvez vous déplacer en parapente combiné au parkour, à ce moment là, l’aventure commence à monter en puissance… Avant de se finir assez rapidement un peu en eau-de-boudin.


1) L’histoire, entre nanard et tentative d’élever le niveau ?


Le jeu se déroule 15 ans après le premier jeu. L’humanité est détruite, il reste une seule ville en Europe, Villedor, probablement d’inspiration polonaise, et vous incarnez Aiden, un pèlerin qui voyage à pied pour porter des objets ou des messages. Il arrive dans Villedor pour essayer de retrouver sa sœur Mia, qui a été le cobaye d’une expérience mené par Waltz, l’antagoniste du jeu. C’est le fil rouge de l’aventure, qui malheureusement devient un peu redondant vu le nombre de flashbacks inutiles pour nous « raconter » le traumatisme d’Aiden. On se rend compte très vite que le sous-titre « Stay Human » est ici justifié par le fait que, olala, Aiden est en train de devenir une sorte de « zombie ultra puissant » et de perdre son humanité, humanité qu’il mettra à l’épreuve à Villedor puisqu’il sera confronté à la violence et à des choix à faire entre différentes factions.


Le bât blesse parce que, malgré quelques petites fulgurances dans le scénario, deux ou trois personnages comme Lawan, Hakon, Juan ou Veronika qui vont se démarquer dans l’aventure, parfois j’ai eu l’impression que les choix que je faisais avait un vrai impact sur le jeu et parfois non. Je m’explique. Au début du jeu, on te propose globalement trois voies. La voie de Sophie, une survivante, la voie des pacificateurs, une sorte de milice dirigée par Aitor dans le vieux Villedor, et la voie de Aiden qui, au fond, souhaite juste retrouver sa sœur et ne pas s’impliquer dans les conflits locaux de la ville. J’ai choisi d’aider Sophie, et ce faisant, je suis devenu antagoniste avec Aitor. Lorsqu’on arrive dans la boucle, on rencontre le « chef » de Aitor, et en fonction des choix qu’on va faire, on peut réussir à sauver la vie ou pas de Aitor. Sauf que le dilemme qui se pose, c’est que si on le fait, on fait éclater la vérité et on risque de se brouiller avec toute la faction. Au final j’ai sauvé Aitor, et le seul truc que ça a débloqué, c’est qu’on me donne une arme « légendaire ». C’est tout. J’ai bossé avec Juan et au final ça m’a débloqué une fin où la ville est dirigée par les renégats, la pire faction du jeu, alors que je n’avais absolument pas l’impression que le scénario se dirigerait vers cette finalité en faisant ces choix précis.


C’est ma déception du jeu, les choix intéressent, certes, parfois c’est cool, oui, mais j’ai l’impression que tout n’est pas si entremêlé que ça. Genre Sophie, après que je sois arrivé dans la boucle, je n’ai pas eu de nouvelles. J’ai travaillé avec Juan et « trahi » Jack Matt, et à aucun moment je n’ai eu de confrontation avec ce dernier. Donc en résumé, parfois j’ai trouvé que le système de choix fonctionnait et parfois, je l’ai trouvé parfaitement incohérent.


La finalité du jeu est décevante, je m’attendais à mieux, et clairement pour le « twist » final, le nombre d’heures passées ne valaient pas le coup puisque je n’ai pas trouvé ça si bien écrit que cela. Comme je le dit, cette histoire est très bancale et l’univers n’est pas cohérent. On est dans un jeu où il n’y a aucune « arme à feu » 15 ans après la chute de l’humanité. La seule arme à feu qu’on peut se crafter dans le jeu, c’est un pistolet à chevrotine qui se casse en deux trois coups. Alors que le jeu nous permet d’utiliser du C4, qu’il y a à un moment des silo de missiles qui tirent sur la ville, ce n’est pas crédible et ça impacte négativement le gameplay.


2) Le moyen-âge moderne, fausse bonne idée ?


Parce que oui, qui dit pas d’armes à feu dit castagne à mains nues ou avec des armes, genre bâtons, épée, masse… Bien sûr, quelques cocktails molotov, des couteaux de lancer et des arcs ou arbalètes. Et c’est tout. Pour taper du zombie, ça n’est pas dérangeant, pour se fritter contre des ennemis humains, par contre ça le devient parce que le système de combat contre eux est très moyen. En fait, vous allez la plupart du temps devoir parer, ou esquiver, puis taper comme un bourrin, parfois quand vous êtes en hauteur ou à proximité de pièges, vous pouvez leur mettre un coup de pied pour les envoyer voltiger ad patres, et des fois vous allez chopper une lance qui quasiment one shot l’ennemi et puis c’est tout.


Je ne parle même pas de ce système de combat « contre les humains » quand vous vous battez dans des endroits étroits ou en intérieur. Cela est franchement dégueulasse à jouer, et ça n’est pas intéressant car le menu de fabrication ou le menu d’équipement est pas des plus pratique. Dans la ville, vous trouverez des équipements et cet équipement vous permettra d’avoir une meilleure armure, d’améliorer vos armes… Vous connaissez le principe de Dead Island, c’est pratiquement le même en plus « survival ». Le jeu va vous donner des "inhibiteurs" à trouver, pour débloquer au choix soit plus de vie, soit plus d'endurance. Privilégiez l'endurance, parfois certaines activités annexes ne peuvent pas être faites parce que vous n'avez pas assez d'endurance.


Moi j’ai trouvé que le jeu donne trop peu de capacités au personnage au début de l’aventure. On a même pas accès à la glissade parkour il faut la débloquer dans l’arme de compétences qui se divise en deux, côté combat et côté agilité. C’est frustrant et pour reprendre l’expression du vidéaste bibi300 consacré au test de ce jeu sur youtube, le « fun arrive beaucoup trop tard dans le jeu ».


Je ne parle pas des séquences d’infiltration mal foutues, je ne parle pas de ce combat de boss infernal et profondément mauvais de la fin de jeu, ça m’a laissé un goût amer. Reste que le parkour, malgré des petits bugs et parfois des moments ennuyants et frustrants pour grimper, avec la caméra qui fait n’importe quoi ou le personnage qui s’accroche pas, globalement je reconnais que c’est un des meilleurs jeux proposant du parkour actuellement. Genre meilleur que Mirror Edge, sans problème. Pour son côté combat, on est quand même pas non plus sur quelque chose de très qualitatif, ça fait le boulot, je pense qu’il manque des armes à feu dans le jeu pour dynamiser les affrontements contre les humains. Contre les zombies, pas de problème le corps à corps suffit.


3) Une technique… lamentable ?


Je reviens pas sur l’optimisation Series S, je l’ai évoqué au début du test. Le jeu est bourré de bugs, bourré de choses frustrantes qui brisent l’immersion. Les effets de pluie sont pas très beaux, et parfois le truc hallucinant, c’est que tu te rends compte qu’il pleut alors que tu trouves à l’intérieur d’une bâtisse « fermée », la pluie traverse littéralement les murs. C’est n’importe quoi.


L’IA est très perfectible, parfois les ennemis vont t’enchaîner comme des professionnels du MMA, tu ne comprends pas ce qui se passe, et parfois ils vont rien faire et tu vas pouvoir les dégommer à distance avec ton arc. Le boss de fin, à un moment donné, est resté planté devant moi, et il n’a littéralement rien fait, je pouvais me soigner sans problème, il restait figé devant moi, et ses animations étaient catastrophiques. Le jeu a crashé à la fin pendant la cinématique de conclusion, me forçant à recommencer pour voir la finalité du soft.


Il y a des moments dans le game design, où j’ai été obligé de laisser mon personnage « mourir » de son infection, parce que les développeurs n’avaient pas prévu de chemin pour que je puisse remonter du trou dans lequel j’étais descendu. Et je ne parle pas du moment où le personnage de Veronika, hurle à la mort pendant que le joueur essaie de réfléchir à trouver un moyen de résoudre une énigme, parce qu’elle est claustrophobe et qu’on doit vite rétablir le courant.


Ce game design est parfait dans la partie « boucle » de la ville, par contre à certains moments, ça se passe de commentaires, je ne comprend pas comment on peut rendre une copie comme ça. La map est immense oui, parce que en dehors de la ville, tu peux explorer la campagne… et la terre brulée rempli de produits chimiques… Sauf que c’est vide. Sauf que tu n’as pas de voiture pour explorer. En fait c’est littéralement une zone morte, qui sera sûrement enrichie avec les mises à jour, puisque les développeurs vont continuer à update le jeu pendant 5 ans et ont promis une durée de vie avoisinant les 500 heures. Personnellement j’ai fait 30-35 heures dessus et ça me suffit. Je n’y reviendrais pas.


Je mentionne l’OST par contre qui est vraiment bonne, avec un français à la composition Olivier Deriviere, cocorico. J’ai particulièrement aimé le thème « Empowering yourself », lors du moment où on gravit la plus haute tour du jeu et qui est certainement, le money shot du jeu.


Conclusion


Je n’ai pas été totalement convaincu par Dying Light 2. Et pourtant, étant pourtant mal parti avec ce jeu, et voulant très clairement le lâcher voir me faire rembourser, tellement le jeu était injouable en 60 FPS 900 P de mon point de vue, j’ai fini par le passer en mode qualité et j’ai au fur et à mesure de la progression de mon personnage, et surtout de l’arrivée dans la boucle, avec les énormes gratte-ciels et cette liberté de diriger son personnage quasiment partout, là oui j’ai vu le potentiel de ce jeu.


Un potentiel gâché par cette optimisation console désastreuse, un potentiel gâché par un scénario moyen, un potentiel gâché par des erreurs de game design à certains moments, un potentiel gâché par ce système de combat contre les humains, qui frustre plus qu’il n’amuse.


Et pourtant, avec des mises à jour, avec du contenu supplémentaire ajouté, avec un suivi de ce jeu sur 5 ans, Dying Light 2 final version pourrait potentiellement corriger le tir par rapport à cette version vanilla.


Aussi c’est à la manière des jeux Dead Island, un jeu que je conseille de faire à petit prix. Dans quelques années, quand il sera moins cher, que les mises à jour seront déployées, et que les joueurs auront accès davantage aux consoles next gen PS5 et Series X ou des PC surpuissants, alors oui ce jeu pourrait devenir un bon jeu de zombies survival horror.


En l’état c’est un jeu moyen, qui est correct, j’ai passé un moment sympa sur le jeu, mais il suffit que je me remémore TLOU 2 en 2020 sur PS4, ou The Evil Within en 2014, ou encore plus récemment les Resident Evil 2 et 3 remake voir très clairement Resident Evil Village l’année dernière qui reste de mon point de vue, à ce jour, le meilleur survival-horror sorti le plus récent, pour reléguer loin derrière Dying Light 2 dans mes expériences horrifiques.


Néanmoins comme je l’ai dit, ce jeu va certainement se bonifier avec le temps, il suffit donc d’être patient et ne pas faire l’erreur de l’acheter day one, comme un certain cyberpunk 2077 en son temps.

SpiderVelvet
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le 6 avr. 2022

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SpiderVelvet

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