Une jolie ballade bucolique

En parcourant des présentations du jeu "Eastshade" (du studio du même nom), beaucoup présente le jeu comme un "Skyrim" indépendant.

Ayant joué (déraisonnablement) longtemps sur ce dernier, je vois effectivement quelques ressemblances évidentes : une île à explorer, une quête principale, une bonne trentaine de quêtes secondaires, des décors naturels variés et magnifiques, un cycle jour/nuit, des interactions avec les PNJ (les "personnages non joueurs") et, à charge du jeu, quelques jolis bugs qui cassent un peu l'immersion par moments.

On y retrouve aussi quelques principes de jeu comme la recherche de ressources (le loot), la construction d'objets (le crafting) et l'amélioration des performances du joueur qui donne une (très légère) composante RPG à l'ensemble.

Mais il y a aussi de vrais différences par rapport à Skyrim. Tout d'abord, il n'y pas la moindre once de violence et on n'y meurt pas. Aucun ennemi, par exemple. On ne rencontre pratiquement que des gens bienveillants et accueillants que l'on peut aider ou renseigner. On est alors récompensé en obtenant de l'argent, des renseignements sur un site à visiter ou des plans pour fabriquer des objets très utiles.

Si on aime l'exploration émaillée de quelques énigmes en se baladant dans des décors naturels magnifiques, ce jeu a un charme certain et est étonnamment addictif. Cela malgré quelques bugs qui gênent la progression ou brisent brièvement l'immersion (cela dit, le jeu est régulièrement mis à jour et les problèmes s'arrangent petit à petit).

Que nous raconte "Eastshade" ? Vous êtes artiste peintre et vous arrivez dans l'île avec l'intention de réaliser des tableaux de quatre endroits marquants des lieux afin de respecter les dernières volontés de votre mère. Pour réaliser cette quête principale, vous devrez parcourir l'île et interagir avec les habitants. Au fur et à mesure de vos découvertes, votre jauge d'inspiration augmente et vous donne l'élan artistique nécessaire pour peindre des tableaux des plus jolis endroits (et quelques portraits également).

Autre élément important : les PNJ sont tous des animaux. Ici vous croiserez un ours garde forestier, là un singe aubergiste ou encore un cerf bricoleur. Ce choix des développeurs de ne représenter que des habitants non humains donne au final un charme étrange et surréaliste supplémentaire et force ces aimables interactions pleines de sympathie et d'empathie.

Pour augmenter un peu la durée du jeu, il vous sera nécessaire d'accumuler un peu d'argent pour acquérir un droit de passage à certains endroits ou d'avoir des lettres de recommandation des habitants pour pouvoir pénétrer dans Nava, la grande (et très belle) capitale de l'île. Ces contraintes ont aussi pour but de pousser le joueur à explorer et à aider les personnages, à prendre son temps, à encourager l'observation et la contemplation.

Ce jeu fait suite à un premier épisode "Leaving Lyndow" qui raconte, brièvement, le départ d'une étudiante de l'île pour partir sur une université du continent. Un prequel utile mais pas indispensable pour jouer à Eastshade (sauf si on veut débloquer un secret Steam particulier).

Adorable comme tout, aux décors magnifiques et illustré par la très belle musique de Phoenix Glendinning, Eastshade est une délicieuse ballade bucolique d'une trentaine d'heures, pleine de petites surprises et d'idées de design et d'interaction. Un joli dépaysement en attendant le printemps.