“Edgar, ermite de 40 ans vivant avec sa poule isolé dans la forêt, coule une vie paisible entouré de ses précieuses courges.” Cette première ligne de synopsis, si vous êtes un citadin-né, vous l’entendez probablement prononcée par la voix de Christophe Hondelatte. Mais en tant que campagnard exilé sur le béton, j’ai vu dans la promesse faite par le studio La Poule Noire l’occasion de traverser un morceau de mon enfance, écoulée paisiblement dans une commune de 1500 habitants.


Edgar vit en marge de Boulzac, le bourg le plus proche. Depuis son cabanon, il veille sur ses précieuses courges accompagné de Pépette, sa poule noire. Un matin, le malheur arrive. Le razidium vient à manquer, et voilà les plantations infestées de nuées de mouchilions. Pour se procurer un peu du précieux métal insectifuge, Edgar décide d’aller au contact de ses semblables. Une quête qui va l'amener à lever le voile sur l’histoire du village.


E que s’apelerio Boulzac
Derrière son décor cartoon et rustique, la bourgade cache un lourd héritage médiéval. Ce sont ces siècles obscurs qui ont vu passer la terrible “guerre du raisin”, dans laquelle les Boulzacois se sont dressés comme un seul homme face à une secte pour protéger la cuvée locale. Mais faut-il prendre à la lettre l’histoire officielle qu’on découvre au musée, par ailleurs annexe de la mairie ? Voilà une affaire qui sent bon le conspirationnisme. Presque aussi fort que mon tonton Jean-Jacques après deux apéritifs anisés, pour peu qu’on le lance sur le 11 septembre ou Dieudonné.


Pinard de vivre à la française
Bientôt, on découvre qu’une organisation opère sur la population Boulzacoise un contrôle total, pour faire toujours plus d’argent. Sans spoiler le jeu, qui dure 2-3h, sachez juste qu’il est question de reliques anciennes, d’alcool et de contrôle des masses. Le Pointer-et-Cliquer est aussi simple que l’amour que porte le protagoniste débonnaire à la terre nourricière. Aucune énigme n’est là pour parasiter la balade pastorale, et lorsqu’on bloque un peu il suffit généralement de se rendre au PMU écouter parler les sages dans un air de musette. Ou vers le dernier objet bien en évidence, dont on se demandait bien à quoi il pouvait servir jusqu'ici.


Edgar : Bob-Bok in Boulzac est un peu un 1984 qui aurait lieu dans la France chère à Jean-Pierre Pernaut : celle des épiceries collaboratives, des PMU et des braconniers ivres. Mais rien de bien sérieux ici ; on est là pour se marrer avec Pépette et ses caquètements, dans une ambiance qui tient plus de la Soupe aux Choux. Sans chichis et sans manières comme un coup de rouge dans un verre Duralex.


Venez découvrir des jeux sur La Gazette du Game

bofang
8
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le 10 avr. 2020

Critique lue 320 fois

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bofang

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D'autres avis sur Edgar: Bokbok in Boulzac

Edgar: Bokbok in Boulzac
Vilou
7

Cultistes sans sulfite

Bienvenue au village de Boulzac, son PMU, sa Boulzacoise, son razidium, ses bijoux, sa populace connectée zé bigarrée, Edgar Grospotiron l'acrobate des mots, Pépète la poule domestique lunatique.....

le 22 juil. 2024

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