Voilà, 113 heures passées dans un monde qui m'a enivré par sa richesse et son mystère. Un monde où chaque recoin est un appel à la curiosité, où l'aventure est le maître mot. Un monde qui pousse tous les potards déjà élevés de FromSoftware à 11. C'est l'évolution de la formule des Souls dans une forme qui marquera irrémédiablement l'histoire du médium, et qui propulse, enfin, le développeur au firmament du succès public comme en attestent les chiffres faramineux. C'est l'aboutissement d'une philosophie de jeu exigeante mais accessible, qui récompense le guerrier solitaire à chaque action qu'il entreprend.
Je me garderais bien de développer plus amplement les aspects terre à terre d'Elden Ring, ses systèmes ayant déjà été décrits par tous, ses quelques défauts qui, s'ils existent bels et bien (menuing et caméras en milieux étriqués, comme d'habitude chez FS), sont de l'ordre du pinaillage face au gigantisme de l'œuvre. Le gameplay reste fondamentalement inchangé par rapport aux Souls et est intégré dans un univers d’une richesse extrême.
Une richesse mécanique, avec toujours ces level designs tortueux mais organiques, cette possibilité d’accéder à un endroit par bien des voies, que ce soit à l’échelle macro de l’Entremonde ou à celle plus réduite des donjons Legacy, plus proches de ce que l’on a pu connaître dans les jeux précédents.
Une richesse d’un bestiaire inégalé en termes de variété, qui transformera certains miniboss ardus lors de nos premiers pas en ennemis lambdas dont on connaîtra la rythmique par cœur plus tard dans notre odyssée. Et des boss, retors et dantesques, mis en scène comme jamais auparavant dans la série, clés de voûte de l’architecture FromSoftware et accomplissement en apothéose de nos pérégrinations.
Une richesse artistique, avec ce monde écrasant. Où chaque falaise révèle un panorama laissant bouche bée. Où chaque biome, en plus d’avoir une identité propre, est une leçon de narration environnementale. Où chaque donjon aperçu à des kilomètres est une invitation à venir parcourir ses salles et remparts. Où chaque ennemi torturé amène sont lot d’interrogation. Où chaque bribe de lore ajoute une pièce à ce puzzle narratif au premier abord incompréhensible, et qui fera sans doute cogiter les fans acharnés pendant des mois.
Elden Ring a un défaut majeur, c'est que l'on en ressort vidé, sans envie de lancer quoi que ce soit d'autre, il faut laisser décanter, car on sera forcément déçu. Cela faisait 17 ans qu'un certain Snake Eater trônait en première position de mes jeux du coeur, et voilà qu'Elden Ring arrive, et qu'il balaye tout d'un seul geste, celui d'un arbre colossal qui engloutit le monde du jeux vidéo de son ombre et efface tout sur son passage. Le seul espoir est que de ces ténèbres en contrebas germent des graines, des rejetons qui auraient tiré les bonnes leçons pour la marche à suivre, pour que le médium avance dans le bon sens, celui du renouveau, celui du souffle épique, celui de l’Aventure.