Avant-Propos
Emettre un avis critique sur une œuvre unaniment apprécié est toujours un exercice périlleux. En effet, face à un consensus populaire le sentiment d’être le seul « dissident » qui vient gâcher la fête est pour le moins particulier.
Elden ring donc, dernier-né soulsborne de l’écurie fromsoftware sous l’égide d’hidetaka miyazaki a obtenu un succès critique et d’estime qui n’est plus à démontrer :
Notes parfaites en pagailles, fan arts qui pullulent sur le net comme des poux sur les cheveux d’un enfant de 6 ans...
Parmi toutes les critiques que j’ai pu lire ou voir à l’encontre du jeu, force est de constater que je ne retrouve pas vraiment mon avis sur l’internet français (à l’exception de l’excellente vidéo de pseudoless sur le jeu).
Tant de superlatifs, d’éloges nourris à l’encontre du dernier-né de miyzaki qui au vu de mon expérience, semblent provenir d’un tout autre jeu que celui auquelle j’ai sué sang et eau pendant plus de 174 heures.
Ainsi je pense que donner un avis « dissident » en place publique me semble être une nécessité, si comme moi certains ont pù éprouver la même déception que la mienne et souhaiterais retrouver un avis sur lequelle s’identifier.
Par conséquent, j’invite donc tous les fanatiques d’elden ring a arrêter immédiatement de lire cette critique sous peine d’éprouver la même colère que la mienne après plus de 98 try face à cette salope de malenia.
Parcque oui, j’éprouve des sentiments pour le moins contrastés sur ce bon vieux elden, un avis très personnel, relativement salé et peut-être pas celui que vous voulez lire.
Les présentations faites, attaquons dans le lard sans plus tarder voulez-vous ? ^^
Il est l'or mon segnoooor (d'elden)
S’il y a bien deux qualités qu’on pourra aisément reconnaitre chez elden ring, c’est bien la générosité et l’ambition dont il fait preuve.
Transposer la formule souslborne habituelle dans un terrain de jeu vaste et seamless représente en soit un défi colossale tant et si bien que ce genre de proposition n’aurait sans doute pas pù voir le jour sur la génération ps360.
Et puisqu’il est de bon ton de commencer par énumérer les points positifs, autant le faire tout de suite en évacuant ce qui me semble être une évidence :
Oui, l’entre-terre (le monde d’elden ring) est une vrai merveille artistique.
Il y a dans elden ring l’aboutissement des ambitions artistiques et des fantasmes d’un hidetaka miyazaki bercé à la fantasy, et chaque région de cet univers témoigne d’un travail d’orfèvre de cohérence et d’inventivité visuelle, régions toutes prétextes à offrir d’époustouflants panoramas.
Que ce soit le liurna occidentale les plaines de limgrave, les terres maudites de caelid, le manoir du volcan ou bien encore la majestueuse cité de leyndell etc...elden ring m’a offert des moments de contemplation et d’émerveillement visuelle telle que j'en ai rarement eu dans un jeu vidéo.
Aussi les ambitions de grandeur d’elden ring ont pour heureuse conséquence d’offrir au joueur une immense palette d’outils mis à sa disposition.
Le nombre d’armes, d’armures, d’outils et de sorts en tous genres donne le vertige tant et si bien qu’après 174 heures de jeu, il y reste encore énormément de choses que je n’ai pas tester, ayant choisi de m’orienter vers un build Strength/Int bien précis.
Elden ring c’est un peu en quelque sorte le « rpg ultime » où l’on prend plaisir à changer souvent son stuff pour y tester la multitude d’armes et armures différentes et les possibilités de build y sont renversantes.
En fait pour le dire plus simplement : vous pouvez jouer littéralement comme vous le voulez.
Et tout cela sans que le jeu soit envhaissant de loot en tous genres, ce qui est toujours plaisant dans ce genre de jeu.
Cela dit, si ces ambitions de grandeur et de libertés sont louables, elles finissent par montrer des limites évidentes.
From software étant tombés dans beaucoup de travers de l’open world complétiste qui dilluent petit à petit des bonnes idées à l’intérieur d’une boulimie de contenu, dans laquelle s’éffacent petit à petit le plaisir de jeu et l’émerveillement des premiers instants.
S’esquinter à imaginer, concevoir, et remplir une map aussi immense est une chose, l’exploiter intelligemment en est une autre.
Oui car passé la soixantaine d’heures, on se rend assez vite compte que les nouvelle features apportés par elden ring n’apportent finalement pas grand-chose à la formule soulsborne et ont même finies à terme par entacher mon expérience.
• Les catacombes, forts et grottes qui se voudraient être des monuments d’inventivité ne sont que des micro-bouts d’aventure dans la grande qui ne présentent strictement aucun intérêt ludique (malgré de maigres variations dans le level-desing) : sorte de donjons calice éco+ (ceux qui ont saigné bloodborne comprendront) aux énigmes sans difficulté aboutissant systématiquement sur un boss fight lambda prenant place dans les MEMES putains d’arènes de combats.
• La clochette d’invocation vous permettant de summon des PNJ autonomes vous assistant en combat (quand le jeu vous l’autorise) fait plus ou moins office de co-op offline déguisé et mise à part une invocation complètement cheaté, celle-ci n’ont aucune vraie particularités entre elles mise à part leurs designs…Dans tous les cas c’est plus ou moins de la chair à canon qui se contente de bourriner débilement l’ennemi pour détourner son attention et ainsi vous permettre de vous déchainer sur un boss habituellement trop balaise pour vos petits bras.
• L’espèce de système de crating est tout a fait inutile tant les ressources nécessaires à le fabrication des items sont abondantes dans le monde ouvert et ce n’est pas l’utilité toute relative des différentes armes de jet qui va y changer grand-chose.
Sans doute peut-on y trouver une utilité dans un build plus dex, qui sait…moi j’ai pas compris.
Le napoléon de l'usure
Je dois bien vous l'admettre, je suis ressorti d’elden ring véritablement lessivé.
Comme je le dis toujours « la frustration est un art délicat » et si jusqu’à présent, ces messieurs de chez fromsoftware ont toujours su le comprendre en équilibrant au petits oignons leurs jeux, elden ring lui, a choisi d’être le petit dernier de la famille qui prends à malin plaisir à chier par terre et à péter les meubles.
En effet, à l’inverse des autres sousborne, celui-ci peine à faire comprendre au joueur la courbe de progression qui lui est demandé à cause d’un équilibrage aux fraises et un melting-pot d’influences et de philosophies de gameplay qui ne fonctionnent pas entre elles.
Hidetaka Miyazaki dans sa folie de rockstar du jeu vidéo, a décidé de tester la patience de ses joueurs, de les pousser à bout psychologiquement en érigeant un empire de frustration telle un napoléon de l’usure.
Jugez-donc, elden ring choisie de mélanger la vivacité des combats de sekiro (en lui empruntant au passage quelques éléments de gameplay comme le saut et l’accroupissement) avec l’inertie « camion-benne » des dark souls et une pincée de bloodborne dans certaines mécaniques de gameplay.
Un mélange très incohérent à mes yeux tant celui-ci finit par restreindre l’efficacité de certains builds.
Oui car dans la dimension elden ring, si vous avez choisi d’incarner un sans-éclat « tank » en privilégeant la force brute en full fat roll sans piou piou magique et ding ding d’invocation, à moins de faire partie de l’élite des gameurs, vous pouvez gentiment allez-vous brosser :) .
La rapidité d’exécution et le tempo des patterns ennemies sont tellement imprévisibles qu’il va être très compliqué de chopper des fenêtres pour faire des dégâts au corps-à-corps et ce pour la quasi-totalité des combats !!
Le bouclier vous dites ? oubliez-le…il ne sert strictement à rien tant votre jauge de stamina est mise à rude épreuve même sur des petits rats de pacotille.
De fait, si vous voulez finir elden ring sans jeter le disque par la fenêtre vous aurez plutôt intérêt à vous orienter vers un build dex/intelligence avec une grooooooooooooosse barre de hp et à jouer au katana histoire d’infliger des dégâts de saignements, sans oublier le petit summon qui va être votre meilleur ami pendant les boss fights. Cette restriction forcé est quand même bien paradoxale pour un jeu prétendant faire l’éloge de la liberté...
COMBIEN ?!! COM-BIEN de fois ais-je été hit par une attaque à la range démentielle quasiment impossible à anticiper au premier coup ?
COMBIEN de fois ais-je été pris au dépourvu par une arène trop étroite pour pouvoir gérer plus de 5 mobs à ma poursuite ?
COMBIEN de fois ais-je été interrompu dans un combat face à un chevalier acharné par une meute de loups qui poppent à côté de moi comme ça d’un coup ?
Elden ring réussi l’exploit d’être le premier soulsborne faisant preuve d’une véritable **injustice **dans la plupart de ses combats.
Entre des combats soit débilement durs ou débilement simples, le joueur à toute les peines du monde à ainsi deviner ce qu’on attend de lui, une première pour fromsoftware qui ne nous ont pas habitué à un tel amateurisme.
Enfin, comment passer sous silence le recyclage presque comique des différents boss et sous-boss….ce qui était une "hérésie" dans DS2 semble ici être une simple anecdote pour la majorité des joueurs.
Et encore, même DS2 semble plutôt raisonnable sur ce point face à un elden ring qui va vous faire recombattre sans vergogne 5 FOIS le même boss, qui quand il n’est pas recyclé dans des catacombes, est réutilisé en tant que mob basique perdant alors toute l'icônisation que la mise en scène des cut-scenes s’est pourtant évertué à construire.
Résultat des courses : Les boss m’ayant marqué dans elden ring se comptent sur les doigts d’une main, ce qui est quand même malheureux pour un studio qui s’est évertué à ériger le boss fight au rang d’art à part entière par le passé.
Autrefois un moment stimulant d’excitation et de tension, le boss fight devient dans elden ring une blasante routine.
Everything is AWESOME
Être arrivé à bout d’elden ring m’a fait prendre conscience de plusieurs choses.
La première étant le paradoxe et la mémoire sélective des joueurs.
En effet, comment peut-on affirmer qu’elden ring est le nouveau messie du jeu vidéo en monde ouvert, « le messie qui nous sauvera de la racaille ubisoftienne » tant celui-ci tombe dans les mêmes travers que les jeux ubisoft en termes de quadrillage du contenu et de remplissage ? (bon avec les micro-transactions en moins c’est vrai, je suis mauvaise langue :p )
La deuxième étant que fromsoftware sont tombé dans une regrettable facilité.
Au lieu de repenser entièrement la formule soulsborne comme il aurait été de bon ton de le faire, fromsoftware sont nous sert ici un simili-dark souls 4 réchauffé au micro-onde avec une monture en surprise du chef, sans repenser ni le gameplay ni le quest design (les quêtes annexes sont toujours aussi bêtement cryptiques). Là où sekiro shadows die twice osait proposer une toute nouvelle proposition de jeu au risque de s’attirer les foudres de certains et de trier les casus, elden ring apparait à mes yeux comme un retour en arrière très consensuel qui ne doit absolument pas représenter un absolu pour le genre. J’irais même plus loin en disant qu’il est à mes yeux une preuve de l’essoufflement de la formule et qu’il va être enfin tant de passer à autre chose avant de tomber dans une routine qui risque d’être destructrice pour mon appréciation des jeux miyazaki. Maintenant que le studio a accédé à un succès mainstream de grande ampleur en entrant dans la « cour des gros », de ces licences ultra juteuses qui rapportent du FRIC avec un grand F, il va être selon moi essentielle qu’ils apprennent de leurs erreurs pour ne pas les répéter à l’avenir sans quoi je ne pense pas que je continuerais à les soutenir.
Mais qu’on se comprenne bien, en soit le succès commerciale et d’estime d'elden est tout à fait compréhensible et est même positif sur certains aspects.
Il a sù ouvrir la formule soulsborne a un public « casual » jusqu’alors récalcitrant à tenter l’expérience, effrayé par une exigence trop intimidante. Il a sù s’accaparer toute l’attention du « twitch game » en devenant un vrai phénomène internet. Il a permis à namco bandai des rentrées d’argent conséquentes qui permettront à l’avenir de sans doute financer des projets J-RPG plus ambitieux et risqués. Et surtout, il a fait office de porte d’entrée à la saga « soulsborne » pour toute un nouveau pan de joueur et ça c’est beau.
Donc mea culpa, je retire tout ce que je me suis évertué à vous transmettre via cette critique et elden ring est effectivement un chef-d’œuvre d’un point de vue purement capitaliste.
Les joueurs achètent, les éditeurs s’en foutent plein les poches, tout va bien dans le meilleur des mondes et la vie est belle.
(pas sûr que le medium en ressorte grandie cela dit)
Ce que j'ai aimé
- Une direction artistique à tomber par terre
- Un monde d'une grande cohérence et disposant d'un lore un peu moins cryptique que par le passé
- Des PNJ plus attachants et charismatiques à mes yeux
- Un contenu d'une diversité jamais vu dans la saga
- Une exploration du monde ouvert non assisté et organique
- Un éditeur de personnage plus complet qu'avant ( il est possible de créer un avatar "bg" cette fois)
Ce que je n'ai pas aimé
- Un world design qui se voudrais innovant mais qui tombe dans le même quadrillage du contenu que la plupart des AAA en monde ouverts
- Un recyclage absolument honteux pour un soulsborne directed by miyazaki
- Un pic de difficulté usant dans le dernier quart de l'aventure
- Une courbe de progression trop difficile à lire
- BEAUCOUP TROP LONG
- Un vrai déséquilibre dans les builds possibles
- L'aspect pseudo-cryptique des quêtes annexes qui devient lacunaire dans un terrain de jeu aussi vaste
- Et le mode photo, il est où ?