Eliminate Down est un des tout derniers shoot "classiques", avant la déferlante manic shooter qui deviendra la norme pour les années à venir. Sorti uniquement au Japon et seulement sur MegaDrive, il y a des chances pour que vous soyez passé à côté du jeu, qui pourtant est à ranger parmi les plus grands de la MD, aux côtés de Hellfire ou Thunder Force pour ne citer que les plus évidents
Le jeu est un formidable mix des plus grands shoots de la période 88-95. À Thunder Force, il emprunte le rythme effréné, la possibilité de détruire les tirs ennemis et la gestion libre de la vitesse du vaisseau (ici via le bouton start). De R-Type, il saisi les boss gigantesques, les niveaux tortueux et la difficulté monstrueuse. Voilà pour la base du jeu, un mix intelligent entre Thunder Force et R-Type, mais les références ne s'arrêtent pas là et on notera quelques clins d'oeil à Gradius pour les vagues d'ennemis à détruire afin d'upgrader le vaisseau, à Salamender pour le round 4, à Truxton pour les chaînes de "P" à construire afin d'upgrader les salves de tirs sur 3 niveaux, ou encore à Hellfire dans la possibilité de changer la direction des tirs à tout moment, la puissance des 3 types de tirs évoluant conjointement.
Non content de saisir le meilleur des shoots de son époque, Eliminate Down pousse le délire encore plus loin, avec un level design dantesque où les niveaux sont scindés en deux parties séparés par un mini boss, arborant des graphismes beaux et détaillés (moins que Thunder Force, mais qu'importe), proposant un rythme d'enfer en alternant passages speed et pièges mortels demandant une précision surhumaine pour espérer survivre, des décors, des situations et des boss fights très variés pour éviter l'ennui et donner envie au joueur d'en voir plus. Il faut dire qu'après avoir littéralement traversé une pluie de missiles dans le round 1, affronté un boss gigantesque dans le round 2 et subi l'assaut de plusieurs dizaines d'ennemis dans un round 3 d'une densité incroyable, on ne demande qu'à voir le reste du jeu (et croyez moi, vous n'êtes pas au bout de vos surprises !), même si cela veut dire qu'il faut recommencer le jeu des centaines et des centaines de fois à cause d'une difficulté très exigeante.
Aussi, et s'il n'atteint pas le niveau d'un Aero Fighter, le jeu est, en plus de représenter au mieux le genre à son époque, à quelques égards, le protoype du manic shooter (hitbox du vaisseau réduite à son centre, les balles passeront à travers vos ailes sans vous toucher, ce qui seras bien pratique sur les quelques passages du jeu (notamment le miniboss du round 6 et le boss du round 5) où l'on sera littéralement submergé de boulettes).
Beau, rapide et précis à la fois, ED est un des meilleurs shoot de la MD, il représente le meilleur du genre tout en sachant apporter sans cesse de nouvelles idées. Seul bémol pour les musiques, qui, si elles accompagnent parfaitement l'action, seront vite oubliées une fois le jeu éteint en plus de casser les oreilles (ce riff de guitare strident devient réellement désagréable à la longue). Néanmoins elles ont le mérite de nous plonger au coeur de l'action et de faire monter le stress, tout en étant très variées (pas moins de 4 thèmes différents par niveau !).