Aouch. Le premier contact avec Elite fut franchement rude. Un manuel ultra compliqué, rempli de lore qui occulte un peu les informations réellement importantes, et qui du coup devient vite franchement indigeste.
Mais je me lance, et premier choc : les contrôles ne sont franchement pas évidents quand on n’est pas habitué à ce genre de jeu. Naïvement je pensais pouvoir bêtement tourner à droite et à gauche comme en voiture, mais apparemment les vaisseaux spatiaux ne fonctionnent pas comme ça ! Par contre la sensation de 3D est franchement réussie, et quand on pense à la date de sortie du jeu on se dit qu’on ne peut même pas imaginer la claque que ça a dû être à l’époque ! C’est hyper primitif (surtout sur BBC Micro), mais tout a du volume et de la consistance, et on peut s’y immerger très facilement.
Bref, non seulement je luttais avec les contrôles, mais en plus le jeu avait un obstacle bien balèze à me jeter au visage : le fameux docking. Il vous faut en effet, après chaque sortie dans l’espace, rentrer à la base et vous amarrer délicatement : il s’agit d’avancer vers la baie d’amarrage, ni trop vite ni trop lentement, tout en faisant tourner votre vaisseau sur lui-même afin d’épouser la vitesse de rotation de ladite base. Et olalah qu’est-ce que j’ai eu du mal à prendre ça en mains ! J’en ai écrasé des vaisseaux sur la coque de bases spatiales diverses et variées !
Mais à force de se balader dans l’espace, on arrive à se familiariser avec les mouvements qu’il est possible de faire faire à notre vaisseau, ou non. On croise aussi pas mal d’ennemis qui nous vaporisent et nous forcent à repartir du dernier spatioport, puis on finit par réussir à en tuer quelques une, parce qu’on progresse à chaque sortie. Et finalement cette maîtrise nouvellement acquise (et toute relative) du vaisseau nous permet enfin de rentrer à bon port suffisamment régulièrement pour envisager de se lancer dans une carrière de commerçant spatial.
Parce qu’Elite c’est ça à la base, un jeu de capitaliste de l’espace où on tire profit des disparités de prix entre planètes. Et malheureusement c’est cet aspect du jeu qui est le moins réussi. Il y a des tas de planètes mais il suffit de faire des allez-retours entre deux d’entre elles pour s’enrichir, parce que rien ne nous incite à aller plus loin. C’était pas la peine de faire 8 galaxies si la boucle de gameplay fonctionne sur une paire de planètes ! En plus le vaisseau n’a pas une capacité de transport énorme, et il faut du coup faire beaucoup d’allers-retours pour faire des profits, et à chaque saut planétaire il y a un gros temps mort à cause de la phase d’approche.
Autre défaut, qui pour le coup m’a fait arrêter de jouer, c’est le tout-ou-rien en terme d’ennemis. Chaque fois que vous approchez d’une planète, il y a une chance d’être attaqué par des pirates de l’espace. Malheureusement, le jeu a tendance a choisir entre zéro ennemi et beaucoup trop d’ennemis, ce qui est rageant. Rageant, parce qu’on s’est amélioré, que les dogfights sont vraiment funs, et qu’on est capable à coup sûr d’abattre quatre ou cinq vaisseaux. Peut-être même sept ou huit quand on est en forme. Malheureusement le jeu est capable de monter à dix ou quinze comme de rien. Du coup notre satisfaction d’avoir effectué les premiers kills est oblitérée par la guerre d’usure que nous mène le jeu, qui se terminera par votre mort trop souvent parce qu’enchaîner combat après combat après combat sans pouvoir se soigner ou recharger ses missiles ben ça mène juste à un épuisement des ressources…
Et ça c’était beaucoup trop frustrant. Soit je croisait personne et je faisais mon petit bénéf’ tranquillement mais de manière pas passionnante, soit je croisais des ennemis et après une lutte où je débutais victorieux le jeu m’avait à l’usure et je devais recharger ma partie.
Bref un mélange d’émerveillement, de plaisir mais aussi de beaucoup de frustration.
13/20