Chef-d’œuvre

4X grandiose à vocation diplomatique, sinon pacifique.

8 espèces très différentes évoluent dans une galaxie. Elles s’allient, se font la guerre, mais pas seulement. Dans ce jeu, il est possible de conquérir pacifiquement un autre système, de vivre en bonne intelligence avec ses voisins et de gagner la partie autrement qu’en écrasant militairement ses adversaires. Le jeu s’attarde essentiellement sur la gestion des planètes, de leurs ressources et de la population.

Mais attention, la simulation est très poussée et franchement complexe. Outre une profusion de ressources aux utilisations spécifiques, une bourse et même une entreprise interstellaire, les différentes espèces possèdent leurs propres capacités et leur courant politique qui influencent leur satisfaction. Si elles sont mélangées au sein d’un même système, ça devient coton. Et bien sûr, le tout peut être modifié par des lois dépendantes des partis élus. Enfin, élus suivant le modèle de gouvernement, évidemment. Du coup, la construction de navires et de bâtiments devient la partie facile du jeu. La gestion des différents domaines peut rendre les tours assez longs quand il faut examiner chaque système, l’économie, la recherche, les quêtes et la diplomatie.

Les affrontements spatiaux sont réduits au strict minimum, une flotte customisable avec une tactique et zou. Le combat en lui-même est entièrement automatisé. Cette approche en apparence rebutante est voulue. En effet, elle oblige le joueur à se concentrer sur la gestion plutôt que de tomber dans un jeu de stratégie militaire. C’est un choix.

Ce qui peut également surprendre, ce sont les factions très différentes et pas du tout équilibrées entre elles (les Riftborns ou les Horatios sont trop puissants comparés aux pauvres Fallen et autres Vodyanis) et je pense que c’est voulu. En effet, Endless Space 2 tient plus de l’œuvre d’art que du jeu vidéo classique. Les scénarios, les graphismes et même la musique invitent le joueur à découvrir ce monde pour en savourer toute la beauté. Vu la longueur des parties (plusieurs semaines), le jeu se transforme en expérience où la victoire n’est qu’un détail. C’est d’autant plus vrai que le jeu varie radicalement avec certaines espèces telles que les Fallens ou les très étranges Umbral Choir (à tester seulement après avoir bien rodé le jeu, cependant). Là encore, avec le système des victoires, il n’est pas nécessaire d’avoir une nation puissante pour gagner.

En revanche, il est regrettable que ce système de combat, volontairement simple, car secondaire, soit incontournable. En effet, la diplomatie et la coopération ne sont possibles (avec l’IA en tout cas) qu’après avoir formé une flotte de combat suffisamment dissuasive. Du coup, une approche de paix et d’amour ne se fait souvent qu'après une discussion au laser. C’est carrément dommage, et ça oblige donc le joueur à se concentrer régulièrement sur son armée. Dans le même sens, le système de hacking est un peu frustrant. Outre sa lenteur, il ne permet guère que d’embêter les adversaires sans réellement les impacter. Il aurait été intéressant de pouvoir hacker directement des flottes, pousser des systèmes à la révolte, bref, de donner un pendant à la force brute que ce jeu tente pourtant d’éviter. Enfin, quels que soient la couleur politique et le mode de gouvernement, le joueur peut se comporter n’importe comment. Envahir ses voisins, massacrer les vaisseaux civils, raser des planètes ou même détruire des systèmes entiers ne pose aucun problème à de paisibles pacifistes en démocratie. Bizarre…

En développant le hacking et la diplomatie, elle aussi trop limitée à mon goût, en ajoutant le concept de protectorat afin d’étendre les alliances et restreignant les découvertes pour rendre les mercenaires vraiment utiles, il y aurait largement de quoi faire un 3ème opus.

En conclusion, Endless Space 2 développe un monde extraordinaire de découvertes. La durée de vie du jeu dépend de la curiosité du joueur qui voudrait explorer toutes les formes de galaxies et toutes les espèces. Personnellement, ça fait deux ans et je n’ai pas encore fini…