Amplitude avait su en 2012 se faire une place dans la niche un peu confidentielle des 4X avec son Endless Space, proposant de partir à la conquête spatiale et d’explorer, d’exploiter, de s’étendre et d’exterminer la compétition. Cinq ans plus tard, cette suite reprend la même formule, et en améliore l’exécution sous bien des aspects.
C’est mieux
L’une des particularités d’Endless Space était de proposer un petit nombre de factions mais très différentes les unes des autres, bien au-delà de ce que la plupart des titres proposaient, avec une ressource ou une unité en plus en début de partie. Certaines pouvaient se passer complètement d’une ressource, d’autres épuisaient les planètes qu’elles colonisaient et devaient s’étendre en permanence. Son successeur reprend le même principe et fusionne celles qui étaient trop similaires, tout en ajoutant de nombreux petits éléments pour multiplier les fronts.
On retrouve ainsi les factions mineures et les quêtes d’Endless Legend, les premières permettant de densifier la diplomatie et d’obtenir des alliés, des systèmes, ou des bonus de populations, les secondes ajoutant des séries d’objectifs à plus ou moins long terme pour déclencher des bonus relatifs à presque toutes les variables que le titre peut proposer, qu’il s’agisse de ressources, de vaisseaux, de technologies, ou de statistiques.
Dans le premier opus, les scouts avaient un intérêt un peu limité. On les mettait généralement en pilote automatique, attendant d’avoir accès aux trous de ver pour pouvoir découvrir les constellations voisines. Ici, ils ont une place primordiale, puisqu’explorer des curiosités sur des planètes fournit de nombreux avantages : les ressources stratégiques et de luxe ne se dévoilent plus d’office, et il faut les trouver. A cela s’ajoute un système de niveau et de réserve de sondes qui permet d’en garder un peu pour la fin.
Une nouvelle dimension politique vient s’ajouter à la gestion de votre Empire, puisque les améliorations de systèmes et les populations influenceront les partis politiques représentés dans votre Sénat, vous permettant d’activer ou non certaines Lois qui, elles-mêmes, appliqueront un bonus à l’échelle de votre Empire, une addition plutôt bienvenue pour diriger le flux de vos ressources dans un sens ou dans l’autre.
L’ergonomie a été améliorée : la carte de la galaxie et l’administration des systèmes peut se faire via un simple zoom, et l’interface en général parait un peu moins lourde.
Mais...
Mais certaines choses ont à peine bougé, et elles rendent Endless Space 2 plutôt pénible à la longue. Par exemple, l’interface de gestion d’un système est quasiment inchangée, privilégiant l’esthétique à l’ergonomie. Ainsi, la liste des améliorations ou de vaisseaux qu’un système peut construire se présente toujours sous la même forme : une liste déroulante et non ordonnée de quatre carrés de large de 120 pixels sur 40, où le nom est complètement tronqué, nichée dans le coin inférieur gauche de l’écran, à peine plus grand qu’un seizième de la surface affichable. Pour cette liste, trois modes de tri : vaisseaux, améliorations, ou les deux. Pas moyen d’avoir une vision claire des améliorations avec leurs effets et leurs coûts, il faut passer le curseur sur chaque amélioration pour déclencher la bulle d’aide... elle aussi minuscule et nichée dans un coin de l’écran, contenant au final 50% de lore inutile.
C’est tout simplement insupportable.
La plupart des écrans reprennent ce principe de non-ergonomie : la puissance d’une flotte sur la carte de la galaxie, ou les effets d’une loi dans le Sénat ne se voient qu’avec la même bulle d’aide au survol. De même, il y a pas mal de petits manquements ici et là : sur certains écrans, impossible de savoir en un coup d’oeil si une ressource est stratégique ou de luxe. Pratique. On a parfois du mal à sélectionner une flotte lorsqu’une autre la superpose. L’arbre de technologie est toujours autant un bordel avec une flambée d’icônes. Lorsqu’on découvre une nouvelle technologie, toujours pas de bouton pour l’appliquer partout où c’est possible (comme les éco-habitats), il faut repasser sur chaque système. En terme d’interface, Endless Space 2 est plutôt joli, mais reste aussi pénible à naviguer que son prédécesseur. Heureusement qu’il y a toujours pas mal de raccourcis clavier.
Les contenus additionnels apportent de nombreuses nouveautés, dont des nouvelles factions. Certaines d’entre elles sont cependant complètement craquées (bonjour les Umbral) ou très, voire trop difficiles à maîtriser, notamment pour l’IA. A cela s’ajoute des incohérences, comme celui de pouvoir démanteler un escadron offert par l’Académie sans pouvoir le reformer. Adieu ma meilleure flotte... Et pourquoi avoir planqué les options les plus intéressantes de la diplomatie derrière des technos de fin de jeu ? Pourquoi forcer le joueur à attendre une centaine de tours pour échanger des systèmes ou pour rejoindre une alliance ? Ca n’a pas de sens, ces options-là devraient être disponibles par défaut, ou bien plus tôt dans la partie.
Endless Space 2 donne assez peu de raisons de retourner sur le premier volet. Malheureusement, il donne aussi assez peu envie d’aller jusqu’au bout des parties une fois passées les premières heures de découverte. Dommage, la bande son est très envoûtante, la direction artistique générale donne vraiment envie de s’y perdre, et certaines factions comme les Unfallens ou les Vodyanis donnent vraiment envie de les incarner.