La formule employée par Stardew Valley est redoutable. Les premières heures sont un peu laborieuses. On passe son temps à abattre des arbres, à dégager le terrain, à biner et à arroser case par case. Puis notre avatar devient un peu plus efficace, permettant d’augmenter sa productivité, de libérer du temps pour explorer, miner ou pêcher, faire connaissance avec le reste du village, et pour suivre une petite histoire, ponctuée d’événements, de festivals et de petites scènes de dialogues avec les villageois, stéréotypés (certains plus que d’autres) mais rendus sincères et attachants. Toute la palette est là, de la barbie écervelée jusqu’à la quarantenaire alcoolique séparée vivant dans une caravane. Dit comme ça, ça ne doit pas donner envie, mais c’est plutôt bien écrit et bien raconté.
Et c’est surtout purement optionnel.
En réalité, les deux principaux éléments du jeu sont l’énergie et la thune. Comme quoi, votre avatar quitte seulement son cubicle, et emporte son mode de vie déshumanisé et chronométré, simplement pour le répliquer dans la nature.
Vous allez donc devoir gérer vos journées, de six heures du matin jusqu’à minuit, pour planifier vos actions minutieusement, pour parvenir à faire pousser vos cultures, surveiller l’heure pour passer au magasin avant la fermeture, récupérer autant que possible des cadeaux d’anniversaire pour les villageois, et trouver du temps (et de l’énergie) pour continuer le nettoyage de votre terrain, accumuler des quantités dantesques de ressources pour qu’un jour vous puissiez agrandir votre maison (et avoir accès à une cuisine), améliorer vos outils, construire granges et poulaillers, ou encore débloquer de nouvelles zones de collecte. Et chaque nouvelle saison apporte son lot de nouveautés et de variations. C’est particulièrement vrai pour le premier hiver où l’artisanat devient accessible et constitue la principale source de revenus, faute de pouvoir cultiver quoi que ce soit. C’est aussi la bonne période pour atteindre le fond des mines et collecter les matériaux nécessaires pour fabriquer des arroseurs automatiques, afin de s’acquitter de cette corvée dès le printemps (re)venu.
C’est en suivant cette boucle, ou ce semblant de boucle, que je me suis retrouvé à près d’une centaine d’heures de jeu en trois semaines. Progressivement, de nouveaux éléments viennent s’ajouter à cette boucle… et ta vie sociale est foutue.
Bon, le fait que la sauvegarde ne soit possible qu’en allant se coucher, c’est aussi très fourbe. Perdre une demi-journée productive et fructueuse, ou rester cinq minutes de plus ? Bande de fumiers !
Bien sûr, le schéma que je décrivais un peu plus tôt ne constitue que la voie que j’ai choisie, et qui me semblait implicitement recommandée. Mais en fin de compte, il me semble tout à fait possible de jouer sans planter quoi que ce soit, juste avec le minage et la pêche (qui devient vraiment motivante après quelques montées en niveau, en plus de proposer un mini-jeu prenant) quitte à attendre de débloquer les arroseurs automatiques avant de s’y mettre. Ou de choisir la carte de départ peuplée de monstres et se la jouer survivant, pourquoi pas ?
C’est cette richesse de sandbox, associée à quelques éléments narratifs mignons et touchants, qui fait selon moi la principale force de Stardew Valley. Planifier ses actions est primordial, mais rien n’empêche de faire une pause à durée indéterminée pour apprécier autre chose, étant libre de choisir quand se terminera notre partie. Il vous faudra néanmoins garder à l’esprit qu’un farm très intensif vous attend, ainsi qu’un late game répétitif et brouillon à l’heure actuelle.