S'il est une règle dans le monde du jeu vidéo, c'est bien que tous les jeux qui nous ont proposé d'incarner la plus célèbre des souris du monde ont toujours été d'une qualité élevée, et la dernière production de Junction Point ne fait pas exception.
Epic Mickey fait tout d'abord sensation par la grande nouveauté de sa mécanique de jeu principale : la capacité de peindre ou d'effacer le monde dans lequel on évolue.
Dès les premiers niveaux de jeux, on se surprend à vouloir combler tous les "trous" d'une façade de maison ou à effacer tous les murs à coup de dissolvant afin de vérifier si un objet ne s'y cacherait pas. Les contrôles sont très simples : on vise, on tire avec la gâchette de la Wiimote pour peindre, on tire avec la gâchette du nunch pour effacer.
Non seulement l'action est simple à réaliser, mais elle est aussi très esthétiquement réussi : la propagation de la peinture est extrêmement bien réalisée, et c'est un plaisir pour les yeux (malgré la SD) que de peindre ou d'effacer un élément.
De plus, la peinture ne sert pas seulement aux éléments à être visible, mais c'est la source de vie du monde dans lequel on évolue. Ainsi un mécanisme d'horloge fonctionnera s'il est peint, et s'arrêtera s'il est effacé. Cet aspect permet au jeu de proposer de multiples éléments de Level Design utilisant cette mécanique.
Cette peinture sert aussi à combattre les différents ennemis qui croiseront le chemin de Mickey, ennemis qui peuvent être vaincus de 2 façons :
- la première est de les asperger de dissolvant, ce qui à pour résultat de les faire fondre définitivement
- la seconde est de les asperger de peinture, ce qui à pour résultat de les transformer en alliés, au risque de les voir se retourner à nouveau contre nous s'ils sont aspergés de dissolvant d'une quelconque manière
Un aspect intéressant du jeu est aussi à noter : une sorte de notion "d'alignement" vient récompenser les actions du joueur en fonction de s'il utilise plus le dissolvant ou la peinture. Cet alignement se traduit par l'apparition de "gardiens" (sortes de petites boules gravitant autour de Mickey) qui peuvent être soit fait de dissolvant, soit fait de peinture. La fonction de ces gardien est multiple : ils peuvent soit indiquer la direction à prendre à Mickey, soit éliminer rapidement des ennemis, le type de gardien influant sur la méthode de la dite élimination.
De plus plusieurs situations proposent des résolutions multiples, l'une nécessitant l'utilisation de peinture, l'autre du dissolvant. Mais ces 2 aspects sont présentés différemment dans le jeu, l'un étant généralement mis en avant tandis que l'autre nécessite une recherche plus approfondi. Ainsi on est confronté au cours de l'aventure à une situation nécessitant de libérer un allié enfermé dans un coffre suspendu dans les airs. Le jeu nous indique via un dialogue qu'un des personnages présent sur les lieux connait la combinaison du coffre, mais n'acceptera de la donner que si l'on repeint sa maison. La seconde solution est tout simplement de dissoudre le bras retenant le coffre en l'air, l'envoyant ainsi se fracasser contre le sol et libérant son prisonnier (au pris de quelques bosses certes ...).
Il est aussi important de noter qu'aucune de ces 2 manières n'est explicitement connotée "bonne" ou "mauvaise". Même si la notion de dissolution se rapporte plus en soi à une action destructrice comparativement à la notion de peindre qui elle tient plus d'une action créatrice, il n'est émis absolument aucun jugement moral dans le jeu sur la manière dont le joueur résout les situations, et j'estime cela suffisamment remarquable pour le signaler.
Au delà de cette mécanique liée à la peinture, on retrouve les éléments standard d'un jeu d'aventure : éléments à collecter, monnaie, amélioration des capacités, mini-jeux, semi-giant boss et j'en passe.
On notera aussi la présence de passage de plateforme en 2.5D dans lequel on ne peut pas utiliser les capacités de peintre de Mickey. Ces passages sont courts et se situent entre les différents niveaux de jeu, ce qui permet d'apporter une certaine variété au cours de l'aventure.
Concernant la narration et l'univers, pour ma part je les trouve tout deux excellents. L'univers est en fait un monde crée par le sorcier Yensid (le même que dans Fantasia) peuplés de toutes les ébauches de personnages ou personnages depuis oubliés du monde de Disney. On y retrouve ainsi des personnages tels Clarabelle ou Horace (pour les connaisseurs) ainsi que des créatures ou personnages inconnus (car généralement non diffusés). Mickey peut aussi de se déplacer dans les projections de films (les fameux passages en 2.5D) qui s'avèrent être multiples et variés. On retrouve ainsi l'ambiance des premiers films mettant en scène Mickey (comme Steamboat Willie), ou d'autres plus récent encore.
La narration quand à elle reste difficilement descriptible, puisqu'elle se fait via des cinématiques ayant un partie pris graphique très caractéristique mais incroyablement adapté. On y trouve ici un Mickey des temps anciens, mais qui a acquis une sorte de maturité dans ses expressions et sa façon d'agir qui m'a sidéré et vraiment plu. Cette analyse est effectivement subjective et peut-être que cela ne plaira pas à tout le monde, mais c'est un des rares jeux dans lequel je bous d'impatience entre chaque interlude narratif.
Après avoir fait une telle apologie, il me faut quand même expliquer le pourquoi de la note. Il n'obtient pas la note maximale (qui est de 9 chez moi, puisque j'estime qu'aucun jeu ne peut être parfait) car toute cette expérience est malheureusement altérée par des petits défauts, certes peu présent, mais qui sont souvent énervant (pour rester poli) à commencer par la caméra.
Déjà, elle est libre. Oui ca n'est pas nécessairement un problème, mais ca le devient lorsque pour la faire tourner de 90° il faut rester appuyé sur la flèche de la télécommande Wii pendant 4 secondes. Le second problème avec la caméra, c'est qu'elle n'est pas tout le temps libre, c'est à dire que parfois il est impossible de la faire pivoter (car trop près d'un mur, ou dans un endroit particulier dans lequel la caméra prend un emplacement spécifique), et ca rend parfois (et même souvent) la visée des jets de peinture contraignante et anarchique. Et enfin, pour des raisons obscures, parfois elle vient regarder bien au dessus de Mickey, ce qui fait que ce dernier est placé tout tout tout en bas de l'écran, rendant ainsi les passages de plateformes plus compliqués voir frustrant en cas d'échec intempestif ...
Le second point qui pose problème (mais beaucoup moins que la caméra) c'est la distinction entre les éléments que l'on peut peindre / dissoudre et les autres. Autant parfois la distinction est simple (les éléments interactifs étant hyper-saturés par rapport aux autres) autant dans certains cas on se dit "tiens il m'a l'air dissoluble celui la" et en fait non ...
Un autre point important qui est assez gênant au début, c'est la difficulté de comprendre l'intérêt ou l'utilité des objets que l'on collecte au fil de l'aventure. Autant dans les jeux tels ceux de la série des Super Mario, l'évidence apparait au joueur assez vite, autant ici on est quand même longtemps dans le flou.
Le dernier point, c'est évidemment la faiblesse du pointeur Wii. Donc ici un défaut qui n'est pas inhérent à la qualité du jeu mais bien un problème (qui a dit "récurent" ?) de hardware qui vient ternir l'expérience de jeu. Cela reste néanmoins très anecdotique, et je suis sur que les habitués de la Wii ne le remarqueront sans doute pas.
Pour conclure, je ne peux que conseiller ce jeu à tous les amoureux des jeux d'action-aventure. Cependant je ne pense pas que ce jeu puisse justifier l'achat d'une Wii (sauf pour les Mickey Lover :p), mais c'est une expérience qui mérite d'être au moins essayé par tous. Pour moi ce jeu est la preuve qu'on peut faire des jeux à valeur esthétique et artistique, et à la fois proposer un véritable gameplay qui ne se complait pas dans sa simplicité d'exécution, et rien que pour cela, il mérite votre attention.
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