Un parti pris graphique risqué mais plaisant, un gameplay sympathique mais imparfait, et une narration convolutée tentant de masquer une histoire banale : Epistory mérite bel et bien son label « jeu indé ».
Le gameplay, d’abord, qui met votre clavier à l’honneur puisqu’il s’agit ici de combattre des vagues de monstres en tapant le mot qui s’affiche au-dessus de leurs têtes. Mots simples dans un premier temps, mais se complexifiant évidemment au fur et à mesure de l’aventure. Ca fonctionne plutôt pas mal, et on prend du plaisir à combattre ces insectoïdes à coup de clavier. Seul l’usage de mots franchement rares fait régulièrement grincer des dents (ypérite, xylophage, zoolithes…). Autre défaut, plus problématique : les vagues d’ennemis sont très longues, sans checkpoint, et si vous perdez à cause d’un pic de difficulté un peu tardif il vous faudra tout reprendre à zéro. Car il n'y a ni vies ni système de santé : un ennemi vous touche et c'est le Game Over, avec retour au dernier point de sauvegarde.
D’ailleurs le jeu possède une option « difficulté adaptive » dans son menu, et je pense que c’est la pire idée du monde de mettre ce fonctionnement en avant de la sorte. Pour moi, une bonne difficulté adaptative ne se laisse pas voir (Resident Evil 4 en est un très bon exemple), alors venir le brandir sous le nez du joueur ça ne me paraît pas très pertinent. Ok, c’est peut-être un détail pour pas mal de joueurs, mais moi quand je bloque dans un jeu j’ai envie de m’améliorer, pas de voir le jeu devenir plus facile parce que j’ai perdu. Ou de me dire que si je joue bien le jeu va augmenter la difficulté jusqu’à ce qu’il arrive à me faire perdre. Concrètement, je ne sais pas exactement dans quelle mesure cela à modifié le gameplay en lui-même, mais ça a modifié ma perception de celui-ci, ce qui de mon point de vue revient peu ou prou au même.
Graphiquement on a droit à une 3D low-poly stylisée façon origami, avec un décor qui s’assemble au fur et à mesure de notre progression. Il faut avouer que c’est plutôt plaisant à l’oeil, malgré une direction artistique pas franchement inspirée, mais le coup du décor qui se déploie parallèlement à nos déplacements jure parfois après le système de combo qui vise à nous faire enchaîner les évènements le plus vite possible. Pas sûr que ce système de combo soit vraiment pertinent d’ailleurs, puisque son cooldown rapide m’a assez régulièrement frustré.
La narration est agréable et lorgne un peu du côté de Bastion, puisqu’on a le droit à une narratrice qui va commenter notre progression au fur et à mesure de son déroulement. Seule différence, les commentaires se montrent ici très sibyllin et ne feront sens que lors de la révélation finale, révélation pas forcément époustouflante d’ailleurs. Concrètement, on passe des heures à ne rien comprendre à rien avant d’avoir un éclairage dont on a plus grand chose à faire puisqu’à force de se montrer cryptique le jeu a totalement perdu notre intérêt.
Le level design des différentes zones du jeu est fonctionnel mais pas franchement marquant, à l’instar de ses puzzles basiques et loin d’être inoubliables.
Vu que j’avais pas mal exploré les zones secondaires du jeu, je me serais bien lancé dans un 100% mais certaines des arènes de combat optionnelles durent vraiment trop longtemps, en plus de proposer des pics de difficulté à base d’ « embourgeoisement », de « neurochirurgical » voire d’ « interministérielles » !
Mais globalement Epistory reste une bonne pioche, et se montre plaisant à parcourir en dépit de ses quelques défauts.
14/20